La dévotion à Marie joue un rôle fondamental dans la recherche de l'unité pleine et visible entre les chrétiens, a souligné le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens.
Le cardinal a présidé mercredi une célébration dans la Grotte des Apparitions, à Lourdes, à l'occasion d'un pèlerinage conjoint entre anglicans et catholiques parti du sanctuaire Notre-Dame de Walsingham, en Angleterre. Le contenu de l'homélie, prononcée par l'archevêque de Canterbury, le révérend Rowan Williams, est rapporté par L'Osservatore Romano dans son édition du 26 septembre.
Lourdes, a dit le cardinal Kasper, « est connue pour ses miracles ; aujourd'hui, nous sommes témoins nous aussi d'un miracle particulier. Qui aurait pu imaginer il y a seulement vingt ou trente ans que des pèlerins catholiques et anglicans auraient prié ensemble comme aujourd'hui ? ».
« Pour tous ceux qui connaissent les débats et les polémiques du passé relatifs à Marie entre catholiques et chrétiens des Eglises non catholiques, pour tous ceux qui connaissent les réserves que nourrit le monde non catholique vis-à-vis des sites mariaux de pèlerinage comme Lourdes, pour toutes ces personnes-là, l'événement d'aujourd'hui, sans précédent, est une sorte de miracle », a-t-il souligné.
Selon le cardinal Kasper, Marie est un élément fondamental du mouvement œcuménique, même si cette question « n'est pas commune ou évidente parmi les œcuménistes ».
La dévotion à Marie, a-t-il rappelé, est une question pleinement partagée avec les orthodoxes, mais « elle existait aussi à l'époque de la Réforme ».
« Luther a toute sa vie vénéré Marie avec ferveur. Il professait son nom, avec les anciens credo et conciles de l'Eglise indivise du premier millénaire, en tant que Vierge et Mère de Dieu. Il n'était critique qu'à l'égard de certaines pratiques, qu'il considérait comme des abus ou des exagérations », a-t-il ajouté. « Dans la Réforme anglaise du XVIème siècle, nous observons le même phénomène ».
Le refus de la doctrine sur la Vierge Marie est né plutôt durant l'époque des Lumières, dans « un esprit connu sous le nom de minimalisme mariologique », a expliqué le cardinal Kasper.
« Grâce à une lecture et une méditation renouvelées des Saintes Ecritures, nous observons un changement lent mais décisif », a-t-il déclaré, citant plusieurs documents conjoints entre catholiques et luthériens qui vont dans ce sens.
« Marie n'est pas absente, elle est présente dans le dialogue œcuménique ; les Eglises ont progressé, se sont rapprochées en ce qui concerne la doctrine sur Marie. Marie ne nous divise plus, mais nous réconcilie et nous unit en Jésus Christ son Fils », a-t-il ajouté.
Le cardinal Kasper a évoqué entre autres les difficultés que traverse actuellement le dialogue avec la communion anglicane, affirmant que ce pèlerinage « peut être considéré comme un signe positif et encourageant d'espérance, voire même comme un petit miracle ».
« Il y a motif d'espérer que Marie nous aide à surmonter les difficultés que traversent actuellement nos relations, et que nous puissions ainsi, avec l'aide de Dieu, poursuivre notre pèlerinage œcuménique commun ».
Le cardinal a parlé de Marie en tant que modèle de l'Eglise et a soulevé la question du salut, qui s'obtient par grâce divine et non pour une question de mérites et d'efforts, un point qui ne divise plus les chrétiens, a-t-il ajouté.
« Marie est un exemple, un modèle, une forme de notre état de disciple. Dieu demande que notre oui soit une réponse à son oui ; Dieu veut que, inspirés, soutenus et renforcés par sa grâce, nous collaborions et coopérions à son œuvre salvifique ».
Si les chrétiens continuent à être divisés, a-t-il affirmé, c'est parce que « notre amour et notre foi ont été affaiblis ». « Chaque fois que la pensée séculière et les paramètres de ce monde portent atteinte à l'Eglise, l'unité de l'Eglise est en danger ».
« Marie nous guide non pas vers ce qui plaît à tout le monde, mais nous conduit parfois aussi au pied de la croix. Donc, pour tracer à nouveau un chemin vers la pleine unité, il n'existe pas d'autres moyens que celui d'être comme Marie », a-t-il relevé.
Le cardinal Kasper a conclu son intervention en soulevant la question de la vénération de la Vierge et des saints, qui engendre quelque « difficulté » entre protestants et anglicans. « Mais comme n'importe quelle mère qui intercèderait pour ses enfants, et comme toute mère qui, après sa mort, intercèderait au ciel et du ciel, Marie aussi accompagne l'Eglise dans son pèlerinage », qui est aussi un pèlerinage « vers la pleine communion ».
ROME, Vendredi 26 septembre 2008 (ZENIT.org)