« La crise économique, l’importance de l’euro et relations Etat-Eglise » étaient les sujets phares de l’entretien accordé à Radio Vatican et à L’Osservatore Romano par le chef du gouvernement italien, à l’issue de cette visite, dont la situation sociale en Italie et en Europe, constituait le cœur (cf. ZENIT du 15 janvier 2012).
Interrogé par Radio Vatican sur les rapports entre les Etats et l’Eglise, Mario Monti a reconnu qu’ils pouvaient être « un pont », « une percée » pour « abattre » le mur des égoïsmes nationaux et « renforcer » le sens d’une appartenance qui signifie « respect, responsabilité, solidarité ».
« La crise, pour être surmontée sous tous ses graves profils, demande à ce que l’on regarde devant soi avec courage, avec espoir, mais redécouvre aussi ses propres racines », a dit Mario Monti.
Face à la gravité de la crise et à l’attitude de la classe dirigeante italienne et européenne dans leur manière de la gérer aux yeux du grand public, le président du Conseil a insisté sur le « droit des citoyens à demander des conduites transparentes et crédibles », réaffirmant néanmoins que « ce n’est pas en accompagnant les malaises sociaux sur des chemins faciles de fuite que l’on rétablit un ordre raisonnable et un rapport correct entre l’opinion publique et les institutions ».
« L’antipolitique et l’antiparlementarisme causent des dommages qui, avec le temps, peuvent se révéler insidieux », a-t-il déclaré au micro de Radio vatican.
Puis Mario Monti est entré dans le cœur même de la crise et de ses raisons, tirant la sonnette d’alarme face au « risque grave » que l’euro ne se transforme en un facteur de désintégration, de conflit psychologique » si cette crise n’était pas affrontée sous ses vrais aspects et dans un meilleur esprit de « cohésion » entre tous les pays d’Europe.
« Penser que la cause de la crise est l’euro représente non seulement une erreur économique, mais un prétexte ou, pire, une tentative de décharger sur l’Europe des problèmes issus d’autres réalités, qui impliquent d’autres responsabilités et bien d’autres intérêts », a-t-il expliqué.
« L’euro reste un outil qui a une incidence extraordinaire sur la vie des personnes, mais il n’est pas la fin de l'action communautaire, qui reste le bien commun », a-t-il ajouté. « La crise se surmonte en élevant ‘le drapeau des valeurs’ au-dessus des intérêts mêmes de la monnaie et en reconnaissant que la monnaie, à son tour, n’est certes pas un fait technique ».
Le président Monti rappelle à ce propos que l’euro, pour naître, a eu besoin d’une « série d’engagements » qui l’accompagnent pour une gestion responsable des budgets publics, et qu’en ce sens-là, il a incité aussi tous les pays, qui ont voulu y adhérer, à « mieux respecter » les valeurs éthiques fondamentales, comme celle de « l’équité entre les générations ».
Après avoir réaffirmé l’importance que « citoyens et institutions » fassent preuve d’une « union solide » face à la crise actuelle, Mario Monti, reprenant les paroles du pape, a déclaré : « Avec les moyens de notre raison nous devons trouver les moyens » d’y arriver.
Concernant la participation des catholiques au renouvellement éthique et culturel de la politique en Italie, le président du Conseil a réaffirmé « la dimension sociale et publique du fait religieux » mais également le caractère « distinctif » qui doit animer la « collaboration réciproque » entre le domaine politique et le domaine religieux.
Cela ne signifie pas « reléguer la foi à une niche intimiste et personnelle », a-t-il expliqué, mais au contraire « réaffirmer son autonomie » par rapport au politique, ne pas faire d’elle un « simple corollaire théorique d’une certaine vision du monde », comme dit le pape, a-t-il précisé, avant de conclure : « Ma rencontre avec le pape a été une expérience profonde et inoubliable ».
Isabelle Cousturié
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