Paroles de Benoît XVI en italien avant l’angélus :
Cher frères et sœurs,
L’évangile d’aujourd’hui – tiré du chapitre 4 de saint Luc – est dans le prolongement de celui de dimanche dernier. Nous nous trouvons encore dans la synagogue de Nazareth, le village où Jésus a grandi et où tous les connaissent lui et sa famille. Or, après une période d’absence, il revient de façon nouvelle : au cours de la liturgie du sabbat, il lit une prophétie d’Isaïe sur le Messie, et il en annonce l’accomplissement, laissant entendre que cette parole de réfère à Lui.
Ce fait suscite l’étonnement des Nazaréens : d’une part, « tous lui rendaient témoignage et étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche » (Lc 4, 22). Saint Marc rapporte que beaucoup disaient : « D'où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée ? » (Mc 6, 2). Mais d’autre part, ses concitoyens le connaissent trop bien : « C’est quelqu’un comme nous, disent-ils. Sa prétention ne peut être que présomption » (L’Enfance de Jésus, 11). « N'est-il pas le fils de Joseph ? » (Lc 4, 22), cela revient à dire : quelles aspirations peut bien avoir un charpentier de Nazareth ?
Justement parce qu’il connaît cette fermeture, qui confirme le proverbe « personne n’est prophète en son pays », dans la synagogue Jésus adresse aux gens des paroles qui résonnent comme une provocation. Il cite deux miracles accomplis par les grands prophètes Elie et Elysée en faveur de personnes qui n’étaient pas des Israélites, pour démontrer qu’il arrive qu’il y ait davantage de foi en dehors d’Israël. A ce moment-là, la réaction est unanime : tous se lèvent et le chassent, et ils cherchent même à le jeter du haut d’un précipice, mais Lui, avec un calme souverain, passe au milieu de la foule furieuse et il s’en va.
On se demande spontanément à ce moment-là : comment Jésus a-t-il pu vouloir cette rupture ? Au commencement, les gens l’admiraient, et il aurait peut-être pu obtenir une certaine approbation… Mais justement, voilà le point : Jésus n’est pas venu pour chercher l’approbation des hommes mais, comme il le dira à la fin à Pilate, pour « rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37). Le vrai prophète n’obéit à personne d’autre qu’à Dieu et il se met au service de la vérité, prêt à payer de sa personne. Il est vrai que Jésus est le prophète de l’amour, mais aussi l’amour a sa vérité. Et même, amour et vérité sont les deux noms de la même réalité, deux noms de Dieu.
Dans la liturgie d’aujourd’hui résonnent aussi ces paroles de saint Paul : « L'amour prend patience ; l'amour rend service ; l'amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil ; il ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s'emporte pas ; il n'entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai » (1 Co 13, 4-6). Croire en Dieu signifie renoncer à ses préjugés et accueillir le visage concret par lequel il s’est révélé : l’homme Jésus de Nazareth. Et cette voie conduit aussi à le reconnaître et à le servir dans les autres.
L’attitude de Marie est éclairante à ce propos. Qui plus qu’elle a été familier de l’humanité de Jésus ? Mais elle n’en a jamais été scandalisée comme ses concitoyens de Nazareth. Elle conservait le mystère en son cœur et elle a su l’accueillir toujours davantage et toujours à nouveau, sur le chemin de la foi, jusqu’à la nuit de la croix et à la pleine lumière de la résurrection. Que Marie nous aide nous aussi à marcher avec fidélité et avec joie sur ce chemin.
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