Nous voici déjà au centre-ville, déclaré patrimoine culturel de l’humanité. On se promène dans les rues, passe par le Mercado Hidalgo, construit à cheval entre le XIX et le XX siècle, avec sa structure en fer forgé et maçonnerie.
Nous arrivons sur la Place de la Paz, où le pape s’arrêtera le samedi 24 mars, juste en face de la basilique collégiale de Notre-Dame de Guanajuato, entourée d’édifices coloniaux, banques, restaurants. C’est là que résidaient autrefois les comtes et les grands seigneurs.
C’est là, à l’intérieur, que se trouve la très belle sculpture en bois de la Mère du Christ.
L’histoire raconte que la communauté catholique de Granada, en Espagne, vénérait cette même image de la Vierge. En 714, quand les Maures envahirent la péninsule ibérique, la population la cacha dans une grotte humide pour la protéger d’éventuels sacrilèges. Elle y restera bien huit siècles et demi.
Une permanence qui aurait détruit le bois le plus résistant, mais pas cette image de la Bienheureuse Vierge Marie qui, malgré tout ce temps passé dans un lieu souterrain, humide et sans aération, est arrivée jusqu’à nous complètement indemne.
Elle est restée cachée pendant toute la période de domination musulmane, avant d’être récupérée, après la reconquête de Granada par les Rois catholiques, et donnée, à la moitié du XVIème siècle, à l’empereur Charles V du Saint Empire romain, roi d’Espagne sous le nom de Charles Ier.
L’évangélisation de la Nouvelle Espagne a commencé et en 1546 les collines de Guanajuato passent à la couronne de Castille.
Des rumeurs sur la découverte de gisements d’or et d’argent se mirent aussitôt à courir en 1548 et 1550. C’est alors que Charles V fit don aux terres de Guanajuato de la Vierge, retrouvée intacte à Santa Fe de Granada.
Quand Charles Quint abdiqua en faveur de son fils Philippe II, le nouveau roi réalisa le désir de son père et envoya à Guanajuato la statue de la Vierge, la commanditant au noble Perafán de Rivera, le premier maire de Real de Minas de Guanajuato, comme s’appelait la localité.
La Vierge est la patronne de Guanajuato depuis 1557, exactement depuis 455 ans. Mais sachant qu’elle a été cachée pendant huit siècles et demi dans la Grotte de Granada, son existence date donc depuis plus de 1200 ans!
Depuis, Notre Dame de Guanajuato est intervenue d’innombrables fois de manière miraculeuse, pour affermir la foi. Le premier prodige connu, c’est Perafán de Rivera lui-même qui l’a vécu, durant son voyage pour remplir la mission que lui avait confiée Philippe II.
L’architecte Cuauhtémoc Robles Bello, professeur à la faculté d’architecture de l’université de Guanajuato et membre du groupe des Perafanes raconte : « Don Perafán a transféré la Vierge par bateau, à bord de la Santa-Maria. A son arrivée à Veracruz (au sud du Mexique), la statue a été transportée à dos d’âne vers la haute plaine de la Yerbabuena à Guanajuato (au centre du Mexique). Craignant d’avoir perdu leur chemin et devant la forte possibilité d’une attaque des indigènes Chichimecas, qui résistaient à l’évangélisation, les voyageurs ont interrompu leur marche et improvisé un campement pour attendre le lever du jour. Ils ont mis la Vierge sur un grand tambour – une sorte de piédestal improvisé – et prié pour leur sécurité, demandant à la Vierge d’être leur boussole pour arriver à destination ».
Robles poursuit le récit du premier miracle attribué à Notre-Dame de Guanajuato et dit : « Le lendemain matin, les voyageurs ont vu deux colombes blanches voler dans la direction qu’ils devaient prendre pour accomplir leur mission, arrivant ainsi à la cité royale de Minas de Guanajuato, le 9 août 1557 ».
Il est midi désormais. Les cloches pour l’angélus sonnent. L’architecte interrompt la conversation pour une pause, comme font beaucoup de personnes dans la rue qui s’arrêtent de marcher. La radio que l’on entendait dans une des boutiques suspend sa musique et transmet la prière. Au bout de quelques minutes, l’architecte dit: « A Salamanque Guanajuato, j’ai vu des personnes s’agenouiller quand l’angélus se met à sonner ».
Ceci est un autre des beaux miracles de Notre Dame de Guanajuato! Devant la voracité de la vie quotidienne, de l’empressement, du flux de nouvelles qui arrive des médias, à Guanajuato tant de personnes s’adressent à la Vierge quotidiennement, à midi.
Nous poursuivons notre conversation. L’architecte nous raconte un autre événement miraculeux de la Vierge de Guanajuato: « Il y a des années, au XIXe siècle, des mineurs étaient restés ensevelis durant leur travail, cette situation déclenchant aussitôt un mouvement de prières, messes et offrandes à la Vierge. Miraculeusement, contre toute attente, vu les conditions de l’écroulement et du manque de technologies à ce moment-là, les mineurs en sont sortis vivants ».
Robles ne cache pas sa fierté d’être un citoyen de Guanajuato et un dévot de la Vierge. Aussi poursuit-il, « dans les années – en 1983 si je me souviens bien – l’Etat a traversé un moment très difficile. Une sécheresse sans précédent, une des pires depuis des années. Nous n’avions plus de’au pour les champs, ni pour les humains. Terrible! Alors nous sommes partis en procession avec la Vierge jusqu’à la digue de La Speranza, où le recteur de la basilique a célébré la messe avec des centaines et des centaines de fidèles. Nous avons prié pour son intercession, lui demandant de nous aider dans ce grave problème sans eau. Après la messe, nous avons pris le chemin du retour, et juste avant d’arriver il a commencé à pleuvoir très fort, permettant à la digue de s’approvisionner. Quel autre plus grand signe d’amour de notre Mère aurions-nous pu recevoir à ce moment-là ? », a conclu l’architecte, ému.
En cette année 2012, la Vierge fait un autre cadeau à ses enfants : la visite du pape Benoît XVI, a déclaré le recteur de la basilique, Mgr Juan Rodríguez Alba.
Notre prochain épisode sera sur la rencontre de Notre-Dame de Guanajuato avec le Saint-Père et la Route de la Vierge, dans l’Etat du Mexique.
Traduction d’Isabelle Cousturié
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