Le cardinal est intervenu le 1er décembre en tant que chef de la délégation du Saint-Siège au sommet de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui se déroule à Astana, capitale du Kazakhstan.
Dans son discours, le secrétaire d'Etat s'est inquiété des « restrictions vexatoires » imposées aux chrétiens dans certains pays, et d'un « relativisme » et d'un « faux sécularisme qui exclut la religion de la vie publique ».
« Voilà pourquoi il est de vitale importance pour les croyants de participer librement au débat public pour présenter ainsi une vision du monde inspirée de leur foi », a-t-il insisté.
Avec force, il a appelé la communauté internationale à « combattre l'intolérance et la discrimination contre les chrétiens avec la même détermination avec laquelle elle lutte contre la haine vis-à-vis de membres d'autres communautés religieuses ».
Le cardinal Bertone a aussi rappelé que les chrétiens étaient aujourd'hui « le groupe religieux le plus persécuté et discriminé. Plus de 200 millions d'entre eux, appartenant à des confessions différentes, se trouvent dans des situations de difficulté à cause de structures légales et culturelles », a-t-il expliqué.
Et de dénoncer : « Dans certains pays, il existe encore des lois intolérantes et discriminatoires, des décisions et des comportements, des actions et des omissions qui nient » la liberté religieuse. « On enregistre des épisodes récurrents de violence et même des assassinats de chrétiens », a-t-il ajouté en invitant l'OSCE à « développer des propositions véritables pour combattre ces injustices ».
Devant les représentants des 56 pays membres de l'OSCE et plus de 20 organisations internationales, le secrétaire d'Etat a rappelé que « croire en Dieu » n'est pas « une concession élargie par l'Etat mais un droit véritable fondé sur la dignité même de la personne humaine ».
Malheureusement, a-t-il ajouté en reprenant les paroles de Benoît XVI, on note « une croissante marginalisation de la religion, particulièrement du christianisme, qui s'installe dans certains domaines, même dans des nations qui mettent si fortement l'accent sur la tolérance » (Discours de Benoît XVI à la société britannique, Westminster Hall, 17 septembre 2010).
La personne humaine : centre et fin de l'économie
Dans le long discours adressé à l'ouverture du sommet de l'OSCE, le cardinal Bertone s'est aussi arrêté sur l'urgence et l'importance de la paix.
« La paix n'est pas assurée que quand les armes se taisent », a-t-il expliqué. « Elle est plutôt le résultat de la coopération des individus d'une part et des sociétés elles-mêmes d'autre part. Elle est aussi le résultat du respect de certains impératifs éthiques ».
Le cardinal Bertone a évoqué l'importance des facteurs économiques et environnementaux pour la paix, la sécurité et la coopération : « Le Saint-Siège ne cesse de rappeler que l'objectif commun des Etats devrait être la protection et le respect de la dignité humaine qui unit la famille humaine tout entière, une unité enracinée dans les quatre principes fondamentaux du caractère central de la personne humaine, de la solidarité, de la subsidiarité et du bien commun ».
Il a insisté sur l'urgence « d'introduire une logique qui mette la personne humaine et, en particulier, la famille et les personnes dans le besoin, comme centre et fin de l'économie ».
Le cardinal a également rappelé les droits des migrants, oubliés de ce « temps de crise ». « Il faut rappeler que tous les êtres humains, sans aucune exception, y compris les migrants, sont dotés de droits inaliénables qui ne peuvent ni être violés ni même ignorés. Le statut de migrant n'efface pas sa dignité humaine ».
Trafic d'êtres humains : un esclavage moderne
En conclusion, le secrétaire d'Etat du Saint-Siège a voulu dénoncer la « gravité » du trafic des êtres humains : « une forme moderne d'esclavage ».
« Le trafic d'êtres humains est un problème pluridimensionnel, souvent lié à la migration, mais qui va bien au-delà de l'industrie du sexe, comprenant aussi le travail forcé d'hommes, de femmes et d'enfants dans divers secteurs industriels et commerciaux », a expliqué le cardinal Bertone.
Dans la protection des victimes du trafic, « les droits humains » doivent être « au centre de toutes les stratégies ». « Les initiatives anti-trafic doivent aussi viser à développer et à offrir des possibilités concrètes pour fuir justement le cycle pauvreté-abus-exploitation ».
Marine Soreau
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