Les journalistes du Bangladesh continuent de subir de très violentes agressions des militants politiques, selon les groupes Media Watch (MW), Reporters sans frontières (RSF) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ).
Certains des incidents les plus violents se sont produits dans la ville de Gaurnadi, près de Barisal (sud du pays). Sept correspondants de quotidiens nationaux ont été forcés de fuir la ville pendant la semaine du 23 juillet après avoir été la cible d’agressions répétées et de menaces de mort, rapporte RSF. Les journalistes ont porté plainte à la police contre leurs agresseurs le 30 juin, mais n’ont reçu aucune garantie quant à leur sécurité. Les journalistes sont d’avis que des militants de la Ligue Chattra Bangladesh (BCL), branche estudiantine de la Ligue Awami, et plus particulièrement leur chef, Reazul Karim Akandh, sont responsables des agressions et des menaces. RSF demande au gouvernement transitoire du Bangladesh d’assurer la sécurité des journalistes à Gaurnadi. "L’exclusion des journalistes de certaines parties du pays, pendant la campagne électorale, constituerait une sérieuse entorse à la liberté de la presse", dit RSF.
Un des journalistes qui ont fui Gaurnadi, Jahirul Islam, correspondant du "Prothom Alo", a été la cible d’une tentative d’assassinat le 16 juillet. Selon MW, les militants de la BCL ont agressé Islam, ont pris sa femme et sa fille en otages et lui ont injecté un poison. La FIJ ajoute que, quelques heures plus tard, Islam a reçu la visite d’un dirigeant de la Ligue Awami qui lui a offert de payer ses frais d’hospitalisation. Islam a refusé. Le 18 juillet, la police a arrêté des suspects dans cette affaire, indique la FIJ.
Lors d’un autre incident, rapportent MW et RSF, le 29 juillet, des inconnus ont lancé des bombes artisanales contre le domicile d’Al Amin Shahriar, correspondant du "Dainik Manav Zamin" à Bhola, dans le sud du pays. Le journaliste n’a pas été blessé dans l’attaque. RSF fait observer qu’Al Amin avait été menacé de mort la semaine dernière par des militants de la BCL mécontents de ses articles sur la corruption et le népotisme des dirigeants locaux de la Ligue Awami. MW ajoute que les membres de la BCL avaient avisé Al Amin de ne publier sur la Ligue Awami aucun reportage négatif susceptible de l’affecter aux prochaines élections.
Entre-temps, Ashok Dey, correspondant du "Dainik Kalyan" à Keshabpur, dans le sud-ouest du pays, a été attaqué par des individus non identifiés qui lui ont brisé une main. L’agression faisait suite à la plainte déposée par le journaliste le 18 juillet dernier contre des militants qui l’avaient menacé de mort. Certains témoins affirment que les agresseurs pourraient être des membres de la Ligue Awami.
En plus de ces agressions, la police a retrouvé le 22 juillet le cadavre d’Ahsan Ali, correspondant du "Dainik Jugantor" de la ville de Rupganj. Sa veuve a déclaré qu’Ali avait reçu des menaces de mort d’un dirigeant local de la BCL, rapporte la FIJ [voir le "Communiqué" 10-29 de l’IFEX].
ifex / jeudi 17 avril 2008