Reporters sans frontières s’insurge contre la condamnation, le 24 mars 2008, de Yang Chunlin, initiateur de la campagne "Nous voulons les droits de l’homme, pas les JO", à une peine de cinq ans de prison suivie de deux ans de privation de ses droits civiques, par le tribunal intermédiaire de Jiamusi (Nord-Est). L’organisation demande sa libération immédiate.
"La condamnation à une lourde peine de prison d’un défenseur des droits de l’homme, le jour de la cérémonie d’allumage de la flamme olympique, vient rappeler l’intransigeance des autorités chinoises en matière de liberté d’expression. La communauté internationale ne peut plus se contenter des promesses faites encore récemment par la Chine concernant de possibles avancées dans ce domaine. C’est la raison pour laquelle Reporters sans frontières renouvelle son appel au boycott de la cérémonie d’ouverture des JO, le 8 août prochain, et multipliera les actions de protestation jusqu’à cette date", a déclaré l’organisation.
Le principal initiateur de la campagne "Nous voulons les droits de l’homme, pas les JO", Yang Chunlin a été condamné, le 24 mars, à une peine de cinq ans de prison suivie de deux années de privation de ses droits civiques, pour "incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat", par le tribunal intermédiaire de Jiamusi. La défense a dix jours pour faire appel, mais selon son avocat Li Fangping, "Yang Chunlin n’a plus confiance en la justice chinoise et hésite à recourir à une procédure d’appel".
Par ailleurs, l’épouse de Yang, Sun Liwei, a rapporté que le militant de 52 ans, qui a plaidé non coupable, a refusé de signer l’acte de condamnation. Sa mère, ainsi qu’une dizaine d’amis, tous présents à l’audience, soutiennent cet acte de résistance : "Yang Chunlin est quelqu’un du peuple […] Son seul crime est d’avoir dit la vérité". Sa sœur Meng Lie accuse ouvertement le tribunal intermédiaire de Jiamusi de "contourner la loi pour faire pression sur le peuple".
Le défenseur des paysans expropriés du Nord-Est de la Chine a été malmené au cours de son audience, qui n’a duré que vingt minutes. Alors que le frère de Yang Chunlin émettait publiquement des doutes concernant sa capacité à faire appel du jugement, les gardiens lui ont envoyé des décharges électriques à l’aide de matraques, afin de l’empêcher de s’adresser à ses proches.
Pendant la préparation du procès, les avocats Li Fangping et Zhang Jianguo ont été tenus à l’écart de leur client. Ils ont dénoncé les méthodes abusives utilisées par les fonctionnaires de police. Yang Chunlin, incarcéré depuis le 6 juillet 2007, a notamment été retenu sur une planche, les membres attachés aux quatre coins par des fers. Il est à craindre qu’il soit à nouveau victime de mauvais traitements au cours de sa longue incarcération.
Reporters sans frontières tient à rappeler le sort de plusieurs autres défenseurs des droits de l’homme, détenus pour s’être exprimés à propos des Jeux olympiques de Pékin.
Les militants Wang Guilin et Yu Changwu sont détenus pour avoir participé à la campagne de Yang Chunlin pour la défense des droits de l’homme. Wang Guilin a été condamné, le 28 janvier 2008, à 18 mois de rééducation par le travail forcé. Quant à Yu Changwu, il est détenu au secret jusqu’à ce jour.
L’activiste Hu Jia, qui s’est illustré dans la lutte pour la défense des malades du sida, la protection de l’environnement et le respect des droits de l’homme en Chine, a été arrêté, le 27 décembre 2007. Hu Jia a été jugé, le 18 mars 2008, pour "incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat". Le verdict de son procès n’a pas encore été prononcé.
Zheng Mingfang, militante des droits de l’homme de la ville de Tianjin (Nord-Est), est détenue au secret depuis le 3 mars 2008. Connue des services de police pour ses activités de pétitionnaire, elle a été incarcérée entre 2004 et 2006, alors qu’elle avait initié un mouvement de soutien aux victimes de Tiananmen. Zheng Mingfang est l’auteur d’une lettre ouverte à Hu Jia, publiée le 6 février 2008.
Le militant démocrate Zhang Wenhe a arboré, en octobre 2007, dans les rues de Pékin, une banderole portant l’inscription "Nous voulons les droits de l’homme et la démocratie, et non pas des JO fascistes", ce qui lui a valu d’être emprisonné par les autorités. Il a été interné de force dans un hôpital psychiatrique
Reporters sans frontières 26/3/08