Six mois après la condamnation à mort de Sayed Perwiz Kambakhsh, collaborateur du magazine Jahan-e Naw ("Le Monde nouveau"), Reporters sans frontières appelle la justice afghane à la libération immédiate de ce jeune journaliste.
« Nous ne comprenons pas pourquoi la justice ne veut pas libérer ce jeune journaliste malgré les preuves évidentes de son innocence. Il est indispensable que la cour d’appel accélère le procès. La confirmation par un médecin légiste qu’il a été torturé par les forces de sécurité et l’irrégularité du procès en première instance constituent des raisons suffisantes pour justifier la remise en liberté de Sayed Perwiz Kambakhsh. Il a déjà passé neuf mois en prison », a déclaré Reporters sans frontières.
Depuis le 15 juin, le procès en appel de Sayed Perwiz Kambakhsh est suspendu en raison de l’absence de témoins. Le tribunal doit entendre des étudiants et des professeurs de l’Université de Mazar-i-Charif, mais ces derniers n’ont toujours pas été officiellement convoqués à Kaboul.
Selon le frère de Sayed Perwiz Kambakhsh, le journaliste Yaqub Ibrahimi, malgré la mobilisation des confrères et des citoyens afghans, le procès en appel avance très lentement. "Nous avons dû envoyer nous-même la lettre convoquant les étudiants et les professeurs témoins afin qu’ils soient entendus par le tribunal", a déclaré le frère du journaliste.
Le 8 juillet, des centaines de journalistes et écrivains afghans ont manifesté dans 15 provinces du pays en faveur de la libération de Perwiz Kambakhsh.
Le 22 janvier 2008, la première chambre d’un tribunal de Mazar-i-Charif avait condamné à mort le jeune journaliste et étudiant Sayed Perwiz Kambakhsh, accusé de "blasphème". Un procès expéditif s’était tenu à huis clos. Une dizaine de témoins, contactés par la famille du journaliste, avaient en effet refusé de le défendre par peur de représailles. Sayed Perwiz Kambakhsh est emprisonné depuis le 27 octobre 2007.
Reporters sans frontières rappelle, par ailleurs, que Jawed Ahmad, collaborateur afghan de la chaîne canadienne CTV, est détenu par l’armée américaine depuis le 2 novembre 2007, sur la base aérienne de Bagram, au nord de Kaboul. L’armée américaine détient le jeune journaliste afghan sans jugement depuis plus de six mois, l’accusant d’être un "ennemi combattant" en raison de contacts supposés avec des talibans.
RSF 23.07.2008