Le livre analyse le pontificat de ce grand pape dans une première partie, puis donne la parole à nombre de personnalités pour lui rendre hommage dans la seconde partie.
Il est disponible en librairie en France (9,90 euros) et sur le site internet de La Nef (www.lanef.net).
BENOÎT XVI : LE PONTIFICAT DE LA JOIE
PRÉFACE DU CARDINAL PHILIPPE BARBARIN
Le pontificat de Benoît XVI. Son enseignement, intrinsèquement lié à l’œuvre immense du théologien Joseph Ratzinger, oserais-je le résumer en un seul mot, Caritas ?
Il apparaît dès le titre de sa première encyclique, Deus caritas est, publiée le jour de Noël 2005 ; on le retrouvera bien souvent par la suite. Avec une audace novatrice, il reprend ce nom biblique de Dieu en s’éloignant des clichés qui s’appliquaient toujours à distinguer érôs, l’amour de désir, philia, l’amour d’amitié, et agapè, la charité. Non, pour Benoît XVI, Dieu est la source de tout amour ; même érôs a sa place dans la vie divine.
Quand est publiée, quelque temps plus tard, l’exhortation apostolique présentant le fruit du synode d’octobre 2005 sur l’Eucharistie, ce sacrement est présenté comme le Sacramentum caritatis. Voilà donc la plus belle preuve de son amour pour ses enfants, la marque de son attention pour nous.
Cette charité a un amont, c’est la vérité. En 2009, Benoît XVI intitule sa troisième encyclique Caritas in veritate. A entendre le titre, j’imaginais qu’il y serait question de l’amour authentique, celui dont parle saint Jean – « Si quelqu’un dit : “J’aime Dieu” et qu’il déteste son frère, c’est un menteur » (1 Jn 4, 20) – ou saint Jacques lorsqu’il lie la foi et les œuvres (2, 14-26). Là aussi, surprise ! Dans cette encyclique sociale, le Saint-Père cherche à ancrer l’action et les initiatives de notre amour, dans la vérité la plus profonde. C’est une condition essentielle pour que la charité demeure active et traverse les nombreux obstacles qui se présentent. Benoît XVI étonne ses lecteurs en affirmant que la gratuité, celle qui existe en Dieu, source de tout amour, doit avoir sa place dans le monde du travail. Elle ne nuit pas à l’efficacité ni au rendement, ce que beaucoup de chefs d’entreprise reconnaissent après avoir pris le temps d’y réfléchir.
La charité a aussi un aval, c’est la liberté. Et, précisément, « la vérité vous rendra libres » dit Jésus (Jn 8, 32) – verset préféré de Jean-Paul II de tout l’Evangile. On se souvient du merveilleux discours du cardinal Ratzinger, lors de sa réception à l’Institut de France, en 1992. Il prononce l’éloge d’Andreï Sakharov, ce qui lui permet de dire que la liberté est l’un des biens les plus précieux de notre condition humaine, mais d’avertir en même temps que « la liberté peut s’abolir elle-même, se dégoûter d’elle-même, une fois qu’elle est devenue vide ».
Une seconde encyclique sur l’espérance, Spe salvi, du 30 novembre 2007, est passée presque inaperçue, malheureusement. Après une partie qui explicite et éclaire le concept d’espérance, le pape regarde les conséquences concrètes du don de l’espérance dans notre vie chrétienne, avant de nous confier à Marie, « étoile de l’espérance ».
On nous dit qu’il préparait une nouvelle Lettre, sur la foi, ces temps-ci. Espérons que son successeur l’encouragera à la publier et que nous pourrons aussi la lire et la travailler. Car celui qui a été Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi pendant plus de vingt ans sous le pontificat de Jean-Paul II et qui vient d’arriver au terme du sien, nous livrera certainement là un texte de haut niveau et de grande portée. On y trouvera le fruit de toute une vie de travail et de service, bien résumée dans sa devise épiscopale « coopérateurs de la vérité » (3 Jn 8) !
Cardinal Philippe Barbarin
Archevêque de Lyon
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