Dans son discours à la Curie romaine, le pape a évoqué le synode du Moyen-Orient, et a spécialemet remercié l'Eglise orthodoxe pour son hospitalité à Chypre, pour sa première rencontre avec les évêques de la région.
Le pape a rappelé que le « Synode des Églises du Moyen-Orient » a commencé avec ce voyage à Chypre (4-6 juin 2010) au cours duquel il a remis « l'Instrument de travail » du synode aux évêques de la région.
Benoît XVI a souligné l'ancrage de la communion avec l'orthodoxie : « L'hospitalité de l'Église orthodoxe dont nous avons pu faire l'expérience avec grande gratitude demeure inoubliable. Même si la pleine communion ne nous est pas encore donnée, nous avons pu toutefois constater avec joie que la forme de base de l'Église antique nous unit profondément les uns avec les autres : le ministère sacramentel des Évêques comme porteur de la tradition apostolique, la lecture de l'Écriture selon l'herméneutique de la « Règle de la foi », la compréhension de l'Écriture dans l'unité multiforme centrée sur le Christ qui se développe grâce à l'inspiration de Dieu et, enfin, la foi dans la centralité de l'Eucharistie dans la vie de l'Église ».
Il souligne la richesse spirituelle des Eglises catholiques orientales dans leurs différents rites, mais il déplore la division de l'île : « Nous avons eu des liturgies avec des Maronites et avec des Melchites, nous avons célébré en rite latin et nous avons eu des moments de prière œcuménique avec les Orthodoxes, et, en des manifestations imposantes, nous avons pu voir la riche culture chrétienne de l'Orient chrétien ».
« Mais nous avons vu aussi le problème du pays divisé », a constaté le pape qui en appelle à « la compréhension mutuelle » pour rétablir l'unité : « Préparer les gens à cette attitude de paix est une tâche essentielle de la pastorale ».
Pour ce qui est du Moyen-Orient le pape dénonce la persécution des chrétiens : « Dans la situation actuelle, les chrétiens sont la minorité la plus opprimée et tourmentée. Pendant des siècles ils ont vécu pacifiquement avec leurs voisins juifs et musulmans ».
Il cite « les paroles sages du conseiller du Mufti de la République du Liban contre les actes de violence à l'égard des chrétiens », qui disait : « Avec l'agression des chrétiens, nous sommes blessés nous-mêmes ».
« Malheureusement, cependant, cette voix de la raison et d'autres analogues, dont nous sommes profondément reconnaissants, sont trop faibles, a constaté le pape. Ici aussi l'obstacle est le lien entre avidité de lucre et aveuglement idéologique ».
« Sur la base de l'esprit de la foi et de sa justesse, le Synode a développé un grand concept du dialogue, du pardon et de l'accueil mutuel, un concept que maintenant nous voulons crier au monde », déclare Benoît XVI.
Il insiste sur la dignité de chaque personne : « L'être humain est unique et l'humanité est unique. Ce qui, en quelque lieu, est fait contre l'homme finalement les blesse tous. Ainsi les paroles et les pensées du Synode doivent être un cri fort adressé à toutes les personnes qui ont une responsabilité politique ou religieuse pour qu'ils arrêtent la christianophobie ; pour qu'ils se lèvent pour défendre les réfugiés et ceux qui souffrent et revitaliser l'esprit de la réconciliation ».
Pour Benoît XVI, ce dont le Moyen-Orient – et l'humanité – ont le plus besoin, c'est de Dieu : « En dernière analyse, la guérison peut venir seulement d'une foi profonde dans l'amour réconciliateur de Dieu. Donner force à cette foi, la nourrir et la faire resplendir est la tâche principale de l'Église en ce moment ».
« Prions-le donc de nous réveiller du sommeil d'une foi devenue fatiguée et de redonner à la foi le pouvoir de déplacer les montagnes – c'est-à-dire de donner l'ordre juste aux choses du monde » , a conclu le pape.
Anita S. Bourdin
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