Il faut que les médias se fassent une raison. Ils n’imposeront pas leur diktat à l’Église et au Pape. Non, le jour de Pâques n’est pas dévolu à la poursuite des polémiques .
et Benoît XVI ne s’est pas soumis à leurs prétentions à déstabiliser et à délégitimer son autorité spirituelle. Donc, le Pape, durant toute la Semaine sainte et jusqu’au matin de la célébration de la victoire sur la mort, n’a cessé de décliner le message qu’il a lui-même reçu et qui est la seule justification de l’existence de l’Église, hier, aujourd’hui et demain. « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine » affirmait Saint Paul, et Benoît XVI reprend la même Bonne Nouvelle qui bouleverse toutes les logiques de la culture de mort, celles qui tendent à la disparition définitive du visage humain par l’annonce de la non-existence de Dieu, et parfois même de son meurtre (« Nous l’avons tous tué » proclamait le Zarathoustra de Nietzsche).
Mais la Résurrection est elle-même liée à la plus profonde détermination de la mort et du mal que seule la révélation de la gravité du péché permet de comprendre. C’est pourquoi Pâques ne reçoit sa signification que de la tragédie qui commence dans la soirée du Jeudi saint et se consomme dans le supplice de la croix. L’actualité la plus quotidienne, la plus morbide avec les scandales qui touchent le sacerdoce et l’institution, ne se découvre dans ses ressorts humains les plus spécifiques que dans l’abîme où se défait notre identité d’enfants de Dieu, créés à la ressemblance du Dieu trois fois saint. L’Église ne peut donc considérer ses propres péchés que du point de vue du kérygme qu’elle doit proclamer à temps et à contre-temps. Le Pape actuel est sans doute l’homme le plus pénétré du mystère d’iniquité qui atteint le corps presbytéral. Il le dénonçait en termes inoubliables lors du chemin de croix du Colisée de 2005, à quelques jours de la mort de Jean-Paul II. Devenu Benoît XVI, il est possédé de la même certitude, celle qui associe la conscience du péché à l’espérance du salut apporté par le Christ. « Si le Christ – l’Agneau de Dieu – n’avait pas versé son sang pour nous, nous n’aurions aucune espérance… Mais la Pâque a renversé la perspective. » L’Église peut vivre le plus terrible exode, elle n’en professera pas moins sa joie d’être sauvée.