La liberté religieuse, la paix dans la justice doivent être garanties aux chrétiens en Orient : c'est ce que demandent les patriarches et les archevêques majeurs catholiques d'Orient, qui ont participé à la XIIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques sur « la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l'Eglise » (5-26 octobre 2008). Ils ont remis cet appel à Benoît XVI vendredi dernier, 24 octobre, et Benoît XVI a déclaré aujourd'hui prendre à son compte cet appel, lors de l'angélus.
Appel pour l'Orient
« Le Christ est notre paix » (Ephésiens 2, 14).
Au cours de l'Année jubilaire de l'apôtre Paul, le Saint-Père Benoît XVI nous a rassemblés en Synode avec les évêques représentant toute l'Église Catholique.
Nous exprimons notre profonde reconnaissance au Pape d'avoir toujours élevé rapidement et inlassablement une supplication à Dieu et sa voix en faveur de nos frères et soeurs d'Orient. A votre exemple, nous aussi, en tant que disciples du Christ, pères et chefs des Églises Catholiques orientales, nous renouvelons notre imploration à Dieu et nous lançon un appel à tous pour que soit confirmé toute intention de favoriser partout la paix dans la liberté, dans la vérité et dans l'Amour.
Nous ressentons dans nos coeurs un frisson pour les souffrances de tant de nos fils et filles d'Orient : enfants et jeunes ; personnes en difficulté extrême du fait de l'âge, de la santé et de leurs besoins spirituels et matériels essentiels; familles toujours plus tentées par le découragement pour le présent et l'avenir. Et nous sentons de notre devoir de nous faire les interprètes de leurs attentes justifiées afin que soit vite garantie à chacun une vie digne dans une cohabitation sociale fructueuse.
L'oeuvre de la justice est la paix ! C'est un impératif auquel nous ne pouvons pas et ne voulons pas nous soustraire. Nous demandons, donc, en particulier pour la Terre Sainte, qui vit naître le Christ Rédempteur, pour le Liban, l'Irak et l'Inde, la paix dans la justice, pour que soit garantie une réelle liberté religieuse.
Nous sommes proches de ceux qui souffrent pour leur foi chrétienne et de tous les croyants empêchés de professer leur foi. Nous rendons hommage aux chrétiens qui ont perdu la vie récemment par fidélité au Seigneur.
Devant le pape et les pères synodaux, encouragés par leur fraternité, nous présentons une requête vibrante:
– aux chrétiens et à tous les hommes de bonne volonté pour qu'ils mettent en pratique le respect et accueil de l'autre dans leur vie quotidienne, en se faisant proches des nécessiteux, proches et lointains ;
– aux pasteurs et aux responsables religieux de prêcher et de favoriser cette attitude, en soutenant et en multipliant les initiatives de connaissance mutuelle, de dialogue et d'entre aide ;
– à la communauté internationale et aux gouvernants pour qu'ils garantissent la vraie liberté religieuse au niveau législatif, dans le dépassement de toute discrimination et l'aide à ceux qui sont forcés de quitter leur terre pour des motifs religieux.
Que ce vœu du pape Benoît XVI s'accomplisse : « Puissent les Églises et les disciples du Seigneur demeurer là où la divine Providence les a placés à leur naissance; là où ils méritent de demeurer, en raison d'une présence qui remonte aux débuts du christianisme. Au cours des siècles, ils se sont distingués par un amour de leur peuple et de leur terre, incontestable et inséparable de leur foi. » (Benoît XVI, Visite à la Congrégation pour les Églises orientales, 9 juin 2007).
« Le Christ est notre paix » : cette parole divine est porteuse de réconfort et d'espérance, et elle nous pousse à chercher des voies de paix nouvelles, qui soient rendues efficaces par la Bénédiction de Dieu. La voie de la paix, nous, pasteurs d'Orient, nous désirons tel puisse être notre appel humble mais plein de tristesse, que nous déposons entre les mains du Saint-Père, en rendant grâce à Dieu et à ceux qui l'accueilleront avec bienveillance.
Que les saints apôtres Pierre et Paul, et les martyrs, proches comme nous le sommes de leur mémoire à Rome, intercèdent pour ce don. Que la Très sainte Mère de Dieu soit une puissante avocate : que la Reine de la Paix, fasse parvenir notre préoccupation, nos intentions et nos prières au Christ notre Seigneur et notre Dieu, Prince de la Paix.
Du Vatican, de 24 octobre 2008
Tarcisio Bertone, Cardinal Secrétaire d'État
Leonardo Sandri, Cardinal Préfet de la Congrégation pour les Églises orientales
William Joseph Levada, Cardinal Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Président Délégué du synode
George Pell, Cardinal Archevêque de Sydney, Président Délégué du synode
Odilo Pedro Scherer, Cardinal Archevêque de São Paul, Président Délégué du synode
Nikola Eterovic, Archevêque titulaire de Sisak, Secrétaire Général du Synode des Évêques
Nasrallah Pierre Sfeir, Cardinal Patriarche d'Antioche des Maronites
Emmanuel III Delly, Cardinal Patriarche de Babylone des Chaldéens
Varkey Vithayathil, Cardinal Archevêque Majeur, d'Ernakulam-Angamaly, des Syro-Malabars
Antonios Naguib, Patriarche d'Alexandrie des Coptes
Gregorios III Laham, Patriarche d'Antioche des Grecs Melkites
Nerses Bedros XIX Tarmouni, Patriarche de Cilicie des Arméniens
Mar Baselios Cleemis Thottunkal, Archevêque Majeur de Trivandrum des Syro-Malankars
Fouad Twal, Patriarche de Jérusalem des Latins
Jules Mikhael al-Jamil, Procureur du Patriarcat d'Antioche des Syriens
Dionisio Lachovicz, Représentant de l'Archevêque, Majeur de Kiev-Halyc (Ukraine)
Florentin Crihalmeanu, Représentant de l'Archevêque Majeur de Fagaras et Alba Iulia (Roumanie)
ROME, Dimanche 26 octobre 2008 (ZENIT.org)