Sept mois après son élection, le 77e patriarche maronite avait suscité une polémique à l'occasion de sa visite en France. Interrogé sur la crise syrienne, il n'avait pas caché ses craintes pour l'avenir des chrétiens en cas de chute du régime Assad, provoquant l'incompréhension des médias occidentaux. Un malentendu qui souligne l'épineuse posture des chrétiens dans un monde arabe en pleine ébullition, en particulier au Liban qui a subi une guerre civile de 1975 à 1990, et reste très sensible aux soubresauts du voisin syrien.
Tawadros II, pape copte face à la montée de l'islamisme
Successeur du pape Chenouda III (1923-2012), cet évêque de 60 ans a été désigné le 4 novembre 2012 pape de l'Église copte-orthodoxe. Avec 10 millions de fidèles en Égypte et plusieurs centaines de milliers en diaspora, cette Église, que la tradition fait remonter à saint Marc, constitue la plus importante communauté chrétienne d'Orient. C'est dire si sa situation est perçue comme un baromètre de la présence chrétienne au sein du monde arabe…
Si la constitution ratifiée le 26 décembre par le président Mohammed Morsi maintient la liberté religieuse et l'égalité des citoyens, de nombreux coptes perçoivent la percée des Frères musulmans comme une menace pour leur avenir.
Jean X, un jeune patriarche pour Antioche
Rarement, dans l'orthodoxie, transition n'aura été si brève. Le 17 décembre 2012, deux semaines à peine après le décès d'Ignace IV (1920-2012), le métropolite Jean Yazigi, 57 ans, a été élu patriarche grec-orthodoxe d'Antioche et de l'Orient. Une urgence dictée par la situation chaotique en Syrie, où cette Église compte 1,3 million de fidèles sur un total de 1,8 million, le siège du Patriarcat étant à Damas.
Après 21 mois de conflit et plus de 60 000 victimes selon l'ONU, les chrétiens sont tentés par l'exil, pris en étau entre un régime au bord de la rupture et une rébellion qui compte dans ses rangs de nombreux islamistes. Jean X aura sans doute à cœur d'encourager les liens de confiance entre communautés, en prenant soin de ne pas paraître soutenir un camp contre l'autre.
Les Chaldéens d'Irak attendent un successeur au cardinal Emmanuel III Delly
Quelques jours avant Noël, Benoît XVI a accepté la démission du patriarche des Chaldéens Emmanuel III Delly, pour raison d'âge. En dix ans, la communauté chrétienne irakienne, qui comptait plus de 1 200 000 fidèles avant l'invasion américaine de 2003, a connu une hémorragie si forte qu'il ne resterait qu'entre 300 000 et 450 000 chrétiens dans le pays, en majorité chaldéens.
Quant à l'installation de nombreuses familles dans la région autonome du Kurdistan (au nord), elle est loin d'avoir réglé leur dilemme. Selon de nombreux observateurs, la tâche du successeur d'Emmanuel III Delly s'annonce très complexe.
Grégoire III Laham, au cœur du conflit syrien
Patriarche melkite depuis l'an 2000, Grégoire III Laham (80 ans) veille sur une communauté de 2 millions d'âmes, présente au Liban, en Palestine et au Syrie. Parfois critiqué pour sa proximité avec le régime de Damas, lui n'a de cesse d'appeler les Syriens à la réconciliation, au dialogue.
« Le monde arabe musulman a besoin de nous. Sans les chrétiens, ce n'est plus le monde arabe que l'on connaît. Ce que nous voulons, c'est une société où musulmans et chrétiens partagent la même vie, comme ils l'ont fait pendant plus de mille quatre cents ans », confiait-il à La Croix, en septembre 2012, à l'occasion de la visite du pape au Liban.
Ignace Youssef III Younan, à la tête d'une communauté éprouvée
Patriarche syrien-catholique siégeant à Beyrouth, Ignace Youssef III Younan (68 ans) a la charge de 175 000 fidèles de tradition syriaque unis à Rome. Une Église rudement éprouvée par l'instabilité du Proche-Orient, en particulier en Irak : en 2010, plus de 50 fidèles avaient été tués lors de l'assaut mené par des islamistes contre la cathédrale syrienne-catholique de Bagdad, provoquant un violent traumatisme chez l'ensemble des chrétiens d'Orient.
Antonios Naguib, un patriarche copte-catholique affaibli
L'Église copte-catholique est dirigée par un administrateur depuis que le patriarche Antonios Naguib (77 ans) a été victime, au mois de février 2012, d'un accident vasculaire cérébral l'empêchant d'assumer sa tâche. Cette communauté de 250 000 fidèles partage les inquiétudes des coptes-orthodoxes d'Égypte. Moins nombreux, ils bénéficient cependant de la solidarité de l'Église catholique.
Les Arméniens isolés depuis le décès de Torkom II Manougian
Le patriarche arménien de Jérusalem, Torkom II Manougian, est décédé le 12 octobre 2012. Son siège est actuellement vacant. 2 000 Arméniens vivent à Jérusalem, dont 1 500 sont issus de la diaspora engendrée par le génocide de 1915. Face au manque de perspectives, nombre d'entre eux émigrent à l'étranger. Cette Église compte par ailleurs 6 millions de fidèles dans le monde mais la traditionnelle présence arménienne à Jérusalem risque de s'éteindre.
Mgr Fouad Twal, la voix des Latins de Terre sainte
D'origine jordanienne, Mgr Fouad Twal (73 ans) a été nommé patriarche latin de Jérusalem en 2008, une juridiction fondée par les croisés après leur prise de la ville le 15 juillet 1099. Il est responsable des catholiques de rite latin d'Israël, de Palestine, de Chypre et de Jordanie, majoritairement Arabes.
Son principal défi consiste à assurer la pérennité d'une communauté fragilisée, comme le reste de la population palestinienne, par le conflit avec Israël. En Jordanie aussi, certains craignent une déstabilisation liée au conflit qui touche le voisin syrien.
Sources : archives « La Croix » et Œuvre d'Orient.