Nous sommes extrêmement soulagés que cette triple arrestation que nous avions qualifiée de "grave erreur", ait été résolue dans de brefs délais. Nous saluons l’engagement personnel du président Hamid Karza dans cette affaire.
Le 23 septembre, Hamid Karzai avait chargé le ministre de l’Information et de la Culture de déployer les efforts nécessaires pour obtenir la libération des trois reporters interpellés à Ghazni, Kandahar et en Kapisa. Le même jour, le vice-ministre avait assuré à Reporters sans frontières que les autorités compétentes et l’ISAF avaient été approchées pour obtenir une solution heureuse pour les trois journalistes.
Le 24 septembre, l’ISAF a libéré Mohammad Nadir à Kandahar et Rahmatullah Naikzad à Ghazni après avoir procédé aux interrogatoires et vérifications de rigueur. Dans un communiqué, les forces étrangères en Afghanistan ont affirmé que les deux reporters de la chaîne Al-Jazeera, Rahmatullah Naikzad et Mohammad Nadir, avaient reconnu avoir régulièrement des contacts avec les taliban dans le cadre de leurs activités journalistiques. "Ils ont été libérés sans conditions", tient à préciser l’ISAF qui avait dans un premier temps accusé les journalistes de la chaîne de Doha d’être des propagandistes des taliban.
Les forces de sécurité afghanes ont libéré le même jour Hojatullah Mujadadi qui s’apprêtait à regagner la vallée de Kapisa où il dirige une radio locale.
22 septembre 2010
Trois journalistes arrêtés en marge des élections
Dans trois affaires distinctes, des journalistes afghans basés en province ont été arrêtés pour leur couverture des élections ou leurs contacts avec les taliban. Dans la vallée de Kapisa, Hojatullah Mujadadi, directeur d’une radio FM et responsable d’une association de défense de la liberté de la presse, a été interpellé le 18 septembre par la police. A Ghazni (Est), Rahmatullah Naikzad, collaborateur régulier de la chaîne Al-Jazeera, a été arrêté par les forces internationales qui l’accusent d’être un propagandiste taliban. Enfin, un correspondant d’Al-Jazeera a été arrêté, ce matin du 22 septembre, par un commando conjoint de l’ISAF et de l’armée afghane à Kandahar (Sud).
Alors que les conditions de travail des journalistes pendant la campagne et le scrutin ont été plutôt bonnes, grâce notamment à la coopération de la Commission électorale indépendante, il est inquiétant que trois journalistes soient arrêtés par les forces étrangères ou afghanes. Dans ces deux affaires, trois professionnels des médias qui travaillent dans des provinces difficiles sont arrêtés et traités comme de dangereux criminels. Nous appelons le président Hamid Karzai à intervenir pour s’assurer qu’il ne s’agit pas de trois graves erreurs.
Nous tenons à rappeler que les journalistes ont le droit de pouvoir parler, sans être inquiétés, à toutes les parties au conflit. Nous craignons que dans ces trois affaires, les journalistes soient détenus seulement pour avoir eu des contacts avec des taliban.
Reporters sans frontières demande la libération immédiate de Hojatullah Mujadadi, directeur de la Radio Kapisa FM et ancien journaliste de la Radio nationale, dont nous connaissons le professionnalisme. Le 19 septembre, il a été transféré à Kaboul par la police, visiblement sur ordre des services secrets afghans (NDS). Nous sommes très préoccupés par sa détention.
Le 21 septembre, les journalistes de Kapisa ont publié un communiqué demandant des explications au plus vite sur l’arrestation de leur collègue.
Par ailleurs, l’organisation appelle l’OTAN à accorder au plus vite à ses proches ou à un avocat un droit de visite à Rahmatullah Naikzad, journaliste free-lance qui collabore depuis plusieurs années avec la chaîne de télévision Al-Jazeera et l’agence Associated Press (AP), et qui a été arrêté, le 20 septembre, par les troupes de la coalition à Ghazni, capitale de la province du même nom.
Interrogé par Reporters sans frontières, un porte-parole américain de l’ISAF a confirmé l’arrestation de Rahmatullah Naikzad, précisant que des armes avaient été découvertes à son domicile. Dans un communiqué de l’ISAF, Rahmatullah Naikzad est qualifié de "propagandiste taliban". Selon les forces étrangères, le journaliste avait été en contact avec des commandants taliban pour filmer des attaques des insurgés lors des élections.
Tandis que l’ISAF affirme avoir trouvé trois grenades et des munitions dans la résidence de la famille du journaliste, ses proches ont expliqué que les soldats avaient détruit la porte à l’explosif et procédé à la perquisition avec des chiens, et que les armes trouvées étaient destinés à se défendre.
Des proches du journaliste ont rejeté les accusations de complicité avec les taliban, tandis qu’Associated Press précisait dans une dépêche que le reporter ne leur a jamais proposé de telles images.
Le chef provincial de la police, Zarawar Zahid, a déclaré à l’agence de presse afghane Pajhwok qu’il ignorait le lieu de détention du journaliste et qu’il ferait son possible pour le faire libérer.
Déjà, en 2008, Rahmatullah Naikzad avait été détenu deux jours par les forces de sécurité afghanes après avoir fait un reportage sur l’exécution de deux femmes par les taliban. Lien sur cette affaire : http://blogfreeworld.wordpress.com/…
Enfin, à Kandahar (Sud), des membres des forces spéciales de la coalition ont arrêté le 22 septembre, Mohammad Nadir, collaborateur depuis plusieurs années de la chaîne Al-Jazeera. Selon l’agence Pajhwok, le gouverneur de la province a déclaré qu’une enquête avait été lancée sur cette arrestation. Des soldats ont perquisitionné son domicile dans le quartier d’Aino, emportant avec eux de l’argent et des bijoux en or. Devant son épouse et ses deux enfants, Mohammad Nadir a été cagoulé et emmené dans un lieu inconnu par les soldats de l’ISAF et de l’armée afghane.
Des responsables des associations de journalistes de Kandahar ont manifesté aujourd’hui pour demander la libération de Mohammad Nadir, dénonçant l’attitude de l’ISAF qui arrête un journaliste pour avoir eu des contacts avec les taliban.