Le pape Benoît XVI a rejoint hier soir Sydney où il doit présider à partir d’aujourd’hui les célébrations des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) alors que la polémique sur les abus sexuels dans l’Église australienne a connu un nouveau rebondissement.
Benoît XVI, arrivé dimanche en Australie, a quitté la résidence de l’Opus Dei dans les environs de Sydney, où il se reposait des fatigues du voyage le plus long qu’il ait entrepris depuis le début de son pontificat, pour s’installer dans la résidence épiscopale jouxtant la cathédrale.
Il sera salué ce matin par les autorités australiennes, avant l’accueil chaleureux que lui réservent sur le port les dizaines de milliers de jeunes catholiques du monde entier rassemblés à Sydney.
Arrivé en bateau sur le site de Barangaroo, où s’était tenue la messe d’ouverture des JMJ mardi, Benoît XVI sera accueilli par des danses aborigènes et s’adressera pour la première fois aux jeunes.
Le programme du pape en Australie s’achèvera dimanche matin par une messe géante sur un hippodrome de Sydney à laquelle sont attendues un demi-million de personnes. Benoît XVI devrait annoncer à cette occasion le nom de la ville qui accueillera les prochaines JMJ.
L’entrée en scène du pape deux jours après l’ouverture officielle des JMJ coïncide avec un nouvel épisode dans le dossier des prêtres pédophiles qui entache la réputation de l’Église australienne comme elle a entaché celle des États-Unis, où Benoît XVI s’était rendu en avril. Ce dernier avait alors exprimé sa « honte » devant le scandale et avait reçu des victimes, aujourd’hui adultes, de prêtres.
Les parents, installés en Europe, de deux jeunes filles victimes d’un prêtre de Melbourne ont annoncé leur venue à Sydney pour exiger une rencontre avec le pape et le cardinal George Pell, président de la conférence épiscopale. Anthony Foster, le père des deux jeunes filles, dont l’une s’est suicidée à la suite de l’agression qu’elle a subie, a indiqué à la télévision australienne qu’il attendait non seulement les excuses du pape et du cardinal, mais la mise en place d’un dispositif d’aide aux victimes « tout au long de leur vie ».
Le pape pourrait aborder ce sujet samedi, lors d’une messe qu’il doit célébrer avec les évêques et le clergé australien, a indiqué le porte-parole du Vatican Federico Lombardi lors d’un point de presse hier. Mais le père Lombardi a laissé entendre que Benoît XVI pourrait ne pas présenter à cette occasion des excuses formelles aux victimes mais parlerait plutôt de la façon dont l’Église doit choisir et former ses prêtres pour éviter de tels drames.
Après ses trois jours à la campagne où il s’est promené, a écouté de la musique et préparé ses discours, le pape, âgé de 81 ans, est « serein » et « reposé », a indiqué Federico Lombardi. Son séjour au « Kenthurst Study Centre » appartenant à l’organisation catholique conservatrice Opus Dei a été égayé hier par la visite de quelques animaux apportés par les gardiens d’un zoo. Les gardiens lui ont présenté un koala, un bébé wallaby, un python, un bébé crocodile, un lézard et un échidné, sorte de hérisson au long museau. « Nous voulions offrir au Saint-Père l’opportunité de découvrir une partie de la faune unique de l’Australie », a expliqué le père Mark Podesta, porte-parole des JMJ.
La scène a été immortalisée par le photographe de l’Osservatore Romano, le journal du Vatican, et par la télévision vaticane, seuls médias habilités à pénétrer dans l’intimité du pape.
L'Orient Le Jour 17.07.2008