la justice et la réparation face aux maux apportés par les dictatures. La rencontre a duré environ trente minutes, ce qui est exceptionnel pour une audience pontificale.
L’artiste est une figure historique de la lutte pour les droits humains en Argentine et pour les droits des peuples autochtones. Arrêté et torturé par la junte militaire, sous la dictature de Videla, il a été détenu pendant 14 mois puis mis en résidence surveillée également pour la même durée.
Pendant sa détention, Perez Esquivel s’est vu décerner, entre autres récompenses internationales, le Mémorial de la Paix de Jean XXIII attribué par Pax Christi International. Et il a reçu le Nobel de la Paix en 1980 pour son engagement en faveur de la défense de la démocratie et des droits humains par des méthodes non-violentes face aux dictatures militaires d’Amérique latine.
Lors d’une conférence de presse au Vatican, à l’issue de son audience avec le pape, Perez Esquivel a déclaré : « Le pape m’a convaincu de la nécessité d’avancer dans la vérité, la justice et la réparation du mal fait par les dictatures ».
Il a qualifié sa rencontre de « très bonne », et il a redit que « Bergoglio n’a pas eu de lien avec la dictature ». Même s’il s’est « limité à protester, il n’est pas juste de l’accuser de complicité », a affirmé le Prix Nobel, car « s'il n’a pas fait partie des évêques qui ont été le plus sur le front pour la défense des droits humains, il a préféré une diplomatie silencieuse, et il a demandé la libération des prisonniers ».
« Etre complice, a insisté Perez Esquivel, signifie avoir collaboré, comme l’ont fait certains évêques ». Puis il a expliqué que « Bergoglio n’était pas alors évêque, mais seulement supérieur provincial des jésuites en Argentine ».
« Il a tenté de protester contre la violation des droits humains », a ajouté l’artiste qui a rappelé que « les faits doivent être replacés dans le contexte de la période terrible et dans le climat de cette dictature militaire ».
Le Prix Nobel a été l’un des premiers à défendre le pape François alors que refaisaient surface des vieilles accusations de ne pas avoir fait tout son possible pour la libération de deux prêtres jésuites enlevés et d’avoir été au courant de l’enlèvement de bébés par la dictature.
Selon Perez Esquivel, les données du détracteur du cardinal Bergoglio, Horacio Verbitsky, chef de l’espionnage de la guérilla urbaine « Los Montoneros », dans les années soixante-dix, et aujourd’hui directeur du journal Página12, « contiennent des erreurs ».
Le Vatican a publié une déclaration très claire à ce sujet le 15 mars dernier affirmant qu'il n'y a eu de la part de Jorge Bergoglio aucune compromioission avec le régime de la junte militaire (cf. http://www.zenit.org/fr/articles/aucune-compromission-avec-le-regime-de-la-junte-militaire).
Au cours de l'entretien de ce matin, le pape a exprimé, a confié Perez esquivel, sa « préoccupation » pour la pauvreté dans le monde, indiquant « la nécessité de réduire le taux de pauvreté en travaillant aux côtés des pauvres ».
Il a également raconté à Perez Esquivel « le motif pour lequel il a choisi le nom de François » qui est venu de la suggestion du cardinal brésilien Claudio Hummes, assis à côté de lui pendant le conclave, et qui lui a dit, au moment où les voix dépouillées dépassaient les 77 en sa faveur : « N ‘oublie pas les pauvres ».
Enfin, il a confié avoir également « parlé des martyrs de l’Eglise en Amérique latine, comme les évêques Óscar Arnulfo Romero et Enrique Angelelli, respectivement du Salvador et d’Argentine »·
Traduction d'Anita Bourdin
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