La violence persistante en Côte d'Ivoire suscite de l'inquiétude auprès des responsables du Bureau catholique pour l'enfance, le BICE.
« C'est le chaos total. Jamais on n'aurait pensé que le pays atteindrait une telle situation d'intolérance, de violence et de barbarie sans nom », déclare le directeur des actions et projets du BICE en Côte d'Ivoire, Désiré Koukoui.
Dans un entretien publié dans le bulletin du BICE, le responsable de l'organisme fait état d'une situation de crise généralisée qui a paralysé le système économique et financier du pays et plongé le territoire dans une « une situation humanitaire catastrophique ».
Escalade de la violence post-électorale dans tout le pays, mais aussi déclenchement d'épidémies comme le choléra à Abidjan, et la rougeole dans le Sud Comoé, sont les causes de cette situation dont « les enfants sont les premiers à payer les frais, en particulier ceux déjà en situation de vulnérabilité, ainsi que les femmes », souligne Désiré Koukoui.
Évoquant les conséquences directes pour le BICE, le responsable de l'organisme fait état d'une réduction de la mobilisation des équipes due à la fermeture en cascade des banques et des établissements financiers qui prive le centre de ses ressources financières, alors que se multiplient les appels concernant des enfants victimes de violences ou dans la rue.
« Nous avons dû réduire environ de moitié nos activités habituelles sur les Centres consacrés aux enfants handicapés, à l'éveil précoce et à la formation professionnelle, car de nombreux parents n'amènent plus les enfants, par précaution et raison de sécurité, ou bien n'ont plus les moyens de verser la modeste cotisation habituelle », souligne-t-il.
Mais si ces centres accueillent actuellement une centaine d'enfants, en revanche le centre de sauvetage qui accueille les enfants en rupture familiale, victimes de violences ou sans ressources est passé de 25 à 50 enfants, et d'après le responsable du BICE la demande est en augmentation constante.
Les violences post-électorales en Côte d'Ivoire ont fait près de 500 morts depuis fin 2010. Et selon l'ONU, quelque 500.000 personnes, dont 200.000 enfants, ont du fuir leur habitation. 90.000 personnes se sont réfugiées au Liberia.
Le 24 mars dernier, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a tiré la sonnette d'alarme, signalant un enrôlement d'enfants, jusque dans les camps de réfugiés, par des milices armées favorables aux deux chefs d'État ivoiriens rivaux, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, et une augmentation des violences sexuelles à leur encontre.
Toujours selon l'UNICEF, 800.000 enfants ne peuvent plus se rendre à l'école, dans le nord et l'ouest du pays, mettant en péril leur scolarité.
Au plan humanitaire, l'organisme craint que la crise ne prenne de l'ampleur avec l'arrivée des pluies et que se développent les épidémies.
Des campagnes de vaccinations ont été organisées dans la province du sud-Comoé. Près de 400.000 enfants et adultes y ont été vaccinés contre la rougeole, dont 76.000 âgés de 6 mois à 5 ans. Dans le sud, 257 ont bénéficié de traitements contre le paludisme et la dysenterie.
Isabelle Cousturié
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