Le diocèse d’Orléans attend de son nouvel évêque, Mgr Jacques Blaquart, qui sera installé dimanche 17 octobre, un nouvel élan fédérateur pour continuer à annoncer l’Évangile au plus près d’une population encore largement rurale
Installées à Lombreuil depuis 1955, à l’époque où le diocèse, alors conduit par Mgr Guy-Marie Riobé, foisonnait de prêtres-ouvriers et de sœurs apostoliques, elles s’inquiètent aujourd’hui de la relève. « C’est une écharde pour nous », lâche Sœur Anne, citant aussi le départ de plusieurs congrégations apostoliques ces derniers mois. « La ville aura toujours des ressources ecclésiales, mais qu’adviendra-t-il de ces zones rurales et des nouveaux lotissements de rurbains ? »
Ces interrogations rejoignent au plus près celles des chrétiens du Loiret, qu’il reviendra au nouvel évêque installé dimanche, Mgr Jacques Blaquart, d’entendre : quelles nouvelles formes de présence chrétienne trouver pour rester fidèle à la longue tradition de proximité de leur Église ?
«Allier centralisation et proximité»
« Le diocèse a misé sur la formation des laïcs avec le Centre d’étude et de recherche chrétienne et ils ont déjà repris le flambeau », affirme Monique Coutoux, première femme laïque au conseil épiscopal : « Avec nos 40 diacres permanents, ils sont aujourd’hui les piliers de l’Église locale et de nouvelles formes de présence chrétienne voient le jour. »
Comme cette maison ouverte chaque mois en pleine Beauce, à Bazoches-les-Gallerandes, pour une journée d’étude biblique. Ou le Pont-de-Pierre, un pôle de l’Action catholique qui marche très bien grâce à l’engagement d’une dizaine de laïcs.
Le diocèse d’Orléans est, de fait, selon le P. Jean-Marc Eychenne, vicaire général, une sorte de « laboratoire », où l’on cherche de manière informelle comment « allier centralisation et proximité ». Ainsi la formation des laïcs a-t-elle été en partie décentralisée à Pithiviers, Gien, Jargeau, Bellegarde… Le diocèse réfléchit aussi à la manière d’instituer dans chaque commune une personne ou une famille identifiée officiellement « présence d’Église ».
Une collaboration étroite entre le rural et l’urbain
Dans le même sens, et contrairement à d’autres diocèses français, le Loiret n’a pas opté pour le réaménagement de son territoire : il compte toujours 294 paroisses, pour 110 prêtres. « Nous avons voulu maintenir des pôles de vie chrétienne souples afin de nous adapter à une société elle-même en recherche sur l’intercommunalité », explique le P. Eychenne.
Manière aussi de rester au plus près des réalités contrastées d’un diocèse à la géographie éclatée, qui embrasse une partie de la Beauce, de la Sologne et du Val de Loire : « Orléans regroupe 50% de la population, tandis que Montargis, où se trouvent moins de jeunes, moins de chrétiens et plus de chômage, est séparée par la forêt, et aspirée à l’Est par la région parisienne, ce qui ne renforce pas la cohésion de l’ensemble », décrit le P. Jean-Marie Richard, prêtre du Centre Beauce.
Dans le Montargois, on a opté pour une collaboration étroite entre le rural et l’urbain. « L’Église des campagnes ne peut vivre seule aujourd’hui, constate le P. Jacques Pissier, doyen du Gâtinais. Mais sur bien des aspects, elle est en avance sur la ville : pour les baptêmes communautaires, l’intergénérationnel ou la catéchèse qui associe les parents. »
Répondre aux attentes des chrétiens à la marge
Le P. Pissier mesure aussi le défi que pose ce territoire peu christianisé où le catéchuménat augmente chaque année (30 adultes à la rentrée) et où la distribution d’un journal gratuit à Pâques dans les rues a « très bien marché ».
Mais comme d’autres prêtres, il s’inquiète de voir les équipes de laïcs vieillir et se renouveler avec difficulté. « Cela nous demande d’appeler au-delà de nos cercles habituels », avance Pascale de Barochez, directrice adjointe du Cerc, pour qui il faut également améliorer « l’accueil » et « la convivialité dans nos églises » afin de savoir répondre aux attentes des chrétiens à la marge.
« Une formation “Vivre l’accueil avec l’Esprit du texte Ecclesia 45” a été mise en place, et le cours sur l’écoute affiche complet », se réjouit-elle. « On sent le besoin de nos laïcs en responsabilité de se ressourcer spirituellement et d’être accompagnés individuellement. »
«Nous ne savons pas assez travailler en réseau»
Bref, avec un réseau de jeunes professionnels dynamique, trois communautés contemplatives en bonne santé (Micy, Saint-Benoît-sur-Loire et Bouzy-la-Forêt) et un tissu d’associations caritatives, le diocèse que va découvrir désormais Mgr Blaquart est tout sauf essoufflé.
Mais ce dont l’Église souffre ici, estime Claude Boussard, président de RCF qui a accompagné Mgr André Fort durant ses visites pastorales, c’est du manque de coordination : « Nous ne savons pas assez travailler en réseau. » Première tâche, donc, pour le nouvel évêque.
Céline HOYEAU, à Orléans (Loiret) la-croix.com |