Reporters sans frontières dénonce la détention de Lewis Medjo, directeur de publication de l’hebdomadaire privé La Détente libre, arrêté à la sortie d’un dîner le 22 septembre 2008 et placé en garde à vue par la police judiciaire.
“Ce journaliste n’a rien à faire en garde à vue et doit être remis en liberté. Comme n’importe quel citoyen, Lewis Madjo, en tant que directeur de publication, peut bien avoir à rendre des comptes sur ce que publie son journal. Mais la loi camerounaise ne permet pas d’apporter une réponse juste et adaptée à ce type de problème, privilégiant les opérations de police répondant aux ordres d’hommes puissants”, a déclaré l’organisation.
Lewis Medjo a été arrêté par le chef de la division provinciale de la Police judiciaire (PJ), Vincent Minkoa Nga, devant l’hôtel Akwa Palace de Douala (Ouest), le 22 septembre peu après 23 heures, alors qu’il sortait d’un dîner organisé par le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala. Il a été conduit au siège de la PJ, où il se trouve toujours en garde à vue.
Selon des journalistes interrogés par Reporters sans frontières, Lewis Medjo serait poursuivi pour “publication de fausses nouvelles” par le ministère public. Il aurait été interrogé sur deux articles parus le 14 août dans son journal. Le premier, intitulé “Paul Biya limoge Dipanda Mouelle”, évoquait une prétendue manœuvre du chef de l’Etat pour contraindre le président de la Cour suprême, pourtant un allié fidèle de la présidence, à prendre sa retraite en 2009.
Le second, intitulé “Mebe Ngo’o met le passeport de (Yves-Michel) Fotso aux enchères”, faisait état d’une tentative d’extorsion de fonds présumée de l’homme d’affaires Victor Fotso, son père, avec la complicité du délégué général à la sûreté nationale, Edgar Alain Mebe Ngo’o.
RSF 24.09.2008