Sœur Elvira Petrozzi, « celle qui sauve les drogués avec le chapelet », porte ses 70 ans avec la vitalité d'une jeune fille de 20 ans. Tous ceux qui la rencontrent lui remettent des lettres, la remercient tandis qu'elle les embrasse chaleureusement.
A 19 ans, elle comprend que l'amour exclusif pour un garçon ne lui suffit pas : sa vocation est de partager la tendresse de son « Amoureux » – comme elle l'appelle sur un ton familier -, et la joie d'une vie nouvellement donnée.
Jusqu'à l'age de 46 ans c'est une soeur « normale » qui est aussi maîtresse dans une crèche. En 1983 elle fonde la communauté « Cénacle » dans une ancienne villa du seizième siècle située sur une colline au-dessus de Saluzzo, dans le Piémont, à laquelle s'ajouteront par la suite 56 autres maisons réparties en Italie et dans le monde (Croatie, Bosnie-Herzégovine, Slovénie, Autriche, Pologne, Russie, Irlande, France, Etats-Unis, Mexique, République Dominicaine, Brésil).
Le 25 août dernier, dans le cadre du « Meeting de Rimini », la religieuse raconte avoir été « contaminée » par l'amour du Christ, qu'elle offre comme unique soin dans sa communauté : « Je me sentirais comme une voleuse si je ne leur donnais pas ce qui m'a guéri ».
« Mais nous ne voulons pas comptabiliser les succès, dit-elle de manière expéditive. La première chose à écrire, ici, c'est que l'amour sauve ».
La sœur raconte quand, encore enfant, elle fut obligée de déménager de Sora à Alexandrie. « Ma famille était plus pauvre que les autres », avec sept bouches à nourrir, une mère absente à cause du travail et un père alcoolique.
« Pendant très longtemps, j'ai eu honte de parler de ma famille, poursuit-elle, mais c'est précisément cette situation dramatique qui a fait de moi une femme capable d'aimer ».
« Mon père, malgré tout, m'a enseigné l'humilité et la pauvreté, d'une certaine manière il m'a enseigné à vivre ».
« Lui, n'avait pas conscience de cela, mais de par sa condition, il m'a formé au sacrifice et à l'obéissance, et aujourd'hui, je remercie la Providence d'avoir eu un père comme celui-là, que je peux qualifier comme le premier drogué qui m'a été donné ».
« Tout ce que j'ai vécu petite, ajoute-t-elle, a été transformé : des ténèbres à la lumière ».
Sœur Elvira décrit ensuite de quelle manière se déroule la vie dans la communauté qu'elle a fondée et qui s'occupe des toxicomanes. Des personnes souvent exclues non seulement de la société mais également de leurs familles.
Le nom de la communauté « Cénacle » découle de la mémoire d'un souvenir évangélique : quand les apôtres ont vu Jésus en croix, ils ont eu peur, ils étaient remplis de colère et se sont réfugiés avec la Vierge au Cénacle », explique-t-elle.
Contaminés par leur rencontre avec sœur Elvira, « ses jeunes » acceptent diligemment ses règles : réveil à 6 heures pour prier, travailler et partager la vie, parce que les centres qu'elle a fondés ne sont pas des « communautés thérapeutiques » mais des « écoles de vie ».
A chacun est confiée une tâche précise de la cuisine au nettoyage, aux travaux de maçonnerie, dans le but de redécouvrir les valeurs de la fatigue vécue avec honnêteté et le sens des responsabilités.
Vient ensuite une fois par semaine la « révision de vie » : on se rassemble en petits groupes pour partager les succès et les échecs des jours précédents.
Grâce à l'aide de quelques amis prêtres, dans chaque fraternité, en général trois fois par semaine, on célèbre l'Eucharistie. La prière est en effet le centre et le cœur de la journée communautaire.
Et le chapelet trois fois par jour comme unique médicament à prendre : « Les médicaments aident, mais si la maladie touche l'âme, seul le Créateur peut la guérir. Ce serait faire violence que de le cacher, de ne pas le proposer, parce qu'Il est le seul en mesure de combler le cœur », explique-t-elle.
Sr Elvira explique qu'ils orientent « les jeunes vers la construction de la personne et en tant que fils de Dieu, voulus à son image. Et la reconstruction rend l'homme meilleur qu'avant ».
Quand les jeunes sortent de la Communauté, une fête est organisée au cours de laquelle sœur Elvira remet à chacun un crucifix et un chapelet, parce que « la guérison ne nous suffit pas, nous voulons le salut », affirme-t-elle.
« Les jeunes, observe-t-elle enfin, ont besoin de l'amour véritable », et s'adressant à tous les parents elle ajoute : « Vous ne pouvez pas penser aimer parce que vous laisser vos enfants choisir le parfum de la glace qu'ils préfèrent ».
« Soyons attentifs aux enfants, avertit-elle, parce qu'ils demandent tant de choses sans recevoir de réponse ».
ROME, Mardi 2 septembre (ZENIT.org)