Terrorismes (Aqmi, Al Qaïda, etc.) ;
Catastrophes naturelles (inondation, irruption volcanique, famine, etc.) ;
Situations politiques et sociales difficiles (coup d’état, revendication syndicale, stigmatisation ethnique, pédophilie, etc.) ;
Conflits religieux (fondamentalisme, livres saint à bruler, etc.).
Il est vrai que par définition, le métier de journaliste est celui qui consiste à collecter, rassembler, vérifier et commenter des faits pour les porter à l’attention du public à travers les médias et, à ce titre, l’ information doit être traité avec le maximum de professionnalisme et d’objectivité. Mais, conformément au thème de la présente rencontre, il est important de se demander quelles peuvent être les apports des médias en général et des médias électroniques en particulier au service de la paix, de la justice, le tout dans la dynamique de la bonne gouvernance.
Justice et paix en Afrique et dans le monde
Cette année, plusieurs pays africains fêtent les cinquante ans d’indépendance. Mais, un simple regard sur ce que les médias disent de l’Afrique permet de faire la synthèse suivante : Afrique = continent de la pauvreté, de l’injustice, des guerres… Cette image est celle que nous donnons (hommes et femmes des médias) à tous ceux et celles qui vivent hors du continent. Cette approche a favorisé le développement de l’afro-pessimisme. Cet afro-pessimisme qui repose sur la perception des réalités africaines comme étant toujours catastrophique. Finalement, qu’est-ce qui peut sortir de bon ici ? Autant tenter ma chance ailleurs. Résultats, aujourd’hui, le président Libyen, demande aux européens cinq milliards d’euros par an pour « stopper l’immigration clandestine »
Cette vision négative que l’Africain a de lui et de ce qu’il fait, affecte largement le jeu démocratique et la gouvernance dans nos états. Pour preuve, connaissez-vous un pays africains ou les élections se sont déroulées dans la quiétude ? L’exemple de la Guinée nous interpelle encore aujourd’hui. Ces images que véhiculent les médias autorisent certaines personnes à penser que les Africains sont hostiles au développement ; l’Afrique n’est pas faite pour le développement ; Les Africains ne respecteront jamais les droits de l’homme. Autant de clichés…
L’Afrique est un continent aux visages multiples, mais qui souffre de plusieurs fractures. Les nombreux conflits l’ont fragilisé. L’Eglise Catholique ne pouvant rester insensibles à ces nombreuses fractures, à la suite du premier synode, en octobre 2009 (04 octobre), le Pape, Benoit 16 a ouvert le second synode pour l’Afrique sur le thème : « L’Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix ». Dans son homélie d’ouverture du synode, le Saint Père s’exprimait ainsi : « le matérialisme et le fondamentalisme religieux représentaient les principales menaces pour le continent ». S’agissant du fondamentalisme, le Pape dit que « des groupes qui se réfèrent à diverses appartenances religieuses se répandent sur le continent. Ils agissent au nom de Dieu, mais selon une logique opposée à la volonté divine, c’est-à-dire en enseignant et pratiquant non pas l’amour et le respect de la liberté, mais l’intolérance et la violence", a-t-il dit.
J’ajouterai qu’aujourd’hui, nous assistons au « fondamentalisme » de la pensée unique. Le refus de la contradiction dans les échanges et débats ; l’argument de la force qui prédomine partout et toujours. Et les médias dans tout cela ?
Médias traditionnels – internet – cyberjournalisme
Depuis « hier », nous sommes passés des NTIC, Nouvelles technologies de l’information et de la communication aux TIC. Les médias ne sont pas restés sur la touche dans cette dynamique fondatrice de ce qu’on appelle aujourd’hui « la mondialisation ». Le terme « mondialisation » désigne l’expansion et l’harmonisation des liens d’interdépendance entre les nations, les activités humaines et les systèmes politiques à l’échelle du monde. Dans la société « mondialisée », même si nous nous évertuons parfois à nous convaincre, surtout nous les Africains, que nous vivons hors de cette société, il est important de souligner que les transferts des informations se font à la vitesse de la lumière.
Avec les TIC, plus de frontière. Le temps et l’espace sont des notions à redéfinir. Avec un simple téléphone GSM, par le biais du SMS, une actualité fait plus vite le tour du monde que si elle était diffusée par les médias traditionnels. En 15 minutes chrono, un blog est créé et des points de vue sont mis à la disposition des internautes, sans passer par les instances de régulation, la censure, etc. Avec l’accès à ces outils, la mondialisation touche autant les individus que les États ou les entreprises, avec une perception très variable selon ces individus, la société dans laquelle ils vivent, les différentes interactions communautaires, l’éducation et le niveau d’instruction, etc.
E-journalisme : une révolution culturelle
Les TIC à travers les différentes technologies qui y sont développées, surtout l’internet, mènent le monde dans une folle aventure. Cette aventure touche grandement le monde des médias et du journalisme. Aujourd’hui, dès le lancement d’un journal, d’une radio ou d’une chaine de télévision, la réflexion est dirigée impérativement vers le multimédia. La concurrence connue autrefois entre les médias disparait au profit d’une complémentarité. Aucun média n’est crédible s’il n’a pas un prolongement sur l’internet. Le journal de 13 heures ou celui de 20 heures peut ce télécharger, et visionné autant de fois. Même chose pour les émissions radiophoniques. Nombreuses sont les personnes qui font, tous les matins, leurs revues de presse quotidienne, à partir des sites portails (ex. : lefaso.net).
Les blogs font aujourd’hui parti du schéma de rédaction de plusieurs sites d’actualités. Des journalistes, célèbres ou non, utilisent les blogs pour mettre en relation les internautes, susciter au sein de cet espace virtuel, des échanges, le tout dans une dynamique interactive.
E-journalisme : Rayonnement mondial ; relais des informations de proximité dans la logique de la paix et de la justice
J’aimerais maintenant que chacun ici présent se demande s’il ou elle est IN ou OUT ? Sommes-nous dans la dynamique de cette mondialisation ? Sommes-nous prêt à utiliser les outils que notre évolution technologique met à notre disposition pour faire le maximum « de bruit » autour de la paix et de la justice ? Je vois déjà certaines personnes avancées des arguments financiers (nos structures ne peuvent pas acheter un nom de domaine), ou encore (nous n’avons pas reçu une formation dans le domaine). J’entends encore des Africains qui disent que nous n’avons pas le minimum pour vivre, pas d’électricité, pas d’ordinateur encore moins de connexion, et comment allons nous faire ? Trouvons de quoi faire tourner nos journaux d’abord.
C’est vrai. Mais, n’oublions pas que nous travaillons pour aujourd’hui et surtout pour demain. Les études récentes montrent que l’appropriation des TIC en Afrique est en expansion. N’oublions surtout pas que nous vivons dans une logique de mondialisation, ou les frontières n’existent plus, ou l’interdépendance est de mise. Quand les propos du Pape ont été déformés sur le préservatif et le Sida en Afrique, très peu sont les voix africaines qui ont répondu à la polémique naissante. Seul ceux qui maîtrisent les TIC ont donné « à lire, à voir et à entendre » à tous ceux qui vont sur l’internet à la recherche de l’information.
Quand le président français, Nicolas Sarkozy est arrivé au Sénégal et lors d’un discours à l’Université Cheik Anta Diop il a dit que : « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme Africain n’est pas assez entré dans l’histoire ». Qu’avons-nous mis sur la toile pour infirmer (ou confirmer) ces propos ? Légions sont les exemples qui montrent que, si face à un évènement, nous ne disons rien, ne publions rien, force restera à celui qui occupe l’espace cybernétique. Ne l’oublions pas. Aujourd’hui, notre premier réflexe est d’utiliser Google pour toute activité de recherche.
Enjeux stratégiques
En communication, nous disons qu’une information induit toujours une action. Si dès aujourd’hui, nous ne donnons pas aux jeunes enfants qui passent les journées avec les Play stations, les Nintendo DS et autres jeux électroniques, la bonne information, l’information diversifiée, qui ne relèvent pas de la pensée unique ou du parti unique, nous ne formons pas de citoyen de demain qui seront conscient de leurs responsabilités dans une société mondialisée où chacun à sa partition à jouer pour instaurer une société où la bonne gouvernance ne sera pas une illusion ou un « projet à long terme » mais plutôt une réalité que l’on vit au jour le jour dans la paix et la justice. Questionnons-nous
Comment nous, journalistes chrétiens, pouvons-nous utiliser ces outils pour favoriser la construction d’une société où la bonne gouvernance sera de mise, le tout dans une dynamique de justice et de paix ? Comment affirmer courageusement notre foi dans un univers virtuel où nous ne connaissons pas forcément qui est notre lecteur ? Comment, à travers notre réseau, nous allons mettre en place des espaces associatifs pour échanger sur des thématiques, se former en vue de se professionnaliser ?
En guise de conclusion
En 2003, dans cette ville de Ouagadougou, lors d’un Refresher programme, je donnais une communication sur « Journalistes au 21e siècle en Afrique : les impacts des nouvelles technologies de l’information et de la communication » je proposais à l’UCAP de créer en son sein un espace consacré au cyberjournalisme.
Ce comité pourra :
Etre un observatoire de l’évolution de la société de l’information en Afrique et dans le monde ;
Analyser les impacts des TIC sur les métiers du journalisme en Afrique ;
Proposer des pistes de réflexion sur le net éthique ;
Animer un forum de discussion ou tous les journalistes, (membre de l’UCAP ou non) pourront échanger sur les problèmes liés à l’éthique et à la déontologie du cyberjournalisme. Ces propositions, je les fais à nouveau car, face aux différents réseaux sociaux qui se créent (Facebook, Hi5, LinkedIn, etc.), le jeune journaliste à besoin de se retrouver dans un réseau, pour se construire en vue de « construire » ses lecteurs et internautes. Ne l’oublions pas, si nous sommes absents de la toile, d’autres idéologies se construiront une place. Au profit de qui ???
Chers congressistes, permettez-moi de rappeler des propos du Pape Jean Paul II. En 2004, dans un message lors de la journée mondiale pour les vocations, il disait : « Notre Sauveur, envoyé par le Père pour révéler son amour miséricordieux, fais à ton Église le don de jeunes prêts à avancer au large, pour être parmi leurs frères une manifestation de ta présence qui renouvelle et qui sauve. "Appelés à avancer au large – Duc in altum" ». Avançons donc au large dans ce monde virtuel pour, fièrement, révéler l’amour de Dieu à tous à travers la justice, la paix pour un monde de bonne gouvernance. Duc in altum à chacun et chacune ici.