promeut la fraternité et l'amour, et non pas la haine et la division ».
Le pape Benoît XVI a reçu ce matin en audience, comme c'est la tradition en début d'année pour l'échange des vœux, les membres du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, à 11h00, dans la « Sala Regia » du palais apostolique du Vatican.
Après l'allocution du doyen du Corps diplomatique, M. Alejandro Emilio Valladares Lanza, ambassadeur du Honduras près le Saint-Siège, le pape a prononcé son discours en français (cf. ci-dessous, « Documents » pour le texte intégral).
Liberté religieuse et paix
Benoît XVI a rappelé qu'il a « indiqué la liberté religieuse comme la voie fondamentale pour la construction de la paix, dans le Message pour la célébration de la Journée Mondiale de la Paix de cette année ».
« La paix, de fait, se construit et se conserve seulement quand l'homme peut librement chercher et servir Dieu dans son cœur, dans sa vie et dans ses relations avec les autres », a affirmé le pape.
Puis le pape a fait ce qu'il appelle un « tour d'horizon » des pays représentés par le Corps diplomatique et du monde évoquant des situations où « le droit à la liberté religieuse est lésé ou nié ».
Le pape rappelle que « ce droit de l'homme, qui est en réalité le premier des droits, parce que, historiquement, il a été affirmé en premier, et que, d'autre part, il a comme objet la dimension constitutive de l'homme, c'est à dire sa relation avec son Créateur ».
Benoît XVI interroge : « N'est-il pas trop souvent mis en discussion ou violé ? »
Gravité de la situation
Il salue un certaine prise de conscience de la gravité de la situation : « Il me semble que la société, ses responsables et l'opinion publique se rendent compte aujourd'hui davantage, même si ce n'est pas toujours de façon exacte, de cette grave blessure portée contre la dignité et la liberté de l'homo religiosus, sur laquelle j'ai tenu, à de nombreuses reprises, à attirer l'attention de tous ».
Le pape cite- et dit sa gratitude – ses voyages apostoliques à Malte et au Portugal, à Chypre, au Royaume-Uni et en Espagne.
Il cite aussi l'Assemblée spéciale du Synode des Evêques pour le Moyen-Orient, d'octobre dernier, comme un « moment de prière et de réflexion, durant lequel la pensée s'est dirigée avec insistance vers les communautés chrétiennes de cette région du monde, si éprouvées à cause de leur adhésion au Christ et à l'Eglise ».
Pour les chrétiens d'Iraq
Benoît XVI confie que « les attentats qui ont semé mort, douleur et désarroi parmi les chrétiens d'Iraq, au point de les inciter à quitter la terre où leurs pères ont vécu pendant des siècles » l'ont « profondément accablé ».
Il dit son « anxiété » et en appelle « aux Autorités de ce pays et aux chefs religieux musulmans » pour qu'ils travaillent « afin que leurs concitoyens chrétiens puissent vivre en sécurité et continuer à apporter leur contribution à la société dont ils sont membres à plein titre ».
Pour les chrétiens d'Egypte
Il demande aussi des mesures de protection en Egypte. « En Egypte aussi, à Alexandrie, le terrorisme a frappé brutalement des fidèles en prière dans une église. Cette succession d'attaques est un signe de plus de l'urgente nécessité pour les Gouvernements de la Région d'adopter, malgré les difficultés et les menaces, des mesures efficaces pour la protection des minorités religieuses ».
Le pape cite le Message au Peuple de Dieu de l'Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques : il déplore qu'au Moyen-Orient, « les chrétiens sont des citoyens originels et authentiques, loyaux à leurs patries et s'acquittant de tous leurs devoirs nationaux. Il est naturel qu'ils puissent jouir de tous les droits de la citoyenneté, de la liberté de conscience et de culte, de la liberté dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement et dans l'usage des moyens de communication » (n. 10).
Des initiatives européennes
Il salue les récentes initiatives européennes : « J'apprécie l'attention pour les droits des plus faibles et la clairvoyance politique dont certains pays d'Europe ont fait preuve ces derniers jours, en demandant une réponse concertée de l'Union européenne afin que les chrétiens soient défendus au Moyen-Orient ».
Pour Benoît XVI la liberté de culte ne suffit pas : « Je voudrais rappeler que le droit à la liberté religieuse n'est pas pleinement appliqué là où est garantie seulement la liberté de culte, qui plus est, avec des limitations ».
Il propose que l'éducation à la liberté religieuse parte de l'école : « En outre, j'encourage à accompagner la pleine sauvegarde de la liberté religieuse et des autres droits humains par des programmes qui, depuis l'école primaire et dans le cadre de l'enseignement religieux, éduquent au respect de tous les frères en humanité ».
Péninsule arabique et Pakistan
Il demande spécialement aux Etats de la Péninsule arabique, « où vivent de nombreux travailleurs immigrés chrétiens », que l'Eglise catholique « puisse disposer des structures pastorales appropriées ».
Le pape déplore aussi les « normes qui lèsent le droit des personnes à la liberté religieuse », spécialement « la loi contre le blasphème au Pakistan ».
« J'encourage à nouveau les Autorités de ce pays à faire les efforts nécessaires pour l'abroger, d'autant plus qu'il est évident qu'elle sert de prétexte pour provoquer injustices et violences contre les minorités religieuses », fait observer le pape.
Il cite « le tragique assassinat du Gouverneur du Pendjab » comme manifestation de l'urgence : « la vénération à l'égard de Dieu promeut la fraternité et l'amour, et non pas la haine et la division ».
Mais Benoît XVI évoque aussi le Sud et Sud-est du continent asiatique où les chrétiens sont minoritaires : « Le poids particulier d'une religion déterminée dans une nation ne devrait jamais impliquer que les citoyens appartenant à une autre confession soient discriminés dans la vie sociale ou, pire encore, que soit tolérée la violence à leur encontre ».
Le pape souhaite que « le dialogue interreligieux favorise un engagement commun à reconnaître et promouvoir la liberté religieuse de toute personne et de toute communauté ».
Benoît XVI mentionne également la « violence contre les chrétiens » en Afrique, spécialement « les attaques contre des lieux de culte au Nigeria, alors même que l'on célébrait la Nativité du Christ ».
Liberté religieuse, fidélité à Dieu et loyauté à la patrie
Plus encore, le pape déplore l'écart entre des Constitutions qui reconnaissent « une certaine liberté religieuse » alors que « la vie des communautés religieuses est rendue difficile et parfois même précaire » du fait de « l'ordonnancement juridique ou social » inspiré par des « systèmes philosophiques et politiques qui postulent un strict contrôle, pour ne pas dire un monopole, de l'Etat sur la société ».
Le pape formule deux demandes dans ce sens : « Il faut que cessent de telles ambiguïtés, de manière à ce que les croyants ne se trouvent pas tiraillés entre la fidélité à Dieu et la loyauté à leur patrie. Je demande en particulier que soit garantie partout aux communautés catholiques la pleine autonomie d'organisation et la liberté d'accomplir leur mission, conformément aux normes et standards internationaux en ce domaine ».
Le pape mentionne la communauté catholique de la Chine continentale et de ses pasteurs, « qui vivent un moment de difficulté et d'épreuve » et il encourage « les Autorités de Cuba, pays qui a célébré en 2010 soixante-quinze ans de relations diplomatiques ininterrompues avec le Saint-Siège, afin que le dialogue qui s'est heureusement instauré avec l'Eglise se renforce encore et s'élargisse ».
Le pape conclut sur cette invitation : « J'exhorte tous, responsables politiques, chefs religieux et personnes de toutes catégories, à entreprendre avec détermination la voie vers une paix authentique et durable, qui passe par le respect du droit à la liberté religieuse dans toute son étendue. »
Il souligne que sa « mise en œuvre », implique « que toute la famille humaine s'y investisse ».
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