Reporters sans frontières condamne la suspension des services de BlackBerry annoncé par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite et s’inquiète de cette vague de pressions sur l’entreprise Research in motion.
Le service de messagerie instantanée de BlackBerry sera bloqué en Arabie saoudite à partir du 6 août 2010. A la veille de cette mesure, l’Indonésie, l’Inde, l’Egypte, les Émirats arabes unis et le Koweït ont aussi exprimé des inquiétudes concernant les services cryptés proposés par BlackBerry et demandent à Research in Motion (RIM), le prestataire canadien, d’avoir accès aux données confidentielles de leurs utilisateurs.
Le 5 août 2010, les autorités indonésiennes ont démenti l’éventualité d’un blocage de l’accès à certains services du téléphone. Elles ont souhaité la création d’un centre de routage qui leur permettrait de saisir la justice pour avoir des données en Indonésie.
L’argument de la « sécurité nationale » n’est qu’un prétexte. Les pays qui l’avancent sont en réalité contrariés par les services de BlackBerry qui échappent à leur contrôle. Bon nombre des pays qui cherchent à mettre en place son blocage ont déjà, dans le passé, pris toute une batterie de mesures pour censurer Internet. Blackberry est leur nouvelle cible, il ls’agit pour eux d’un espace de débat à verrouiller et d’étendre la censure. Ce sont les utilisateurs dans le pays qui seront les premiers touchés par ces mesures et qui verront leur liberté d’expression encore plus réduite », a déclaré l’organisation.
D’aprés un article publié le 2 août par le quotidien indien The Economic Times, RIM serait prête à décrypter certaines données et à les transmettre aux services de renseignements indiens. Dans plusieurs communiqués, RIM a démenti donner des informations à certains pays comme les États-Unis comme l’affirmaient les autorités émiraties et a assuré s’engager « à respecter à la fois les exigences de régulation des gouvernements et les besoins en matière gb de sécurité et de protection des données privées des consommateurs et des entreprises ».
Le cryptage des données des services de BlackBerry est plus performant que celui de la plupart des smartphones. Le fabricant Research in Motion refuse de fournir les codes d’accès qui permettent de contrôler le contenu des messages électroniques cryptés. La surveillance est impossible grâce à un système de clés détenues par les utilisateurs qui garantit la confidentialité des données.
Le 4 août, Jean-Francois Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières, a fait parvenir une lettre au directeur et fondateur de Research in Motion, Mike Lazaridis, afin de lui demander de ne pas céder aux pressions et de garantir la confidentialité des données. L’organisation a également adressé un courrier aux autorités saoudiennes et émiraties pour leur demander de renoncer à la suspension de ces services, qui représenterait une véritable atteinte à la liberté d’expression.
D’après les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, les services fournis par BlackBerry ne seraient pas conformes aux législations en vigueur et porteraient atteinte à la sécurité nationale. L’autorité de régulation des télécommunications (la TRA) des Émirats arabes unis a décidé de suspendre les services de messagerie instantanée, de courrier électronique, de navigation internet et de « roaming » (le service proposé par les opérateurs de téléphonie mobile pour permettre l’accès à leurs services depuis l’étranger) à compter du 11 octobre 2010.
Reporters sans frontières a classé les Émirats arabes unis parmi les pays « sous surveillance » et l’Arabie saoudite parmi les pays « Ennemis d’Internet » dans le dernier rapport sur la liberté d’expression sur Internet publié le 12 mars 2010.