Les organisations de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières et la Burma media association, dénoncent la situation de l’Internet en Birmanie et demandent la libération du blogueur Nay Phone Latt.
"Voici un mois que Nay Phone Latt est détenu abusivement. Les autorités l’ont d’abord inculpé au titre de l’Emergency Provision Act pour atteinte à la moralité. C’est un chef d’accusation très vague, qui permet d’arrêter tous les activistes qui propagent des idées contraires à la politique de la junte au pouvoir. Les autorités lui reprochent d’avoir été en possession d’un film qu’elles jugent contraire à leur idéologie. Il risque trois ans de prison. Nous demandons aux autorités de le relâcher", ont déclaré les deux organisations.
Nay Phone Latt, blogueur et propriétaire de deux cybercafés à Rangoon, a été arrêté le 29 janvier 2008 au titre de la section 5 (J) de l’Emergency Provision Act de 1950, qui s’applique à tout individu ayant "intenté à la moralité ou à la conduite d’un groupe d’individus ou des individus en général qui porterait atteinte à la sécurité, à la stabilité ou à la restauration de l’ordre".
D’après sa famille, une nouvelle charge pèse à son encontre en vertu de la loi régulant la télévision et la vidéo (http://www.blc-burma.org/html/myanmar%20law/lr_e_ml96_08.html), qui instaure le contrôle de tous les contenus politiques par le gouvernement et peut condamner l’accusé à trois ans de prison. Il est inculpé au titre de la section 32b de cette loi qui concerne "toute personne accusée de copier, distribuer, héberger ou montrer une vidéo qui n’a pas obtenu d’autorisation" de la part du gouvernement. Nay Phone Latt serait serait en possession d’une vidéo d’une pièce de théâtre traditionnelle birmane, le "A-Nyeint", de la troupe "Thu-Lay-Thi" ("Quatre fruits"). Ses spectacles sont actuellement interdits en Birmanie.
Depuis janvier 2008, les cybercafés font l’objet d’un contrôle strict de la part des autorités. Leurs propriétaires doivent conserver les données de leurs clients et les faire parvenir chaque semaine à une unité spéciale de police du département de l’information. Selon le magazine indépendant Irrawady (http://www.irrawaddy.org/), "certains militaires du régime renforcent leur présence dans les cybercafés, car ils deviennent des lieux de rencontre où il est possible de partager différents points de vue et opinions". Le réseau Internet connaît également un ralentissement de la connexion, qui empêche notamment l’utilisation de logiciels destinés à contourner la censure, est observé depuis quelques semaines.
Par ailleurs, Reporters sans frontières et la Burma media association demandent aux autorités de fournir des explications sur l’arrestation des journalistes Thet Zin et U Sein Win Maung, respectivement rédacteur en chef et directeur du Myanmar Nation. Ils ont été arrêtés le 15 février 2008, sans qu’aucun motif n’ait été invoqué. Les autorités leur reprocheraient d’être en possession de documents qu’ils auraient téléchargés sur Internet. Les bureaux du magazine ont été fermés par la police qui a laissé entendre que l’arrestation était liée à leurs activités.
Reporters sans frontieres- 28/02/2008