La rencontre s’est déroulée sur l’esplanade du Patriarcat maronite de Bkerké, où un grand podium blanc en arc de cercle avait été élevé pour l’occasion. Sur l’esplanade, des milliers de chaises avaient été installées pour les jeunes venus de tout le Liban et même de la Syrie.
Dans l'attente de Benoît XVI, la foule s’étendait à perte de vue tout le long du terrain, dansant sur place, battant des mains avec énergie, arborant des sourires enthousiastes. Sur le podium, des jeunes habillés de longs costumes beiges interprétaient des chorégraphies, tandis que les dernières consignes étaient données dans les haut-parleurs.
Aux environs de 18h10, heure locale, le pape est arrivé en papamobile. Acclamée dès l’entrée du terrain, par une foule retenue par des barrières de militaires, la papamobile s’est avancée dans l’allée centrale, au son de l’hymne solennel, « Benedictus qui venit in nomine Domini ».
Puis, tandis que le pape continuait à saluer en souriant, derrière les vitres de sa voiture, ont suivies des acclamations : « Benedetto ! Nous t’aimons ! Merci ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Bienvenue ! viva il papa ! », en anglais, en français, en arabe, en italien, les dizaines de milliers de jeunes scandaient d’une seule voix ces mots d’accueil et d’affection.
Arrivé au pied du podium, Benoît XVI est descendu de la voiture, accueilli par le patriarche d’Antioche des maronites, Sa Béatitude Béchara Boutros Raï. Sous un chant joyeux, il a rejoint son siège au centre, surmonté d’une fresque de Notre-Dame de Qannoubine, représentant le couronnement de la Vierge, à dominante rouge et or.
Sur l’esplanade, un océan de drapeaux aux couleurs du Vatican et du Liban s’agitait au vent et un poisson géant en ballons de baudruche flottait dans le ciel.
Ouvrant la cérémonie, des jeunes – dont certains handicapés – sont venus en procession déposer sur le podium 12 flambeaux, une grande bible et l’icône de Notre Dame de l’attente, au rythme d’un chant méditatif en arabe. Fermant la procession, des jeunes ont dressé une copie de la croix des Journées mondiales de la jeunesse, devant laquelle ils se sont inclinés.
Le patriarche Béchara Raï a prononcé un mot d’accueil, évoquant « ces jeunes assoiffés d'espérance », qui « aspirent à une vie de paix, de droit et de stabilité pour pouvoir se réaliser dans leurs propres pays et éviter l’émigration ».
Ces jeunes « attendent avec anxiété et reconnaissance Votre parole éclairante et encourageante », a-t-il dit à Benoît XVI, dénonçant « la croissance du fondamentalisme religieux », qui « ne croit ni au droit à la différence ni à la liberté de conscience ou de culte ».
Terminant son discours, le patriarche a offert à Benoît XVI un fossile de 100 millions d’années.
Mgr Georges Bou Jaoude, président de la Commission épiscopale pour l'apostolat des laïcs, a pris la parole en assurant que les jeunes libanais étaient « conscients de la responsabilité qui leur incombe d’être des témoins prêts à la défense contre quiconque leur demandera raison de l’espérance qui est en eux ».
Mgr Elie Haddad, vice-président de la même Commission, a poursuivi en soulignant que « la participation d’autres jeunes chrétiens et non chrétiens à cette rencontre ne pourra que refléter la mission des pays du Moyen Orient ».
Puis une jeune femme et un jeune homme ont pris tour à tour la parole, longuement applaudis, exprimant au nom des jeunes libanais leur attachement à l’Orient, « non par fanatisme, mais pour préserver notre région et son caractère unique ».
« Nous, Jeunes du Moyen-Orient, aspirons aujourd’hui à la paix et rêvons d’un avenir sans guerres », ont-ils déclaré, confiant leur désir d’être « un signe d’espoir » pour tout l’Orient arabe.
Leur témoignage a été suivi par une nouvelle chorégraphie sur le podium, alors que la nuit tombait et que les projecteurs s’allumaient. Le pape regardait attentivement les danseurs, en souriant.
La liturgie s’est poursuivie par une lecture de la seconde lettre de saint Pierre en français, puis d’un passage de l’Evangile selon saint Jean psalmodié en arabe, acclamé par un alléluia rythmé.
Benoît XVI s’est ensuite adressé aux jeunes dans une longue allocution, déclenchant souvent des salves d’applaudissements, notamment en leur disant à plusieurs reprises en arabe la parole du Christ «Salàmi ō-tīkum», c’est-à-dire « Je vous donne la paix ».
« Vous avez une place privilégiée dans mon cœur », leur a-t-il également confié, leur rappelant qu’ils étaient « l’espérance et l’avenir » du pays. Remerciant les jeunes musulmans présents, il a invité à « vivre la concorde dans l’unité avec les chrétiens ».
« Il faut que l’ensemble du Moyen-Orient, en vous regardant, comprenne que les musulmans et les chrétiens peuvent vivre ensemble sans haine », a-t-il exhorté, sous les applaudissements enthousiastes.
A la fin de son discours, des adultes et des enfants, habillés aux couleurs des cinq continents, ont mimé des gestes de paix, accueillant un globe terrestre colossal, alors que la chorale demandait à Dieu, en arabe, « un nouveau monde » qui « jaillit à partir de ton cœur », qui est « construit par ton amour », qui « efface nos souffrances ».
Les jeunes se sont ensuite joints à une prière universelle, lue en français, arabe, anglais et grec, à laquelle a succédé un « Je vous salue marie » en araméen syriaque, et un Notre Père.
Derrière le podium, un feu d’artifice a jailli en explosions multicolores auxquelles se mêlait un chant byzantin traditionnel chanté traditionnellement pour l’évêque. Plusieurs cadeaux – dont une icône de l’annonciation, un portrait en mosaïque de Benoît XVI et un Youcat géant – ont été apportés en procession au pape, par des jeunes aux tee-shirts blancs portant l’inscription « Benoît 16 » au dos.
Avant que Benoît XVI ne quitte le podium, la chanteuse libanaise Majda Roumi, habillée de blanc, a interprété un chant maronite, célébrant les « artisans de la paix ».
Le pape s’est ensuite rendu dans la chapelle de l’église du patriarcat, où il s’est entretenu en privé avec les patriarches du Liban, assis autour de lui. Puis, après quelques photos officielles, il est remonté dans sa papamobile pour retourner à la nonciature d’Harissa, à quelque 5 km, accompagné de son secrétaire.
Alors que les jeunes radieux entonnaient des chants de Taizé, la deuxième journée de Benoît XVI au Liban s’est conclue par une rencontre qui aura duré presque deux heures.
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