Reporters sans frontières a relevé avec inquiétude le nombre important de poursuites judiciaires engagées contre des professionnels des médias. Le procès de trois journalistes du quotidien Liberté s’est achevé, le 1er juin 2008, sur un réquisitoire scandaleux du procureur de la République.
“A quelques jours du rendu du jugement dans cette affaire, nous appelons la justice à faire preuve de mesure et de discernement. Les autorités algériennes faisant toujours la sourde oreille aux demandes d’amendement de la loi liberticide sur la presse, nous gardons l’espoir que les juges ne serviront aucun intérêt politique et ne s’obstineront pas à condamner lourdement les journalistes de Liberté”, a déclaré l’organisation.
“Les caricatures d’Ali Dilem, très appréciées au-delà des frontières algériennes, doivent être perçues pour ce qu’elles sont, à savoir un dessin journalistique qui autorise une part de dérision”, a ajouté Reporters sans frontières.
Déjà sous le coup d’une peine de prison avec sursis, Ali Dilem pourrait se retrouver derrière les barreaux s’il était de nouveau condamné. Le caricaturiste est visé par plus d’une vingtaine de procédures judiciaires.
Le 1er juin 2008, au terme de la quatrième audience du procès du quotidien Liberté, le procureur de la République a requis deux mois de prison ferme contre le directeur de la publication, Ali Ouafak, le directeur de la rédaction, Farid Alilat, et le caricaturiste Ali Dilem. Les trois hommes sont poursuivis pour “diffamation” en vertu de l’article 146 du code de la presse qui prévoit la prison pour délit d’outrage à corps constitué. Une plainte avait été déposée auprès du tribunal correctionnel de Sidi M’hamed (Alger) par le ministère de la Défense suite à la publication, le 29 juillet 2004, d’une caricature représentant le général Lamari, l’ancien chef d’état-major des armées. La cour devrait rendre son jugement le 15 juin 2008.
Contacté par Reporters sans frontières, Me Khaled Bourayou, avocat du quotidien Liberté, a appelé la justice à faire preuve de tolérance vis-à-vis des caricatures. “Nous souhaitons que la jurisprudence algérienne s’inspire de la jurisprudence européenne qui consacre la modération. Il n’y a pas de mauvaise foi de la part du caricaturiste”, a ajouté Me Bourayou.
En mars 2008, deux journalistes du quotidien El Watan ont été condamnés à deux mois de prison pour diffamation suite à une plainte déposée par le préfet de la région de Jijel (Est). De nombreuses autres affaires conduisent régulièrement des journalistes algériens dans le box des accusés.
RSF 05.06.2008