La campagne de harcèlement menée par le gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad à l’encontre de l’Association des journalistes iraniens a pris une tournure plus inquiétante encore, le 24 juin 2008, lorsque le ministère du Travail a menacé cette organisation de dissolution.
“Il s’agit d’une nouvelle tentative des autorités iraniennes pour réduire au silence les défenseurs de la liberté d’expression en Iran. Il est primordial que les professionnels des médias puissent se réunir, se syndiquer et ainsi exercer leur métier librement. Nous appelons les autorités à laisser l’Association poursuivre sa mission”, a déclaré Reporters sans frontières.
Mohammad Jahromi, ministre du Travail, a adressé, le 24 juin 2008, un courrier aux responsables de l’Association des journalistes iraniens dans lequel il a déclaré l’organisation “illégale”. Selon lui, l’Association pourraît être prochainement fermée. Les autorités ont demandé la dissolution du comité exécutif, en place depuis 2006, pour vice de procédure dans les modalités du vote durant les assemblées générales de l’association. Par ailleurs, les responsables de l’organisation ont subi des pressions pour intégrer des journalistes proches du pouvoir au sein des instances dirigeantes.
Le porte-parole de l’association, Mashalah Shamassolvaezin, a informé Reporters sans frontières que “plusieurs lettres avaient été adressées aux autorités iraniennes pour tenter de régler ces problèmes et trouver un moyen légal de corriger les défaillances dans les statuts”. “Mais elles sont restées sans réponse”, a-t-il ajouté. Dans le même temps, l’Association avait déposé une requête, rejetée en avril 2008, devant un tribunal administratif pour tenter de maintenir en place son comité exécutif, formé en 2006.
L’Association des journalistes iraniens a été créée en 1997, au début du mandat du président réformateur Mohammad Khatami, et compte 4000 membres. En août 2006, plusieurs journalistes, proches du gouvernement, avaient tenté d’en prendre le contrôle. Depuis deux ans, cette association indépendante, unique organisme national de défense des journalistes, est en conflit ouvert avec le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad.
Depuis 2005, les autorités iraniennes s’acharnent sur la société civile. Une dizaine d’associations ont été interdites. En août 2006, le ministère de l’Intérieur avait tenté d’interdire le Centre des défenseurs des droits de l’homme cofondé et dirigé par Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix 2003, qui participe notamment à la défense de la liberté d’expression dans le pays.
RSF 26.06.2008