« Il s'agit d'une victoire pour la justice au Pakistan. Nous y avons cru depuis le début. Le verdict concernant Rimsha Masih, nous le dédions à mon frère, Shahbaz Bhatti, qui s'est tant dépensé pour les victimes innocentes de la loi sur le blasphème » : c'est ce qu’a déclaré Paul Bhatti à l'agence vaticane Fides.
Paul Bhatti, conseiller spécial du Premier ministre pakistanais pour « l'Harmonie » et responsable de l’Alliance des minorités du Pakistan (All Pakistan Minorities Alliance, APMA), qui a géré le cas de Rimsha.
Son frère, Shahbaz Bhatti, on s’en souvient, était ministre fédéral chargé des Minorités. Il a été assassiné par des terroristes en mars 2011 à Islamabad.
Paul Bhatti, visiblement ému après la décision du juge, a déclaré à Fides: « L'acquittement de Rimsha est une très bonne nouvelle. Je suis très satisfait. Il s'agit d'un progrès historique pour le Pakistan. C'est un verdict qui lance deux messages clairs au pays. Le premier concerne la justice. Nous pouvons avoir confiance dans notre système judiciaire. Il est important de croire dans le respect de la légalité. Le second concerne ceux qui ont utilisé ou entendent abuser de la loi sur le blasphème à des fins personnelles. Il est clair que désormais tout abus sera puni et que de nombreuses victimes innocentes seront ainsi évitées».
Paul Bhatti a dédié le verdict à son frère Shahbaz, assassiné alors qu’il se battait en faveur d'Asia Bibi et des victimes de la loi sur le blasphème.
« Je suis sûr que Shahbaz a considéré cette affaire avec faveur depuis les cieux. En tant que catholique et en tant que croyant, je suis sûr de sa présence à nos côtés. Nous avons travaillé en mémoire de Shahbaz, y compris en ce qui concerne la stratégie : après le cas d'Asia Bibi, en effet, nous avons pensé avec lui de ne pas organiser de manifestations de chrétiens contre le blasphème mais de suivre la procédure judiciaire au tribunal. En effet, les manifestations peuvent créer des réactions de la part des fanatiques et alors un cas judiciaire se transforme en un affrontement entre chrétiens et musulmans, ce qui ne fait de bien à personne. En revanche, dans le cas de Rimsha, nous avons reçu l'appui de nombreux responsables musulmans et ceci a été très important pour l'issue, appréciée par l'ensemble de l'opinion publique ».
L'avocat de son accusateur, Me Rao Abdur Raheem, a annoncé cependant qu'il allait interjeter appel : « Nous sommes prêts à aller jusqu'à la Cour suprême ».
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