Zenit – Monsieur le cardinal, comment s’explique ce pourcentage élevé d’enfants touchés par la pauvreté en Allemagne ?
Card. Woelki – Les enfants sont les premières victimes de la pauvreté de leurs parents. Même si la majeure partie des parents cherchent à faire profiter leurs enfants des moyens mis à leur disposition, la pauvreté des parents est omniprésente dans la vie quotidienne des enfants. Les parents pauvres et leurs enfants ont moins de possibilités de participer et – comme le montre la campagne actuelle de la Caritas – de mener une vie saine.
Des mesures comme le Bildungspaket [le pack d’éducation, qui offre des subsides pour l’éducation des enfants pauvres, ndlr], décidé par les politiques, indiquent la bonne direction. Dans le fond, il est clair que, de toutes les personnes touchées, les enfants sont les moins responsables des conditions de pauvreté et ceux qui peuvent le moins s’en défendre. D’une certaine manière, il sont le maillon le plus faible de la chaîne et ils se trouvent en plus dans un cercle vicieux.
Quelles sont les mesures et les projets de l’Eglise catholique pour les aider ?
L’Eglise aide de diverses manières : que l’on pense à toutes les crèches qu’elle gère, aux initiatives de nombreuses paroisses et associations paroissiales, aux services sociaux et aux institutions de la Caritas. On y fait l’expérience de l’aide de Dieu, qui reconnaît, estime et aime chaque personne, indépendamment de sa profession, de son revenu ou de son statut social. L’encouragement, l’aide et le soutien renforcent la confiance des gens dans leurs propres forces pour prendre leur destin en main.
Promouvoir publiquement la solidarité et des relations justes en politique et dans la société est tout autant important que les mesures et projets concrets qui combattent la pauvreté. Au niveau de l’Eglise catholique, c’est le rôle des déclarations des évêques ou des associations catholiques ; c’est aussi celui des initiatives prises au niveau de chaque « Land » ou par un contact direct avec les responsables politiques.
Avez-vous l’impression que notre société prête suffisamment attention au problème et s’engage sérieusement pour trouver une solution ?
Les media, la politique, les Eglises, avec leurs associations de bienfaisance, et des organisations comme l’UNICEF et la Ligue pour la protection des enfants, suivent avec beaucoup d’attention les développements en matière de pauvreté, et en particulier de pauvreté infantile. En Allemagne de l’est, ou dans les grandes métropoles comme Berlin et la région de la Ruhr, la situation est déjà très préoccupante. On peut se demander si cela sert à quelque chose d’accuser unilatéralement la politique. La pauvreté est un phénomène social et, à mon avis, il s’agit surtout d’unir les forces sociales pour trouver ensemble des solutions. L’objectif ne doit pas consister simplement en une redistribution des fonds. Il faut augmenter la capacité de participation et l’implication des personnes dans la vie sociale.
Comment les chrétiens peuvent-ils contribuer à améliorer la situation de manière durable ?
Les chrétiens peuvent d’abord, comme tout le monde, participer aux initiatives et aux projets pour lutter contre la pauvreté qui existent à proximité de chez eux. Ils peuvent ensuite aussi témoigner de l’amour de Dieu. A travers l’amour qu’ils manifestent envers leurs prochains, les chrétiens peuvent permettre à ceux-ci de faire l’expérience de l’amour de Dieu. Dans le meilleur des cas, les œuvres de charité peuvent devenir une expérience de Dieu pour celui qui donne comme pour celui qui reçoit.
Propos recueillis par Britta Dörre
Traduction d’Hélène Ginabat
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