« Les évêques d'Afrique du Nord reconnaissent dans les événements qui bouleversent actuellement la Tunisie, l'Egypte… une revendication de liberté et de dignité, notamment de la part des jeunes générations »,
Dans un communiqué signé par l'archevêque de Rabat et président de la CERNA, Mgr Vincent Landel, les chefs des Églises de Tunisie, du Maroc, de Libye et d'Algérie attribuent ces bouleversements à la volonté des citoyens d'être « reconnus comme citoyens, et comme citoyens responsables ».
Reprenant le Message de Benoît XVI pour la Journée mondiale de la paix du 1er janvier 2011 : «Liberté religieuse, chemin vers la paix », les évêques de la CERNA affirment que « la liberté religieuse est la garantie d'un respect complet et réciproque entre les personnes », et qu'elle se traduit avant tout par « la liberté de conscience reconnue à toute personne, la liberté de chercher la vérité ».
Mais cette liberté, écrit Mgr Landel au nom des évêques de la CERNA, suppose le respect de l'autre, de sa dignité, fondement de la légitimité morale de toute norme sociale ou juridique ».
Ces questions, « liberté de conscience et citoyenneté », reconnaît-il, seront sans doute de plus en plus au cœur des dialogues entre croyants musulmans et chrétiens qui habitent au Maghreb. « Un dialogue qui est possible », poursuit-il, au regard des « liens d'amitié qui se tissent avec les citoyens de ces pays ».
La volonté commune des Églises du Maghreb est d'être « une Église servante », rappelle la CERNA. C'est-à-dire, une Eglise qui est au service des chrétiens qui vivent dans ces pays, mais également « au service des habitants essentiellement musulmans » de ces pays, de leur développement et de leurs aspirations à plus de dignité».
Évoquant la situation « souvent dramatique » des migrants clandestins, les évêques de la CERNA, dont les quatre diocèses rassemblent au total 200.000 catholiques dont 150.000 travailleurs étrangers en Libye, encouragent « les efforts de ceux qui luttent contre les causes de l'émigration » et affirment que les chrétiens « font tout leur possible pour humaniser les conditions de vie de ces migrants ».
Concernant la question difficile de l'avenir de leurs Églises, ils soulignent « le manque de renouvellement des prêtres, des religieux ou religieuses arabisants, et, dans certains pays, la difficulté d'obtenir des visas ». Ils assurent recevoir comme « un don » l'arrivée de nouvelles congrégations, de prêtres fidei donum de tous les continents, en particulier d'Églises d'Afrique ou d'Asie, de membres de « communautés nouvelles », de laïcs engagés.
Enfin, les évêques de la CERNA affirment constater « de grandes évolutions dans les pays et les Églises du Maghreb » et éprouver le besoin « d'une réflexion approfondie » sur le sens de la présence et du témoignage évangélique des chrétiens au Maghreb.
En marge des travaux de leur rencontre, les évêques ont participé, le 2 février, à la célébration solennelle de l'inauguration de la basilique Notre-Dame d'Afrique, par l'archevêque d'Alger,Mgr Ghaleb Moussa Abdallah Bader.
Ils se sont également rendus au monastère de Tibérhine, à une centaine de kilomètres au sud d'Alger où sept moines ont été enlevés par des islamistes et assassinés en 1996.
La prochaine réunion de la CERNA aura lieu à Tunis du 12 au 17 novembre 2011.
Isabelle Cousturié
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