Au lendemain de son retour de captivité, le P. Vandenbeusch offre une réflexion sur « la banalité du mal » : ses ravisseurs « étaient des petits gars sympas, qu’on pourrait voir partout dans le monde, des jeunes comme beaucoup d’autres, sympas avec moi mais prêts à tuer ».
« Pour moi, c’est très énigmatique : ce ne sont pas des diables, des gens avec des dents crochues, le visage haineux, des griffes… ils ne sont pas terrorisants, ils sont comme n’importe quel autre jeune… la monstruosité est tellement plus complexe, tellement invisible… C’est cela la réalité du mal, partout, et c’est cela qui doit nous rendre vigilants. Si le mal était monstrueux, on saurait le reconnaître, le voir et s’en préserver ».
Durant sa détention, le prêtre a été soutenu par sa foi, même si « il y a eu des moments de prière avec beaucoup de grâces et des moments d’une banalité affligeante, très décevante, des moments même où ça ne venait pas ».
« Le soir, c’est vrai, je priais le chapelet, j’inventais des tas de nouveaux mystères, je pensais à certains passages de l’Évangile, au coucher du soleil. Et la paix était donnée, mystérieusement, parce que parfois je pouvais être un peu agité, un peu fiévreux avant, et cette paix m’était offerte ». Il y voit « la Pâque de Dieu et le signe aussi de toutes les prières ».
S’il était au Cameroun depuis deux ans, ce n’était pas d’abord « pour être missionnaire », car « la mission existe aussi dans les Hauts-de-Seine », où « l’évangélisation, la mission, est à vivre au présent ».
Sa mission au Cameroun était une façon de vivre « l’Épiphanie » car « l’Église a cette dimension universelle », explique-t-il : « c’est important de vivre un échange mutuel entre églises, entre églises locales ».
Le P. Vandenbeusch note que « providentiellement », sa première messe du dimanche après son retour a été « la fête de l’Épiphanie », le 5 janvier.
Avec Hélène Ginabat pour la transcription
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