À Barcelone, le pape a été accueilli par une séance de « baisers homosexuels ». Le pape Benoît XVI a consacré hier la basilique de la Sagrada Familia à Barcelone, le chef-d'œuvre de Gaudi, symbole des valeurs traditionnelles de la famille
qu'il a défendues en dénonçant le mariage homosexuel et l'avortement. Peu avant, Benoît XVI avait été accueilli sur le chemin de la Sagrada Familia aux cris de « pédophile », « va-t'en ! », par 200 homosexuels s'embrassant à pleine bouche pour dénoncer les « discriminations » dont ils se disent victimes. Ces manifestants ont un moment croisé des fidèles de Benoît XVI, descendus dans les rues par dizaines de milliers aux cris de « Vive le pape », agitant des drapeaux jaune et blanc, les couleurs du Vatican.
Au deuxième jour de sa visite en Espagne, un pays qui a légalisé le mariage homosexuel et libéralisé l'avortement, où la laïcité gagne du terrain, le pape, dans son homélie, a défendu la famille comme union « indissoluble d'un homme et d'une femme ». Il a dénoncé l'avortement, dont la libéralisation cette année est l'une des réformes phares du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, en rappelant que l'Église « s'oppose à toute forme de négation de la vie ». Avant de quitter l'Espagne, il a visité un centre pour enfants handicapés soutenu par l'Église catholique, appelant au « respect de la vie » malgré les « nouveaux développements technologiques dans le domaine médical ». Samedi à Saint-Jacques-de-Compostelle, le pape avait dans des termes très incisifs dénoncé les dangers du retour à un anticléricalisme « agressif » en Espagne, rappelant les années 1930 et la guerre civile.
Traditionnel bastion de l'Église catholique, en particulier sous la dictature franquiste, l'Espagne connaît actuellement un recul de la religion et 73 % de ses habitants se disent catholiques, contre 80 % en 2002. La libéralisation de la société amorcée après la fin de la dictature en 1975 s'est amplifiée depuis 2005, avec le vote de lois simplifiant le divorce, légalisant le mariage homosexuel – 20 000 unions célébrées depuis 2005 – et libéralisant l'avortement.
Hier matin, lors d'une messe, le pape a élevé au rang de basilique la Sagrada Familia, œuvre emblématique de l'Art nouveau catalan signée de l'architecte Antoni Gaudi, qui devient ainsi un lieu de culte où sera célébrée la messe, plus important qu'une église dans la hiérarchie catholique. Toujours en chantier 128 ans après la pose de la première pierre en 1882, la Sagrada Familia, symbole de la sainte Famille, domine Barcelone de ses huit clochers.
Après le rituel de la bénédiction – l'autel et les murs aspergés d'eau bénite et d'huile sainte – la messe s'est ouverte sur quelques phrases en catalan de Benoît XVI, vêtu d'une mitre et chasuble or et d'une étole blanche ornée de croix rouges. Un orgue flambant neuf aux 1 492 tuyaux l'accompagnait, ainsi que 800 choristes. 6 500 invités avaient pris place dans l'église et 51 000 chaises étaient disposées à l'extérieur, tandis que les rues avoisinantes étaient noires de monde. Selon le Vatican, près de 60 000 personnes au total ont participé à cette cérémonie.
Les autorités locales ont estimé que 250 000 personnes avaient envahi les rues de Barcelone pendant cette journée. Le pape a renouvelé son hommage au « génial » Gaudi, qui a été « capable de créer dans cette ville un espace de beauté, de foi et d'espérance ». Selon le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, le pape a eu une « impression extraordinaire » lorsque les portes de la Sagrada Familia se sont ouvertes, découvrant la nef bordée de colonnes se terminant par des ramifications, selon les formes inspirées de la nature chères à Gaudi.
L'orient le jour