Reporters sans frontières proteste contre la détention au secret de Jean-Bosco Talla, directeur délégué de l’hebdomadaire privé Le Front, et du journaliste Hervé Kémété, depuis qu’il ont été arrêtés le 10 février 2008 à Zoétélé (Sud),
le fief de plusieurs personnalités politiques camerounaises, dont le ministre de la Défense, alors qu’ils enquêtaient sur le patrimoine de ce dernier.
"Nous comprenons mal quel besoin les autorités avaient d’escamoter ces journalistes. En cas de contestation du contenu d’une publication, il existe des mécanismes adaptés et justes. La traque menée contre le personnel du journal, l’arrestation de deux collaborateurs, les transferts secrets et l’opacité qui marquent cette affaire sont suffisamment inquiétants pour que nous soyons en droit de demander des explications au gouvernement", a déclaré l’organisation.
Jean-Bosco Talla et Hervé Kémété ont été arrêtés par des gendarmes, le 10 février, à Zoétélé, alors qu’ils tentaient de prendre des photographies de maisons appartenant à Rémy Ze Meka, ministre de la Défense, Polycarpe Abah Abah, ancien ministre des Finances et Alain Edgar Mebe Ngo’o, délégué général de la Sûreté nationale, tous trois originaires de la ville. Selon le fondateur du Front, Peter William Mandio, rencontré par Reporters sans frontières, le journaliste menait une enquête dans le sud du pays sur le patrimoine de plusieurs personnalités publiques proches du président Paul Biya.
Placés en garde à vue pendant 48 heures à la gendarmerie, le directeur délégué du Front et le journaliste ont ensuite été présentés au procureur de la République de Zoétélé, le 12 février vers 17 heures. Ils ont ensuite été transférés au commissariat du port, à Douala, où il ont été détenus pendant deux jours. On ignore l’endroit où ils se trouvent actuellement et si une procédure judiciaire a été ouverte à leur encontre.
Peter William Mandio a, par ailleurs, échappé à une arrestation, après que, dans la nuit du 14 au 15 février, la police s’était présentée à son domicile, d’où il était absent. Depuis cette opération, le personnel du Front se cache. Les autorités n’ont fourni aucune explication sur ces arrestations.
Reporters sans frontieres- 15/2/2008