Le pape Benoît XVI pourrait se rendre au Liban en septembre prochain, si les circonstances internationales le permettent. Ainsi, à l’occasion de la fête de saint Maron, le 9 février, qui a rassemblé, jeudi soir, la communauté maronite de Rome, Zenit a demandé à Mgr Tony Gibran de présenter cette communauté à ses lecteurs. Mgr Gibran est cor-épiscope et recteur du Collège pontifical maronite de Rome, official du tribunal de la Rote romaine, Procurateur du patriarcat maronite, et « curé-recteur » de l’église qui porte justement le nom de saint Maron.
Maron a vécu en ermite, au nord du Liban, dans la région actuelle d'Homs en Syrie, vers 423. Il mena une vie de pénitence, en cultivant une vie intérieure profonde. On construisit sur sa tombe un monastère célèbre, "Mar Maroun", qui devint un lieu de pèlerinage fréquenté et en quelque sorte la capitale religieuse des chrétiens de Syrie. Ils furent appelés pour cela « ceux de Maroun » ou « maronites ». A l’arrivée de l’islam, ils se réfugièrent dans les montagnes du Liban.
L'Église maronite compte actuellement dans le monde quelque deux millions de fidèles regroupés en un patriarcat rattaché à Rome. Le patriarche Béchara Raï a effectué une visite officielle en France l'an dernier. Zenit l'avait rencontré à Suresnes à cetet occasion (cf. Zenit du 11 septembre 2011).
Zenit – A Rome, comment se présente la communauté maronite?
Mgr Tony Gibran – Elle est en phase de croissance. C’est seulement récemment que l’on a créé une structure, une mission avec charge d’âmes, qui s’emploie à renforcer la cohésion de la communauté maronite de Rome. Le premier pas a été l’institution d’une paroisse maronite à Rome par le patriarche maronite, le cardinal émérite Sfeir. Un second pas a consisté dans l’établissement d’une mission avec charge d’âmes, par le vicariat de Rome, représenté par le Cardinal Vallini. Nous sommes une jeune communauté pleine d’enthousiasme et de volonté de nous faire entendre. Nous voulons que notre identité culturelle soit un signe manifeste du territoire sur lequel nous sommes. Notre paroisse a lancé beaucoup d’initiatives : catéchisme, chorale, cours de langue arabe pour enfants et adultes, pique-nique paroissial, dîners de bienfaisance, soutien spirituel hebdomadaire, bref, nous nous dépensons !
Une statue de saint Maron a été placée à Saint-Pierre: c'est un signe important?
Bien sûr. La statue de saint Maron a été placée dans une niche le long du périmètre extérieur de la basilique, et on peut dire qu’elle « soutient » la basilique Saint-Pierre avec les autres saints. Cela a été un signe important ; tout d’abord, cela a attiré l’attention du monde sur la présence chrétienne au Moyen-Orient, terre dans laquelle plongent les racines chrétiennes, où la semence de l’Evangile a été semée en premier ; ensuite cela a envoyé un signal aux millions de Maronites dispersés dans le monde, un message de communion fraternelle, un rappel de nos origines et de notre identité maronite.
Dans les rapports entre l'Eglise en occident et les Eglises d'Orient, les maronites ont une place spéciale: peuvent-ils jouer un rôle de pont?
En ce qui concerne l’œcuménisme, nous n’avons pas la prétention d’être des médiateurs, mais les témoins d’une foi sûre et inébranlable, la foi en l’Evangile du Christ, dans la fidélité au pape. Forts de ces deux aspects auxquels nous ne pouvons renoncer, nous nous efforçons d’entrer en dialogue avec nos frères qui ne sont pas en communion avec Rome. Il faut noter – et c’est un motif d’orgueil pour nous, maronites – que nous sommes la seule Eglise orientale qui n’ait jamais été séparée de Rome, nous avons toujours été en communion avec le Successeur de Pierre, depuis notre fondation.
Etant donné la culture arabe dans laquelle s'est inculturée la foi des maronites, peuvent-ils aussi être un pont pour le dialogue avec l'islam?
Plus qu’un pont, nous voulons être un exemple. L’exemple d’une vie pacifique vécue dans la concorde, le respect et la fraternité dans la diversité des confessions. Au Liban, terre maronite par excellence, 18 confessions religieuses vivent ensemble. Aujourd’hui, le Liban est un pays qui se vante d’être un « message » comme l’avait défini Jean-Paul II lors de sa visite en 1997. On le répète beaucoup aujourd’hui encore avec fierté, comme si c’était un slogan. Un message pour le Moyen-Orient et pour le monde entier. Parce que le Liban est – et pourrait l’être bien davantage – une terre de liberté, d’ouverture, de tolérance. Un pays du dialogue et du « vivre ensemble » entre communautés et religions, dans un contexte régional et mondial où prévalent les incompréhensions, les fermetures et les affrontements.
Propos recueillis par Anita Bourdin
Traduction de l’italien par Hélène Ginabat
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