décrit à l’Aide à l’Eglise en détresse le moment actuel que traverse la Birmanie (Myanmar), quelques jours après le soixante-cinquième anniversaire de l’indépendance célébré le 4 janvier dernier.
« Le défi principal consistera à éduquer notre peuple et à fortifier leur foi, poursuit l’archevêque. Après quarante ans d’oppression, nous devons apprendre ce qu’est le véritable sens de la liberté ». La nouvelle ouverture du gouvernement birman s’accompagne d’une plus grande reconnaissance du facteur religieux dans la construction du pays.
« Le gouvernement actuel et le chef de l’opposition, Aung San Suu Kyi, sont conscients de l’influence que nous exerçons, nous, les responsables religieux ». Une responsabilité qui a poussé les représentants de l’Eglise catholique et d’autres dénominations chrétiennes à chercher ensemble une voie pour contribuer à la promotion de valeurs comme l’intégrité, le pardon et la réconciliation. La prochaine rencontre, prévue du 14 au 16 janvier, est organisée par l’archidiocèse de Yangon en collaboration avec le Conseil des Eglises du Myanmar (MCC).
L’archevêque évoque des pas en avant dans les relations avec les autres religions. « Dans le passé, la collaboration entre les différentes croyances religieuses était vue avec suspicion et entravées par le régime militaire. Maintenant que nous sommes plus libres, nous espérons un dialogue religieux plus profitable. 85% des 55 millions de Birmans sont de religion bouddhiste. Les chrétiens représentent environ 7% de la population (1,3% pour les catholiques, qui sont 750.000) et les musulmans 3,8%. Cependant, dans certaines régions, on enregistre des pourcentages élevés de fidèles chrétiens : dans les Etats de Chin (72,7%), Kayah (39,7%) et Kachin (36,4%) ; en revanche, dans celui de Rakhine, 28,4% de la population sont des musulmans.
Le processus des petites réformes destinées à réhabiliter la Birmanie aux yeux de la communauté internationale n’a cependant pas eu d’effet sur la position du régime vis-à-vis de l’ethnie Kachin, en majorité chrétienne, toujours victime de violentes persécutions, et vis-à-vis de la minorité musulmane des Rohingya.
Et l’Eglise continue de faire front à de nombreux défis et contraintes. « Nous devons travailler avec le poids de limitations inconcevables pour les pays occidentaux, explique à l’Aide à l’Eglise en détresse Mgr Francis Daw Tang, évêque de Myitkyina, chef-lieu de l’Etat Kachin. En termes de développement économique et de liberté politique, le Myanmar est parmi les derniers pays du monde ». Le petit diocèse de l’Etat de Birmanie septentrionale parvient à alimenter la foi et l’espérance des croyants uniquement grâce au soutien d’œuvres comme l’Aide à l’Eglise en détresse. « L’AED chemine à nos côtés et partage avec nous nos batailles, nous donnant le courage de surmonter toute épreuve et toute difficulté ».
En 2011, L’Aide à l’Eglise en détresse a donné plus d’un million d’euros à l’Eglise au Myanmar.
L’« Aide à l’Eglise en détresse » (AED) est une fondation de droit pontifical fondée en 1947 par le père Werenfried van Straaten. Elle réalise des projets pour soutenir la pastorale de l’Eglise, là où elle est persécutée ou privée de moyens pour remplir sa mission. En 2011, la fondation a recueilli plus de 82 millions d’euros dans les dix-sept pays où elle est présente avec un siège national et a réalisé plus de 4.600 projets dans 145 nations.
Traduction de Zenit, Hélène Ginabat