Et Mgr Perrier, encore évêque de Tarbes-Lourdes en 2012, au moment où il a communiqué le dossier à Mgr Giudici, explique aux lecteurs de Zenit que guérison inexpliquée ne veut pas toujours dire automatiquement proclamation d'un miracle.
C'est la 69e guérison de Lourdes reconnue comme miraculeuse par un évêque catholique.
Opérations à répétition
A 34 ans (elle est née en janvier 1946), en 1982, Mme Castelli commença à souffrir d'hypertension artérielle, sans que les examens n'en révèlent la cause.
Toujours en 1982, une radio et des ultra-sons ont révélé une masse para-utérienne et un utérus fribomateux. Son mari, médecin, originaire d'Iran, vivant en Italie, a conseillé une intervention chirurgicale: ablation des ovaires et de l'utérus. En novembre de la même année, elle dut subir une ablation partielle du pancréas.
En novembre 1983, une scintigraphie a révélé la présence d'une tumeur sécrétant trop d'hormones et de neuro-transmetteurs. Différentes interventions ne réussirent cependant pas à la libérer de toutes ces cellules produisant des substances chimiques provoquant les crises d'hyper-tension: aucune amélioration jusqu'en 1988.
Pendant huit années de calvaire, elle aura été soumise à huit interventions chirurgicales pour une tumeur qui semblait désormais l’avoir presque entièrement consumée.
Son mari s'apprêtait à la conduire aux Etats-Unis pour de nouveaux soins.
Voyage à Lourdes
Mais, auparavant, en mai 1989, il a accompagné sa femme en pèlerinage à Lourdes : elle pensait que ce serait le dernier voyage de sa vie.
Cependant, elle alla se baigner aux "piscines" – grandes vasques ressemblant plutôt à des baignoires – pour s'immerger dans l'eau de la source, geste traditionnel des pèlerins, en s'abandonnant à la prière de la Vierge Marie.
Elle en ressentit un immense bien-être: son mari lui-même, qui l'attendait après ce bain, était persuadé qu'elle allait mieux. Effectivement, elle n'eut plus jamais de tension dangereusement élevée et n'eut plus besoin de son traitement: elle était complètement rétablie.
Peu après, elle vint témoigner auprès du Bureau des Constatations Médicales de Lourdes qu'elle aurait été immédiatement guérie.
Elle revint devant le bureau cinq fois (1989, 1992, 1994, 1997 et 2010, fin septembre, plus de 100 professionnels de santé) et le Bureau a certifié la guérison par un vote unanime des médecins (une abstention), avec ce commentaire: "Mme Castelli a été guérie du syndrome dont elle souffrait de façon complète et durable à partir de la date de son pèlerinage à Lourdes (en 1989), il y a 21 ans, et sans rapport avec les thérapies et opérations qu'elle a subies". Depuis lors, ajoute le Dr De Franciscis, Mme Danila Castelli a repris une vie tout à fait normale.
Décisions du Comité médical
Le Comité médical international de Lourdes (CCMIL) s'est réuni à Paris, le 19 novembre 2011, pour sa réunion annuelle, et il a certifié que la guérison "demeure inexpliquée selon la connaissance scientifique actuelle".
En février 2012, l'évêque de Tarbes-Lourdes, Mgr Jacques Perrier (il a exercé cette charge pastorale jusqu'au 25 mars 2012), a communiqué le rapport à l'évêque de Pavie, le diocèse où vit Danila Castelli, et le 20 juin dernier, Mgr Giovanni Giudici a déclaré comme "prodigieux et miraculeux" le caractère de cette guérison et sa valeur en tant que "signe" semblable aux "signes que Jésus a fait dans l'Evangile".
Joint au téléphone par Zenit ce 19 juillet, Mgr Perrier a précisé que l'évêque de Lourdes fait partie du Bureau médical dont il est co-président, mais qu'il ne vote pas. Le vote appartient aux médecins du Bureau. Cependant il "pose des questions", celles que "chacun se pose".
Son rôle est aussi la communication avec l'évêque du lieu où habite la personne qui témoigne d'une guérison prise au sérieux par le BML: l'évêque local "ne découvre donc pas les faits à la dernière minute".
L'évêque de Tarbes-Lourdes est aussi chargé de transmettre à l'évêque local les conclusions du Bureau médical de Lourdes (BML): c'est l'évêque local qui se prononce ensuite sur la qualification religieuse de "miracle" ou pas.
Une guérison n'est pas toujours proclamée
Les procédures sont longues, a fait observer Mgr Perrier: si un bénéficiaire est fragile les procédures ne vont pas juqu'au bout. La personne "cale" avant l'aboutissement: "c'est aussi une des raisons pour lesquelles il y a si peu de reconnaissances". La procédure a duré plus de 20 ans pour Mme Castelli: "il faut s'accrocher!", s'exclame Mgr Perrier.
Mais le fait que le BML reconnaisse une guérison comme "inexplicable" du point de vue d'état actuel de la science ne veut pas dire qu'un évêque va la reconnaître automatiquement comme un "miracle". Il faut par exemple éviter qu'une telle reconnaissance "tourne la tête" à la personne guérie… Il ne serait pas alors très opportun d'annoncer le "miracle".
Il prend donc aussi en considération la "personnalité" de la personne guérie et le "témoignage" qu'elle porte par sa vie.
Le jugement de Pavie
L’évêque de Pavie, Mgr Giovanni Giudici, a donc signé le décret qui déclare officiellement la guérison « prodigieuse » de Danila Castelli, après un voyage à Lourdes le 4 mai 1989. Le décret de Mgr Giudici, également communiqué à l’évêque de Lourdes, Mgr Nicolas Brouwet, conclut ainsi une longue procédure. C’est l’hebdomadaire italien "Il Ticino" qui a annoncé la nouvelle cette semaine.
Dans le décret, Mgr Giudici, après avoir pris acte du « rapport de la Commission diocésaine constituée le 6 juin 2013 pour réexaminer le cas de la guérison de Madame Danila Castelli, survenue à Lourdes le 4 mai 1989 et déclarée extraordinaire par la Commission médicale internationale de Lourdes le 19 novembre 2011 », déclare « le caractère "prodigieux-miraculeux" et la valeur de "signe" de la guérison de Madame Danila Castelli, survenue à Lourdes le 4 mai 1989 par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie ».
L’acte, signé par Mgr Giudici, qualifie donc, religieusement, de "miracle" la guérison Mme Castelli appelé en termes médicaux comme "scientifiquement inexplicable".
« Ce décret, commente Danila Castelli, constitue une grande occasion pour retrouver la fraîcheur de la joie de vivre avec le Seigneur. C’est un chemin proposé à nouveau et il arrive, comme toujours, au moment parfait, parce que les temps de Dieu sont parfaits ».
Avec Hélène Ginabat pour la traduction des passages en italien
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