Avant le débat parlementaire du 22 septembre sur la présence des troupes françaises en Afghanistan, Reporters sans frontières a adressé un courrier aux présidents des groupes politiques représentés à l’Assemblée nationale et aux deux rapporteurs de la Commission de la Défense, Pierre Lellouche et François Lamy, pour leur demander que "l’engagement de la France ait également pour objectif de faire respecter de manière durable la liberté de la presse et les droits de l’homme par les autorités afghanes."
Reporters sans frontières a, bien entendu, souligné dans sa lettre que les "taliban représentent sans nul doute une grande menace pour la liberté de la presse dans le pays", revenant sur les exactions qu’ils ont commis avant et après novembre 2001, date de la chute de leur régime. L’organisation a rappelé qu’elle avait publié en 2000 un rapport intitulé "Afghanistan : un pays sans information et sans images" qui dénonçait l’obscurantisme des hommes du mollah Omar, et qu’elle était venue en aide à certains médias afghans indépendants depuis 2001.
Mais les "taliban n’ont malheureusement pas le monopole des violations de la liberté d’expression". L’organisation constate que des juges, des procureurs, des responsables politiques, des chefs religieux, même des proches du président Hamid Karzai, s’en prennent à des journalistes, parfois violemment. Citant notamment Saad Mohseni, directeur de la chaîne privée Tolo TV qui a déclaré : "L’Etat a perdu son honneur en se montrant incapable de protéger la liberté d’expression." Tandis que la patronne de presse Najiba Ayubi affirmait : "Tant que ces hommes hostiles à la liberté d’expression auront des armes et le soutien du gouvernement, il n’y a pas d’espoir pour les journalistes."
Reporters sans frontières a demandé aux députés de lancer un appel à la libération du jeune journaliste Sayed Perwiz Kambakhsh qui a été condamné à mort par un tribunal de Mazar-i-Charif. Sa condamnation à mort et les tortures qu’il a subies de la part de membres des services de sécurité ont renforcé l’idée que le gouvernement de Kaboul était incapable de respecter les standards internationaux de respect des droits de l’homme.
En conclusion, l’organisation a demandé aux députés de rappeler au "gouvernement que les efforts de l’armée française doivent au moins être récompensés par un engagement clair des autorités afghanes en faveur de la liberté d’expression".
RSF 22.09.2008