Reporters sans frontières et son organisation partenaire, la Burma Media Association, ont obtenu la copie d’un document, récemment adressé par le Bureau de la censure militaire aux médias birmans, détaillant dix règles imposées aux éditeurs et les sanctions auxquelles ils s’exposent en cas de violation.
"Ce document est un modèle de contrôle de l’information dans la mesure où les autorités menacent de sanctions, allant jusqu’à l’incarcération, les éditeurs qui ne respecteraient pas les règles de la censure préalable. Cette circulaire confirme que la Birmanie demeure un paradis pour les censeurs. Et les militaires ne reculent devant rien pour s’assurer qu’aucune information gênante n’échappe à leur contrôle. Ce document inédit montre dans quel contexte de censure et de menaces la presse privée tente d’informer la population", ont affirmé les deux organisations.
La première règle énoncée par le document est un rappel du principe de la censure préalable : "La publication de toute photo, dessin, peinture, article, roman, ou poème sans avoir été présentée, sera punie." Le Bureau de la censure détaille ensuite neuf autres restrictions auxquelles sont appelés à se soumettre les responsables de publication : certains articles sont interdits en première page, les modifications après vérification des autorités sont prohibées, les photos ou les dessins doivent être à la taille autorisée, tout document rejeté une fois par la censure ne doit pas être représenté.
Ce document, adressé en septembre aux médias birmans, détaille dans une seconde partie les sanctions prévues pour toute violation des interdits. Afin d’intimider les directeurs de publication, le Bureau de la censure liste cinq sanctions possibles : 1. Les publications seront saisies 2. Le droit de publication sera suspendu 3. La rotative utilisée pour l’impression sera confisquée 4. Le droit de publication sera suspendu à vie 5. Les lois de 1962, qui prévoient de lourdes peines de prison, seront appliquées.
La Birmanie compte actuellement plus d’une centaine de publications privées, toutes soumises à la censure préalable du Bureau de contrôle de la presse, dirigé par le major Tint Swe. En plus des sujets traditionnellement interdits, tels que la démocratie, la situation d’Aung San Suu Kyi ou la crise socio-économique, des événements nationaux et internationaux sont régulièrement passés sous silence.
RSF 04.11.2008