Le pape Benoît XVI a proclamé ce dimanche cinq nouveaux bienheureux, dont quatre Italiens et un Portugais, modèles pour une « société désorientée et souvent blessée », desquels ils peuvent s'inspirer, y compris pour surmonter la crise économique.
Au cours de la célébration eucharistique qu'il a présidée place Saint-Pierre, le pape a invité les fidèles à « libérer Dieu des prisons dans lesquelles les hommes l'ont enfermé ».
Les nouveaux saints sont tous religieux, et tous, sauf un, ont fondé des congrégations religieuses.
Archange Tadini
En évoquant la vie de saint Archange Tadini (1846-1912), prêtre de Brescia, en Italie, au cours de son homélie prononcée en italien et en portugais, le pape a souligné les initiatives que le nouveau saint a promues, à la lumière de son amour pour Jésus, présent dans l'Eucharistie, pour résoudre les situations graves provoquées par la crise économique de l'époque.
« Il a pris pour cela de nombreuses initiatives concrètes et courageuses, comme l'organisation de la 'Société ouvrière catholique de secours mutuel', la construction de la filature, de la résidence pour les ouvrières, et la fondation, en 1900, de la 'Congrégation des soeurs ouvrières de la sainte Maison de Nazareth', dans le but d'évangéliser le monde du travail à travers le partage de l'effort, à l'exemple de la sainte Famille de Nazareth », a expliqué le pape.
Benoît XVI a souligné que l'intuition « charismatique » de don Tadini fut « prophétique » et que son exemple reste particulièrement « actuel » aujourd'hui, à une époque de grave crise économique.
« Il nous rappelle que c'est seulement en cultivant une relation constante et profonde avec le Seigneur, spécialement dans le sacrement de l'Eucharistie, que nous pouvons être en mesure d'apporter le ferment de l'Evangile dans les différentes activités du travail et dans tous les domaines de notre société », a-t-il dit.
Bernard Tolomei
Puis le pape a évoqué la figure de Bernard Tolomei (1272-1348), abbé, fondateur de la Congrégation de sainte Marie du Mont Oliveto de l'Ordre de saint Benoît, qu'il a présenté comme un « authentique martyr de la charité », car il est mort en s'occupant des moines contaminés par la grande peste de 1348.
Le pape a expliqué que l'exemple de ce saint est pour nous une invitation à concrétiser notre foi à travers « une vie consacrée à Dieu dans la prière et vécue au service du prochain sous l'impulsion d'une charité prête également au sacrifice suprême ».
Nuno de Santa Maria
Parmi les nouveaux saints figurent également Nuno de Santa Maria (1360-1431), commandant en chef de l'armée portugaise, qui conduisit son pays à plusieurs reprises à la victoire contre la Castille. A la mort de sa femme, il donna une partie de ses biens aux soldats qui revenaient du front et, en 1423, il fit don de tous ses biens, avant d'entrer dans le couvent des Carmes fondé par lui. En tant que religieux, il se consacra entièrement à l'assistance aux pauvres et organisa pour eux la distribution quotidienne de nourriture.
Le pape a présenté à toute l'Eglise cette « figure exemplaire » justement par sa « vie de foi et de prière dans des contextes apparemment peu favorables » à ce genre de vie, « preuve du fait que dans n'importe quelle situation, même à caractère militaire et belligérant, il est possible de mettre en pratique les valeurs et les principes de la vie chrétienne ».
Gertrude Comensoli
Benoît XVI a rappelé que Gertrude Comensoli (1847-1903) a fondé l'Institut des sœurs du Saint-Sacrement pour traduire « la charité contemplée » dans le Christ eucharistique, en « charité vécue » en se consacrant au prochain dans le besoin.
« Dans une société désorientée et souvent blessée comme la nôtre, à une jeunesse comme celle de notre époque, à la recherche de valeurs et d'un sens à donner à sa vie, sainte Gertrude indique comme solide point de référence le Dieu qui s'est fait notre compagnon de route dans l'Eucharistie », a dit le pape.
Caterina Volpicelli
Pour terminer, Benoît XVI a présenté le modèle de sainte Catherine Volpicelli (1839-1894), fondatrice de la Congrégation des servantes du Sacré Coeur, « qui s'efforça 'd'être du Christ pour conduire au Christ' ceux qu'elle rencontrait dans la ville de Naples de la fin du XIXe siècle, à une époque de crise spirituelle et sociale ».
Pour être d'authentiques éducateurs de la foi et transmettre aux nouvelles générations les valeurs de la culture chrétienne « il est indispensable, comme elle aimait le répéter, de libérer Dieu des prisons dans lesquelles les hommes l'ont enfermé », a-t-il expliqué.
Pour le pape, sainte Catherine montre aujourd'hui « le chemin exigeant d'une conversion qui change le coeur en profondeur, et qui se traduise par des actions cohérentes avec l'Evangile ».
« Il est ainsi possible de jeter les bases pour construire une société ouverte à la justice et à la solidarité, en dépassant le déséquilibre économique et culturel qui continue d'exister sur une grande partie de notre planète », a-t-il conclu.
Avant de conclure la célébration et de prier le Regina caeli, le pape a souhaité que cette canonisation aide chacun des pèlerins venus y participer « à 'courir' avec une joie plus grande vers le 'but' final, en vue du 'prix que Dieu nous appelle à recevoir, là-haut, dans le Christ Jésus ».
ROME, Dimanche 26 avril 2009 (ZENIT.org)