Les chefs de l’État et du gouvernement étaient respectivement représentés par le ministre Nicolas Nahas, et le député Nohad Machnouk représentait le président de la Chambre. Entourant la famille du défunt, étaient également présents le ministre des Télécommunications, Nicolas Sehnaoui, Jean Oghassabian, représentant le chef du courant du Futur, Saad Hariri, les députés Nadim Gemayel, Michel Pharaon, Atef Majdalani, Nabil de Freige, Robert Ghanem, Serge Ter Sarkissian, Tammam Salam, Ziad Kadri, Mohammad Kabbani, Ghassan Moukheiber, Marwan Hamadé, Fouad el-Saad, le brigadier Oussama Atchane, représentant le commandant en chef de l’armée, les anciens ministres Nayla Moawad, Mohammad Rahhal, Joseph Hachem et députés, Farès Souhaid, Solange Gemayel, le président de l’ordre de la presse, Mohammad Baalbacki, ainsi qu’un grand nombre de figures politiques, médiatiques, militaires et sociales.
« Nous avons reculé »
Mgr Audi a ensuite brossé un sombre tableau de la situation au Liban, relevant que sept ans après l’assassinat de Gebran Tuéni, rien n’a changé dans le pays. « Notre terre a-t-elle été suffisamment abreuvée par le sang qui a coulé ou en faut-il encore pour que le droit, la liberté, la justice, la paix, l’amour, la fraternité et le respect mutuel soient rétablis? »
s’est-il interrogé, avant de déclarer : « Il m’est douloureux de constater que nous n’avons pas progressé d’un pas. Nous avons même reculé. La sécurité est toujours imparfaite. Preuve en est l’attentat qui a récemment secoué Achrafieh et qui a coûté la vie au général Wissam el-Hassan, à son garde du corps et à une dame, provoquant des dégâts immenses et laissant derrière lui des familles déplacées et une tristesse incommensurable. Le dialogue est toujours interrompu et chaque partie adresse des accusations à l’autre. Les conséquences des conflits exacerbés n’affectent que la population qui s’efforce de gagner décemment sa vie. Les tensions confessionnelles continuent de menacer notre vie, le spectre des assassinats nous terrifie toujours et notre situation économique va de mal en pis. Au lieu de s’efforcer de la régler et d’œuvrer pour sortir de la crise qui affecte tout le monde, les responsables se voient acculés à résoudre des problèmes ponctuels, tels que les troubles, les sit-in, les fermetures de routes, les mutineries dans les prisons, les rapts, les cambriolages, les médicaments frelatés, les agressions et autres, ce qui rend la vie des citoyens encore plus difficile et accentue leur désespoir et leur frustration. »
« Est-ce là le pays pour lequel Gebran a payé de sa vie? Est-ce là le pays dont nous rêvons ? N’est-il pas temps de briser le cocon de l’égoïsme et de la rancœur ? N’avons-nous toujours pas réalisé que nous avons trop perdu ? » s’est interrogé Mgr Audi qui a rappelé le serment de Gebran en faveur de l’unité des Libanais.
Par la suite, la fille du député, Michèle, a prononcé le mot de la famille, en soulignant à quel point chaque commémoration est pénible. Aussi pénible, a-t-elle souligné, « que de vivre dans un pays où la sécurité et la stabilité font défaut, et où les hommes d’État, les responsables de la sécurité, les journalistes et les individus sont assassinés parce qu’ils rêvent d’un pays différent ».
Promettant d’œuvrer pour contribuer à l’édification d’un État, Michèle Tuéni a relevé qu’« avec les défis auxquels la région est confrontée, les difficultés s’accentuent et les positions courageuses manquent ». « Mais ce qui nous console est que la liberté est devenue contagieuse et itinérante, comme le souhaitait Gebran », a-t-elle poursuivi, en exprimant l’espoir que « les peuples arabes parviendront à atteindre leurs nobles objectifs ».
Les hommages de Hariri et de Pharaon
Pour la même circonstance, le chef du courant du Futur, Saad Hariri, et le député Michel Pharaon ont salué la mémoire de Gebran Tuéni.
« Il y a sept ans jour pour jour, le régime meurtrier et criminel a assassiné notre ami député Gebran Tuéni, pensant que cet assassinat allait arrêter la marche vers la souveraineté, l’indépendance et la liberté, déclenchée par Gebran avec son célèbre serment, place de la Liberté, le 14 mars 2005 », a indiqué M. Hariri dans un communiqué. « Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, les mots de Gebran qui retentissaient pour le triomphe de la liberté manquent aux Libanais et aux Arabes, qui regrettent l’absence de ce jeune homme, pionnier dans le déclenchement de l’étincelle de la révolte contre les régimes d’oppression et de tyrannie. Ils se remémorent ses positions et son enthousiasme, pour stimuler les manifestations du printemps arabe, en particulier en Syrie et dans tous les pays qui ont souffert de l’injustice pendant de nombreuses années. »
« Vous étiez remarquable dans votre vie et votre parcours politique et journalistique tout comme le jour de votre départ », a pour sa part affirmé Michel Pharaon dans sa déclaration, en soulignant que l’absence de Gebran Tuéni « se fera sentir dans plusieurs échéances nationales ». « Ton souvenir s’est manifesté lorsque Achrafieh a été la cible d’un attentat dernièrement. Il se manifeste à chaque atteinte à la souveraineté et à l’indépendance libanaises », a-t-il ajouté, avant de souligner que « le processus d’édification d’un État se poursuivra, tout comme le complot qui s’exprime tantôt par un attentat, tantôt par des menaces ». M. Pharaon a enfin promis que les tentatives d’étouffer la vérité ne seront plus tolérées.