Entre ces deux titres on entrevoit l'essentiel du message du pape, adressé samedi matin, 13 novembre, aux membres de l'assemblée plénière du Conseil pontifical de la culture, présidé par Mgr Gianfranco Ravasi, et réunie autour du thème : « Culture de la communication et nouveaux langages ». On pense inévitablement au titre du cardinal Hans Urs von Balthasar « Seul l'amour est digne de foi ».
« La beauté de la vie chrétienne est encore plus décisive que l'art et que l'image pour communiquer le message évangélique », a fait observer Benoît XVI.
Et de préciser : « A la fin, seul l'amour est digne de foi et se révèle crédible. La vie des saints, des martyrs, montre une beauté singulière qui fascine et qui attire, parce qu'une vie chrétienne vécue en plénitude parle sans paroles. Nous avons besoin d'hommes et de femmes qui parlent par leur vie, qui sachent communiquer l'Evangile avec clarté et courage, par la transparence de leurs actes, avec la passion joyeuse de la charité ».
Le pape souhaite que devant « la force bouleversante du témoignage », les hommes et les femmes d'aujourd'hui puissent dire, comme les disciples d'Emmaüs après leur rencontre avec Jésus : « Notre cœur n'était-il pas brûlant pendant qu'il nous parlait sur le chemin ?»
Le pape encourage aussi à la créativité pour contacter le monde des jeunes souvent « étourdis » par les nouvelles technologies qui au lieu de servir la communication augmentent leur « solitude » et leur confusion. Mais pour cette tâche « difficile et fascinante » de communiquer la foi, l'Eglise, recommande le pape, peut puiser dans le « patrimoine extraordinaire » des symboles et des images de la tradition.
Le pape appelle à mettre en valeur le « symbolisme riche et dense de la liturgie » qui doit « resplendir dans toute sa force comme un élément de la communication jusqu'à toucher profondément la conscience humaine, le cœur et l'intellect » : « La tradition chrétienne a toujours relié de façon étroite la liturgie et le langage de l'art, dont la beauté a une force communicative particulière ».
« Dans un monde dont la stratégie dominante est la communication, l'Eglise, dont la mission est de communiquer à tous l'Evangile du Salut, ne peut rester étrangère ou indifférente à ce phénomène », a ajouté le pape.
Il faut que lorsque l'Eglise cherche de nouveaux langages pour communiquer la beauté de la foi, elle reste consciente que seul le témoignage vécu dans l'amour « parle sans paroles ».
La communication, reconnaît Benoît XVI est un « des nœuds cruciaux de notre monde ». Dieu lui-même « a voulu « dans sa bonté et sa sagesse » se communiquer à l'humanité dans le Christ.
Et le rôle du Conseil pontifical de la culture est justement de « se mettre à l'écoute des hommes et des femmes de notre temps pour promouvoir de nouvelles occasions d'annonce de l'Evangile », dans un climat de « profonde transformation culturelle, caractérisé par de nouveaux langages et de nouvelles formes de communication ».
« Dans ce contexte, explique le pape, les pasteurs et les fidèles sont préoccupés par certaines difficultés dans la communication du message évangélique et dans la transmission de la foi, à l'intérieur même de la communauté ecclésiale. Comme je l'ai écrit dans l'exhortation apostolique post-synodale « Verbum Domini » : « tant de Chrétiens ont besoin que leur soit ré-annoncée de façon persuasive la Parole de Dieu, afin qu'ils puissent expérimenter concrètement la force de l'Évangile » (n. 96). Les problèmes semblent augmenter quand l'Eglise s'adresse aux hommes et aux femmes qui sont loin et indifférents à une expérience de foi, auxquels le message évangélique arrive de façon peu efficace ».
« Dans un monde qui fait de la communication la stratégie gagnante, l'Eglise, fait remarquer le pape, ne reste pas indifférente », mais elle cherche à utiliser les nouveaux modes de communication « avec un nouvel élan créatif » et « avec un sens critique et un discernement attentif ».
« L'incapacité pour le langage de communiquer le sens profond et la beauté de l'expérience de foi peut contribuer à l'indifférence de tant de personnes, surtout les jeunes ; cela peut devenir un motif d'éloignement, comme l'affirme la constitution « Gaudium et spes », en relevant qu'une présentation inadéquate du message cache plus qu'elle ne manifeste l'authentique visage de Dieu et de la religion ».
« L'Eglise veut dialoguer avec tous, à la recherche de la vérité, mais afin que le dialogue et la communication soient efficaces et féconds, il est nécessaire de se brancher sur la même fréquence », insiste Benoît XVI.
Enfin, le pape rappelle sa proposition de dialogue et de rencontre avec qui est loin de la foi, la « Cour des gentils » que le Conseil pontifical est en train de mettre sur pied en Europe.
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