L'Institut Sophia de Bruxelles (Belgique) propose une année de formation et de réflexion pour s'enraciner dans la connaissance du Christ, de l'homme et du monde. Encouragé par les évêques de Belgique et des professeurs d'université,
il collabore avec l'Institut d'Etudes Théologiques (IET), la faculté de théologie des Jésuites, dont la pédagogie requiert à la fois un engagement intellectuel et une capacité de collaboration. L'Institut Sophia propose de son côté une vie communautaire, un accompagnement spirituel, et un temps de service social.
Deux étudiants qui terminent l'année Sophia, Bénédicte Baraton, de Nantes et Jean-Baptiste Kériel, de Toulouse, témoignent de leur année d'aventure.
Question – Bénédicte, qu'est-ce qui t'a décidé à faire cette année de formation à l'Institut Sophia ?
Bénédicte Baraton – A la fin de mes études commerciales, je souhaitais prendre le temps d'approfondir ma foi et de lui donner des bases solides. J'ai vu une annonce dans le bulletin de l'agence Zenit et j'ai senti que cela correspondait à ce que je cherchais.
Question – Jean-Baptiste, tu as aussi fait le choix de cette année, comment cela s'est-il passé ?
Jean-Baptiste Kériel – Cette année s'est déroulée telle une ascension radicale autant dans la vie proprement humaine (de l'intelligence, du corps, de l'esprit et du cœur) que dans la vie de foi. J'ai reçu des bases solides pour approfondir la philosophie, la théologie, la Parole de Dieu, la vie fraternelle…pour mieux connaître l'homme, le monde et sa complexité, et assumer la responsabilité de chrétien.
D'abord, il y a eu la joie de la découverte des cours, des autres étudiants, de la vie un peu à l'écart du berceau familial. Puis, dans un second temps, une période un peu plus dure où les crises ne sont pas loin, mais au travers desquelles nous expérimentons l'amour, le pardon, l'amitié réelle et la réalité de la vie fraternelle. Enfin, dans un troisième temps, nous découvrons le fruit de nos efforts dans tous les domaines, et surtout le fruit de nos amitiés, de notre travail et de notre foi. A ce stade là, nous sentons qu'un nouvel homme est né !
Question – Et pour toi Bénédicte, quels sont les grands acquis de ton année ?
Bénédicte Baraton – L'apprentissage de la simplicité, de la pauvreté, l'ouverture aux autres, l'écoute et la patience. Etre en communauté avec une dizaine de jeunes que l'on ne connaît pas du tout me semblait presque insurmontable au début. Finalement, c'est l'un des domaines dans lequel il me semble que j'ai le plus grandi.
Question – Quels sont les cours que vous avez préférés ?
Bénédicte Baraton – La philosophie, l'Écriture sainte et spécialement le livre de Job, la morale sexuelle et familiale, la bioéthique. Le niveau des cours est exigeant mais c'est tout simplement passionnant. Nous pouvons dire que nous avons reçu une introduction solide à l'exercice de la pensée dans notre monde contemporain.
Question – Quelle est l'ambiance des cours que vous suivez avec d'autres étudiants, dont une partie a répondu à un appel de Dieu ?
Bénédicte Baraton – C'est une ambiance extraordinaire car les autres étudiants nous ont beaucoup aidés. Leur accueil, leur gentillesse, leur manière de vivre, tout a été un appel à suivre le Christ, à notre manière.
De plus, nous avons été accompagnés sérieusement. C'est indispensable car on ne devient pas libre, responsable soi-même sans l'aide des autres. On a de temps en temps besoin d'un conseil, d'un coup de pouce pour avancer. C'est aussi la richesse du lieu qui permet de recevoir des conseils de lectures personnelles pour un approfondissement de telle ou telle matière.
Question – Dans le programme de la semaine, il y a une après-midi entière qui est dédiée à un service aux plus faibles, aux malades, aux démunis. Qu'est-ce que cela t'a apporté Bénédicte ?
Bénédicte Baraton – Personnellement, j'ai demandé à passer cet après-midi auprès des pères jésuites âgés. Ce fut pour moi une véritable source de joie et de paix. Ce don de mon temps m'a permis de prendre du recul par rapport à moi-même et de redécouvrir l'importance du don dans ma vie.
Question – Et toi Jean-Baptiste ?
Jean-Baptiste Kériel – Le service m'a fait découvrir une forme de bonheur que la société ne met pas en valeur. Cela a changé ma vie. Je passais l'après-midi, à l'Arche, auprès des personnes ayant un handicap. Travailler avec eux, me mettre au rythme de leur vie, vivre de leur simplicité m'a rendu vraiment heureux. Malgré la difficulté de leur vie, ils apportent le Bonheur véritable en ce monde qui le recherche désespérément dans la matérialité, la superficialité et le plaisir. Dieu m'a parlé à travers eux.
Question – Aux jeunes qui hésitent à prendre un an pour se former, que diriez-vous ?
Jean-Baptiste Kériel – Tout simplement qu'une parcelle de temps perdu à se « consacrer » dans une telle année est une « vie retrouvée » ! Nous avons troqué une année éphémère pour la convertir en vie éternelle.
Question – Comment envisagez-vous votre retour chez vous après cette année quelque peu exceptionnelle ?
Bénédicte Baraton – Je pense que cela sera difficile dans les premiers moments car si nous sommes devenus solides, le monde est tout à l'envers de celui que nous avons découvert au cours de cette année. Nous désirons devenir des témoins actifs en portant les fruits que nous avons cueillis au cours de cette année. Et comme Le Seigneur nous a guidés tout au long de notre vie, nous ne voyons pas pourquoi Il s'arrêterait maintenant.
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