Reporters sans frontières demande à Michael Callahan, vice-président du groupe Yahoo ! de lever le voile sur ses relations avec les autorités chinoises qui ont conduit plusieurs internautes et dissidents en prison. Le 6 novembre 2007, le Congrès américain entendra
Michael Callahan concernant le faux témoignage que Yahoo ! a fourni sur son implication dans la condamnation, en 2005, à 10 ans de prison du cyberdissident chinois Shi Tao, pour "divulgation de secret d’Etat à l’étranger"."La justification confuse de Yahoo ! lors de sa dernière audience devant le Congrès, le 27 février 2006, doit être clarifiée. Face aux preuves accablantes, l’entreprise doit accepter les conséquences de ses erreurs. Au moins quatre cyberdissidents sont derrière les barreaux car Yahoo ! a fourni des renseignements sur eux à la police chinoise. Nous aimerions connaître jusqu’où Yahoo ! a suivi les ordres des autorités de Pékin et combien de personnes sont réellement concernées parmi les centaines de prisonniers politiques détenus dans le pays. Si Yahoo ! a délibérement menti devant le Congrès et que l’entreprise continue à collaborer avec le régime chinois, les représentants doivent en tirer les conséquences", a déclaré Reporters sans frontières. Le vice-président du groupe Yahoo !, avait affirmé au Congrès en février 2006 que l’entreprise "n’avait aucune idée de la nature de l’investigation" menée par les autorités chinoises, en faisant allusion à celle qui portait depuis 2004 sur le journaliste Shi Tao. En réalité, le Département chinois de la sécurité de l’Etat, a envoyé un document à Yahoo le 22 avril 2004, dans lequel les autorités demandaient des informations sur un compte précis, suspecté de "divulgation de secret d’Etat à l’étranger". "S’il s’avère que Yahoo ! connaissait les tenants et les aboutissants de cette demande des autorités, le groupe se trouverait dans une situation fort délicate. Masquer un comportement aussi méprisable serait une offense au Congrès" a déclaré Tom Lantos, le responsable du comité des affaires étrangères de la Chambre des représentants. "Pour une entreprise engagée dans l’industrie de l’information, il serait malvenu de garder autant de mystère autour de cette affaire. Nous espérons entendre la vérité", a-t-il poursuivi. Le 1er novembre 2007, Michael Callahan s’est excusé auprès du Congrès. "Plusieurs mois après avoir témoigné sur les ambitions commerciales de Yahoo en Chine devant le comité des affaires étrangères, j’ai réalisé que l’entreprise avait plus d’informations que moi concernant le document d’avril 2004", a-t-il affirmé. "J’ai négligé l’ampleur de cette information et n’en ai pas alerté le comité. Je regrette profondément le malentendu auquel cela a mené et m’excuse auprès du comité", a-t-il déclaré. D’après le quotidien britannique Financial Times, Michael Callahan devrait fournir les preuves qu’un avocat de Yahoo ! en Asie a oublié de lui notifier cet ordre des autorités chinoises car ce dernier estimait qu’il n’était pas important. La collaboration de Yahoo ! Hong Kong avec la police est mise en avant concernant les quatre cyberdissidents suivants :
Shi Tao (voir plus haut)
Wang Xiaoning, condamné à dix ans de prison en septembre 2003 pour avoir publié des articles "subversifs" sur Internet.
Li Zhi, condamné à huit ans de prison en décembre 2003 pour "incitation à la subversion" pour avoir qualifié les pratiques des hommes politiques locaux de "mafieuses" sur des forums de discussions et dans des articles sur Internet.
Jiang Lijun, activiste démocrate, libéré après quatre ans de prison. Il avait été condamné pour "incitation à la subversion des autorités de l’Etat" en 2002. Selon la police, qui l’avait déjà arrêté plusieurs fois à cause de ses publications sur le Net, il était le chef de file d’un groupe de cyberdissidents. Il a été libéré le 5 novembre 2006.
Reporters sans frontières 5/11/2007