Benoît XVI a évoqué « l'heureux déroulement » de son voyage en France lors de l'audience hebdomadaire du mercredi : c'est en effet la coutume, au lendemain d'un voyage à l'étranger, que le pape fasse un bilan lors de l'audience du mercredi.
Benoît XVI a tout d'abord évoqué le premier volet de ce « diptyque », selon le terme qu'il employait déjà lors de son départ de l'aéroport de Tarbes-Lourdes, lundi en milieu de journée.
« Une visite dont le moment culminant, comme vous le savez, a été le pèlerinage à Lourdes, à l'occasion du 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à sainte Bernadette », rappelait Benoît XVI.
Benoît XVI a rappelé le « rôle civilisateur » de l'Eglise en disant : « La visite a commencé à Paris, où j'ai rencontré idéalement tout le peuple français, rendant ainsi hommage à une nation bien-aimée dans laquelle l'Eglise, déjà depuis le IIème siècle, a joué un rôle civilisateur fondamental ».
Il soulignait, comme il l'a fait à l'Elysée, dès vendredi, 12 septembre, l'origine évangélique de la distinction entre le politique et le religieux en ces termes : « Il est intéressant que, précisément dans ce contexte, ait mûri l'exigence d'une saine distinction entre domaine politique et domaine religieux, selon la célèbre phrase de Jésus : ‘Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu' (Mc 12, 17) ».
« Sur les monnaies romaines était imprimée l'effigie de César et c'est pourquoi celles-ci devaient lui être restituées, mais dans le cœur de l'homme il y a l'empreinte du Créateur, unique Seigneur de notre vie », a commenté Benoît XVI.
Mais Benoît XVI rappelle aussi l'importance du dialogue entre ces deux sphères d'activité, car l'enjeu, c'est la liberté humaine : « L'authentique laïcité n'est donc pas faire abstraction de la dimension spirituelle, mais reconnaître que celle-ci est précisément, de manière radicale, la garante de notre liberté et de l'autonomie des réalités terrestres, grâce aux préceptes de la Sagesse créatrice que la conscience humaine sait accueillir et mettre en œuvre ».
Aux Bernardins, le pape s'est penché sur : « Les origines de la théologie occidentale et les racines de la culture européenne », en rendant hommage au cardinal Lustiger, en citant « le Collège des Bernardins, que le regretté cardinal Jean-Marie Lustiger voulut valoriser comme centre de dialogue culturel, un édifice du XIIème siècle, construit pour les cisterciens, où les jeunes ont fait leurs études ».
« La présence de cette théologie monastique a donné également naissance à notre culture occidentale », a affirmé Benoît XVI.
« Le point de départ de mon discours a été, a expliqué le pape, une réflexion sur le monachisme, dont le but était de rechercher Dieu, quaerere Deum ».
Alors que s'approche l'ouverture du synode sur la Parole de Dieu, le pape a souligné qu'à l'époque de « la crise profonde de la civilisation antique, orientés par la lumière de la foi, les moines choisirent la voie maîtresse : la voie de l'écoute de la Parole de Dieu ».
Et d'expliquer : « Ils furent donc les grands spécialistes des Saintes Ecritures et les monastères devinrent des écoles de sagesse et des écoles « dominici servitii », « du service du Seigneur », comme les appelait saint Benoît. La recherche de Dieu conduisait ainsi les moines, par sa nature, à une culture de la parole. Quaerere Deum, chercher Dieu, ils le cherchaient sur les traces de sa Parole, et ils devaient donc connaître toujours plus en profondeur cette Parole. Il fallait pénétrer dans le secret de la langue, la comprendre dans sa structure ».
Benoît XVI a souligné que cette recherche avait donc débouché sur les sciences profanes et la « culture »: « Pour la recherche de Dieu, qui s'est révélé à nous dans les Saintes Ecritures, les sciences profanes, qui visaient à approfondir les secrets des langues, devenaient ainsi importantes. En conséquence, cette eruditio, qui devait permettre la formation de la culture, se développait dans les monastères. C'est précisément pour cela que quaerere Deum – chercher Dieu, reste aujourd'hui comme hier la voie maîtresse et le fondement de toute véritable culture ».
Benoît XVI évoquait la célébration des vêpres à Notre-Dame et l'architecture lui offrait cette heureuse transition : « L'architecture aussi est l'expression artistique de la recherche de Dieu, et il ne fait aucun doute que la cathédrale Notre-Dame à Paris en constitue un exemple de valeur universelle ».
« A l'intérieur de ce temple magnifique (…), j'ai exhorté les prêtres, les diacres, les religieux, les religieuses et les séminaristes venus de toutes les parties de la France, à accorder la priorité à l'écoute religieuse de la Parole divine, en regardant la Vierge Marie comme un modèle sublime ».
Benoît XVI a noté ensuite que les jeunes étaient, sur le parvis, « nombreux et enthousiastes » et il rappelait qu'il leur a confié « deux trésors de la foi chrétienne : l'Esprit Saint et la Croix ».
Benoît XVI a tenu a expliquer que c'est l'Esprit qui, justement, « ouvre l'intelligence humaine à des horizons qui la dépassent et lui fait comprendre la beauté et la vérité de l'amour de Dieu, révélé précisément dans la Croix ».
Le pape a aussi évoqué sa halte à l'Institut de France, siège des cinq Académies nationales : « j'ai rencontré mes collègues avec grande joie ».
Enfin, à propos de la célébration aux Invalides, le pape a résumé son homélie ne disant : « En reprenant les paroles de l'apôtre Paul aux Corinthiens, j'ai invité les fidèles de Paris et de la France entière à rechercher le Dieu vivant, qui nous a montré son véritable visage en Jésus présent dans l'Eucharistie, en nous incitant à aimer nos frères comme Il nous a aimés ».
ROME, Mercredi 17 septembre 2008 (ZENIT.org)