Romano combien il était grave d'utiliser la religion pour justifier la violence.
Après quatre jours de visite dans le pays, le cardinal Tauran a estimé que le Bangladesh était un « exemple » de coexistence entre différentes croyances religieuses. C'est aussi ce qu'il a affirmé, juste avant son départ, devant le président Zillur Rahman en évoquant « un modèle unique de communauté et d'harmonie religieuse ».
Durant une rencontre avec la communauté musulmane, le cardinal français a rappelé que c'était un « abus grave » d'utiliser « la religion pour justifier la violence » ou de l'exploiter « pour une convenance politique ». Il faisait référence au pasteur américain Terry Jones qui avait menacé de brûler le Coran pour l'anniversaire du 11 septembre.
Sur ce sujet, le cardinal a rappelé que le Saint-Siège, à travers le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, avait condamné « sans ambiguïté » ce projet de « brûler les livres sacrés de nos frères musulmans ».
« Aucun livre considéré comme sacré, aucun lieu considéré comme saint, aucune fête qui doit être respectée ne peut jamais devenir un objet d'outrage de la part de personnes de différentes fois ou credo », a-t-il ajouté. « Il est encore plus outrageant d'attaquer des personnes alors qu'elles sont recueillies en prière. De telles actions ne peuvent qu'être considérées comme un affront à Dieu lui-même. Elles n'ont rien à voir avec la religion ».
Durant son séjour, le cardinal est intervenu lors d'une conférence sur le dialogue entre les religions organisée par les évêques catholiques du pays, à Dhaka. Une rencontre qu'il a jugée « très importante », « à laquelle 500 responsables ont participé : des dignitaires, des représentants de différentes religions chrétiennes, le ministre pour les affaires religieuses du Bangladesh, le ministre pour les affaires culturelles et tous les évêques catholiques du pays ».
Au centre du débat : le dialogue entre les religions comme source d'harmonie, d'unité et de bien être social.
Durant son intervention, le prélat a regretté que la religion, « dans différentes parties du monde » soit « accusée d'être la source et la cause d'intolérance et de conflits ». « Il s'agit d'accusations fondées sur des préjugés. Et l'on cède à la tentation de ne considérer la religion que comme un problème », a-t-il affirmé.
« Les solutions adoptées sont très simples : on tend d'une part à estimer que la religion est un fait privé, et on la retire donc de la sphère publique. D'autre part, l'Etat impose sa religion et ne laisse pas de place pour les croyances des minorités ».
« Bien sûr, a-t-il précisé, aucune des deux solutions ne fournit une approche correcte de la question. A tous ceux qui voudraient rendre la religion ‘invisible', s'oppose le fait que, par nature, il s'agit d'une ‘réalité qui appartient à l'être humain' » : elle a donc une dimension publique et doit être visible dans la société.
Si les croyants ont « le droit de manifester leur foi dans leurs lieux sacrés, ils ont aussi le droit, dans le respect des lois civiles, de faire œuvre de charité et de participer au débat national sur la dignité de la personne humaine, de proposer des valeurs essentielles pour construire une société meilleure et moraliser la conscience nationale », a-t-il conclu.
Au Bangladesh, pays à majorité musulmane (89,5 %) et bouddhiste (9,6 %), les catholiques représentent une communauté petite mais « vivante » explique L'Osservatore Romano, avec ses 320 000 catholiques, 290 prêtres, 95 religieux et 1300 religieuses.
Marine Soreau
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