Le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a rencontré hier à Sydney Marie Bachir, gouverneure d’origine libanaise de l’État de Nouvelle-Galles du Sud, le plus important démographiquement et économiquement d’Australie.
L’entretien, qui a duré 45 minutes, a été l’occasion d’un tour d’horizon de la situation au Liban sur divers plans ainsi que de celle de la colonie libanaise d’Australie.
Au cours de la rencontre, le patriarche s’est dit fier de voir une Libanaise parvenir à une telle position, le gouverneur étant considéré comme étant le représentant de la reine Élisabeth II.
De son côté, Mme Bachir, originaire de Douma (Batroun), a évoqué avec émotion ses précédentes visites au Liban. Elle a ajouté qu’elle était elle aussi fière de son origine libanaise, tout autant que son époux, sir Nicolas Chéhadé (originaire de Kousba, dans le Koura), présent lors de la rencontre. Tous deux ont fait des études médicales et parlent difficilement l’arabe.
Lorsque Mme Bachir a exprimé son souhait de visiter une nouvelle fois le Liban, le patriarche lui a adressé une invitation à Bkerké. Sir Nicolas est alors intervenu pour dire : « Nous irons à Dimane. Car lorsque vous vous rendez de Bkerké à Dimane, vous passez forcément par Kousba. » Le prélat a alors répondu : « C’est vrai. Et puis Kousba est un beau village, comme d’ailleurs l’est tout le Koura. »
La conversation est ensuite passée à la situation au Liban. Mme Bachir a eu les larmes aux yeux en évoquant le « Liban qui souffre ». « Pauvre pays qui subit toutes ces tragédies », a-t-elle dit.
Avant de quitter le palais du gouverneur, Mgr Sfeir a écrit cette phrase sur le registre d’honneur : « Je suis heureux de constater que Son Excellence la gouverneure est d’origine libanaise. Cela est l’illustration du succès des Libanais dans les pays d’émigration. Que Dieu bénisse l’Australie et le Liban ainsi que leurs peuples. »
Une force de police avait accompagné le patriarche jusqu’au palais du gouverneur, interrompant la circulation sur son itinéraire, une pratique réservée aux chefs d’État.
Au Centre du patrimoine
Le chef de l’Église maronite a ensuite visité le Centre du patrimoine, une institution gérée par la paroisse Saint-Maron de Sydney.
S’adressant aux présents, il a dit : « Le Liban est aujourd’hui dans la situation que vous savez. Mais il s’en sortira et restera comme vous l’aviez connu auparavant. Le Liban n’est pas né d’hier et cela, nous le voyons à travers le patrimoine que vous avez rassemblé dans ce centre. Si Dieu le veut, il demeurera non seulement grâce à ceux qui sont au Liban, mais aussi avec l’aide de ses fils disséminés dans le monde. »
Plus tard, le patriarche Sfeir a rencontré une délégation des associations islamiques libanaises, comprenant notamment le représentant de Dar el-Fatwa, cheikh Yehia Safi, et le président de l’Association de l’unité arabe et islamique, cheikh Malek Zeidane.
Lors de la rencontre, un des membres de la délégation s’est félicité de l’avènement du juriste Ziyad Baroud au ministère de l’Intérieur au Liban, estimant que cela pourrait aider à une solution à la question des émigrés. Le patriarche a répondu : « Il y a au Liban des gens qui sont pour que les émigrés qui ont perdu leur nationalité libanaise la recouvrent, mais il y en a qui sont contre. »
En réponse à une question au sujet du gouvernement, il a dit : « Il y a des ministres qui sont nommés pour la première fois. Nous leur souhaitons du succès. » Il a ensuite ajouté : « Le passage au ministère rend les uns bons, mais les autres mauvais. »
Aujourd’hui, Mgr Sfeir est attendu à Canberra, la capitale d’Australie, où il doit rencontrer les dirigeants du pays.
L'Orient Le Jour 15.07.2008