Le magnat australo-américain Rupert Murdoch a provoqué la stupeur générale en annonçant hier la fermeture du News of the World, le tabloïd dominical fleuron de son empire britannique au cœur d’un retentissant scandale d’écoutes téléphoniques.
Le NOTW, créé il y a 168 ans et qui tire à près de 2,8 millions d’exemplaires, s’est fait au fil des ans le champion des scoops. Il a été récemment récompensé pour avoir démasqué une affaire de matches de cricket truqués impliquant des joueurs de l’équipe nationale pakistanaise. Ses méthodes cependant ont souvent été dénoncées comme contestables sinon illégales, après des exclusivités acquises à grand renfort de caméras cachées et de journalistes déguisés en cheikh ou hommes d’affaires. Le correspondant royal du NOTW et un détective privé, Glenn Mulcaire, travaillant pour le compte du journal à sensation, avaient été condamnés à des peines de prison ferme après un premier scandale d’écoutes, en 2007. Le même détective sulfureux et d’autres journalistes sont depuis peu visés par un nouveau déluge de révélations qui ont suscité l’indignation. Au point que la police a évoqué de possibles interpellations à venir. Parmi les suspects figurent également des policiers qui auraient reçu de l’argent en échange d’informations. « Le News of the World a pour métier de demander des comptes aux autres. Mais il ne s’est pas appliqué ce principe », a reconnu hier James Murdoch.
Alors que les premières écoutes concernaient des politiciens, personnalités, membres de la famille royale, stars de l’écran ou du monde sportif, il apparaît désormais que les enquêteurs du NOTW ont aussi écouté les portables de victimes de crimes crapuleux, des proches de personnes tuées dans un attentat d’el-Qaëda ayant fait 52 morts à Londres en 2005, ou encore les familles de militaires morts en Irak ou en Afghanistan. « Si c’est vrai, c’est écœurant », a déclaré hier sur la BBC Rose Gentle, mère d’un soldat tué en Irak, soulignant la « colère » des familles. L’ancien chef d’état-major Richard Dannatt s’est déclaré « abasourdi », l’ex-commandant des forces britanniques en Afghanistan Richard Kemp est « resté muet de colère », tandis que le chef de l’opposition travailliste Ed Milliband se disait « dégoûté ». La police a précisé que la liste des personnes susceptibles d’avoir été écoutées pourrait compter jusqu’à 4 000 noms.
L’indignation a été largement partagée par les députés à l’occasion d’un débat d’urgence mercredi, et par les Lords hier. Le Premier ministre David Cameron a pour sa part souhaité une accélération de l’enquête policière en cours. Il a fait savoir qu’il rencontrerait la semaine prochaine le chef de l’opposition travailliste Ed Miliband pour discuter d’une commission publique d’enquête destinée à faire toute la lumière sur les agissements du NOTW, et de la presse plus généralement.
Nombre de journaux, dont The Times pourtant membre du groupe News Corp, se sont publiquement désolidarisés des pratiques du NOTW. De leur côté, les annonceurs ont fait savoir les uns après les autres qu’ils retiraient leurs budgets publicitaires.
L’affaire des écoutes empoisonne la vie politique au Royaume-Uni depuis des mois. Elle s’est notamment traduite en janvier par la démission du directeur de la communication de David Cameron, Andy Coulson, ancien rédacteur en chef du NOTW éclaboussé par le scandale. Elle est également embarrassante car le chef du gouvernement, considéré comme un proche de Rupert Murdoch, s’apprêtait à donner son feu vert définitif au rachat de la totalité du bouquet satellitaire BSkyB par le groupe du magnat américano-australien.
Déjà confronté à la colère des médias qui estiment le pluralisme de la presse menacé par l’empire Murdoch, le Premier ministre fait face désormais à une forte pression politique pour geler le dossier.
L’indignation a été largement partagée par les députés à l’occasion d’un débat d’urgence mercredi, et par les Lords hier. Le Premier ministre David Cameron a pour sa part souhaité une accélération de l’enquête policière en cours. Il a fait savoir qu’il rencontrerait la semaine prochaine le chef de l’opposition travailliste Ed Miliband pour discuter d’une commission publique d’enquête destinée à faire toute la lumière sur les agissements du NOTW, et de la presse plus généralement.
Nombre de journaux, dont The Times pourtant membre du groupe News Corp, se sont publiquement désolidarisés des pratiques du NOTW. De leur côté, les annonceurs ont fait savoir les uns après les autres qu’ils retiraient leurs budgets publicitaires.
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Déjà confronté à la colère des médias qui estiment le pluralisme de la presse menacé par l’empire Murdoch, le Premier ministre fait face désormais à une forte pression politique pour geler le dossier.
L'orient le jour