Les évêques du Canada protestent contre les violences contre les chrétiens en Inde.
Dans cette lettre adressée le 15 octobre dernier au Premier ministre du Canada, M. Stephen Harper, par Mgr V. James Weisgerber,
archevêque de Winnipeg, président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, les évêques du Canada, demandent que « des pressions soient exercées sur le gouvernement indien afin que cesse la violence faite à la minorité chrétienne du pays ». « Les évêques demandent aussi au Premier ministre Harper de veiller à ce qu'aucun fonds en provenance du Canada ne serve à appuyer les groupes responsables de cette violence », ajoutent les évêques. Monsieur le Premier ministre, En premier lieu, je désire vous offrir mes plus sincères félicitations au terme de cette élection qui permet à votre parti de former à nouveau le gouvernement du Canada. Non seulement la stabilité et l'intégrité du gouvernement ont-elles un impact sur la direction du pays mais elles exercent aussi une forte influence sur la société tout entière. Les évêques catholiques du Canada sont toutefois conscients que notre pays traverse une période particulièrement difficile, compte tenu des grands enjeux économiques et sociaux qui suscitent tant de points de vue divergents. Permettez-moi d'attirer votre attention et celle du gouvernement canadien sur la violence que les catholiques et d'autres chrétiens ont subie en Inde au cours des trois derniers mois. Cette situation n'est pas nouvelle et perdure depuis un certain temps déjà. Selon des informations confirmées, des bandes d'émeutiers ont lancé des attaques préméditées dans l'État de l'Orissa ainsi que dans les États du Karnataka et du Madhya Pradesh. Ces agressions ont entraîné la mort d'au moins 57 personnes dans l'Orissa seulement, des campagnes d'intimidation, des conversions forcées à l'hindouisme pour un bon nombre de chrétiens, du vandalisme et la destruction de milliers de maisons et d'institutions ecclésiales, notamment des églises, des lieux de prière, des collèges, des écoles et des orphelinats. En outre, plus de 10 000 personnes ont trouvé asile dans des camps de réfugiés et de quelque 40 000 autres ont fui dans la forêt. Des chefs religieux hindous, musulmans, sikhs, sans parler des catholiques et d'autres chrétiens, ont exprimé leur inquiétude et ont dénoncé ces gestes. Parmi les voix qui se sont élevées, il y a eu celle du pape Benoît XVI. Mais le seul fait que celui-ci ait assuré, le 12 octobre 2008, les chrétiens de l'Inde de ses prières « en ces temps difficiles », a provoqué la colère du principal parti d'opposition, le BJP nationaliste hindou, qui a soutenu que le pape s'ingérait dans les affaires intérieures de l'Inde. Le problème n'en est donc pas qu'un de brutalité et de violence à l'encontre d'une minorité; il s'agit bien d'une éruption d'extrémisme nationaliste, phénomène d'autant plus inquiétant que l'Inde forme la démocratie la plus nombreuse au monde et qu'en tant que pays du Commonwealth, signataire par conséquent de la Déclaration de Singapour, elle s'est engagée à « cultiver la compréhension et la bonne entente entre les nations, à promouvoir l'élimination de la discrimination fondée sur la race, la couleur ou les convictions religieuses, à soutenir et renforcer la liberté personnelle, à contribuer à l'enrichissement de la vie de tous et à exercer une profonde influence en faveur de la paix internationale » (Singapore Declaration of Commonwealth Principles). Aussi, en vertu d'une résolution unanime de l'Assemblée plénière annuelle des évêques catholiques du Canada qui a eu lieu à la fin du mois dernier, demandons-nous au gouvernement canadien d'exprimer sa vive préoccupation au gouvernement de l'Inde au sujet de la violence systématique infligée aux catholiques et à d'autres chrétiens dans certains États indiens et de suggérer fermement au gouvernement de l'Inde d'user de son influence et de son autorité pour aider ces États à rétablir l'ordre et à protéger les droits et libertés légitimes des chrétiens indiens. En outre, pour donner suite à des suggestions reçues d'évêques catholiques en Inde, nous demandons au gouvernement canadien de vérifier si des fonds en provenance du Canada sont transférés en Inde afin de soutenir des organisations susceptibles d'encourager ce genre de violence, ce qui est contraire à la loi canadienne. La même préoccupation s'exprime aussi chez des chrétiens indiens et des fidèles d'autres traditions religieuses, ainsi que dans la presse indienne. Tout en vous remerciant, Monsieur le Premier ministre, d'attirer sur ces graves questions l'attention du gouvernement indien et celle des membres de votre cabinet, je vous prie d'agréer l'assurance de mes sentiments distingués. V. James Weisgerber Archevêque de WinnipegPrésident de la Conférence des évêques catholiques du Canada
ROME, Lundi 27 octobre 2008 (ZENIT.org)