Mgr Jin Peixian, un des derniers grands évêques de la génération qui a relevé l'Eglise catholique en Chine, est décédé à l'âge de 84 ans, rapporte « Eglises d'Asie », l'agence des Missions étrangères de Paris (EDA).
Le 4 novembre, au petit matin, est mort Mgr Pius Jin Peixian, archevêque catholique de Shenyang, dans le Liaoning, province du nord-est de Chine populaire. Agé de 84 ans, Mgr Jin souffrait depuis plusieurs années d'un cancer des reins ; il s'est éteint à l'hôpital après une dizaine de jour dans le coma. Ses funérailles auront lieu le 8 novembre prochain, à la cathédrale du Sacré-Cœur à Shenyang. Avec lui disparaît l'un des derniers grands évêques de la génération qui a relevé l'Eglise catholique en Chine, après la tourmente révolutionnaire qui a culminé avec la Révolution culturelle (1966-1976).Dans le faire-part de décès communiqué par le diocèse du Liaoning (1), Mgr Jin est décrit comme « un bon pasteur » ayant « servi les besoins spirituels de son peuple tout au long de sa vie », un sacerdoce mené avec « confiance en Dieu et un amour pour l'Eglise ». De fait, la vie et l'œuvre de Mgr Jin, homme discret et pondéré, ont été marquées par un délicat équilibre entre « sa loyauté envers le pape et son acquiescement à l'identité nationale » chinoise, ainsi que l'exprime Anthony Lam Sui-ki, membre du Centre d'études du Saint Esprit du diocèse de Hongkong.Evêque « officiel » de Shenyang depuis 1989, Mgr Jin avait pris soin de recevoir l'accord du pape à son mandat épiscopal avant d'être effectivement ordonné évêque. En 2006, son successeur, Mgr Paul Pei Junmin, avait lui aussi veillé à recevoir le mandat pontifical avant d'accepter officiellement l'épiscopat. Et, le 29 juin dernier, c'est en la solennité des saints Pierre et Paul que Mgr Jin s'était retiré, passant le flambeau à Mgr Pei, jusqu'ici son coadjuteur. Mgr Jin Peixian a toujours eu à cœur de renforcer le sens de l'appartenance à l'Eglise universelle chez ses prêtres, souligne encore Anthony Lam. Il a ainsi veillé à renforcer la formation tant académique que spirituelle dispensée aux séminaristes, aux prêtres, aux religieuses et aux laïcs dans le Liaoning. Il a été l'un des tout premiers évêques à obtenir des autorités la permission d'envoyer certains de ses prêtres et religieuses en formation à l'étranger. Il a également pris soin de rendre aux églises, notamment à sa cathédrale, leur visibilité dans les villes et les villages de sa province. Ces dernières années enfin, il se reprochait de n'avoir pas su ou pu faire assez pour le rapprochement des communautés « clandestine » et « officielle », entraînant ainsi d'inutiles duplications du travail pastoral en certaines régions.Né le 16 mars 1924 dans une famille catholique, Mgr Jin a suivi le cursus alors classique d'une formation au petit séminaire, en 1936, puis au grand séminaire, où ses supérieurs l'envoient successivement à Shenyang, Changchun, Pékin et Hongkong. Ordonné prêtre à Shanghai en 1951, il commence son ministère dans une Chine désormais contrôlée par les communistes. Nommé enseignant dans un lycée de Pékin, il travaille ensuite comme comptable dans une usine de 1952 à 1955. A cette date, il retourne à Fushun, où il exerce son ministère de prêtre en paroisse, mais, en 1957, il est dénoncé comme « droitier » lors d'une assemblée de catholiques. L'année suivante, il est condamné à dix ans de prison pour « crimes contre-révolutionnaires ». En 1968, sitôt libéré, il est envoyé à la campagne dans le cadre de « la réforme par le travail ». Ce n'est qu'en 1980 qu'il retourne à Fushun où il peut enfin exercer à nouveau son ministère de prêtre. Le 21 mai 1989, il est ordonné évêque du Liaoning. Il était par ailleurs vice-président de la Conférence des évêques « officiels » de l'Eglise catholique en Chine.Le diocèse du Liaoning compte aujourd'hui 110 000 catholiques et est desservi 80 prêtres et 180 religieuses.(1) C'est en 1946, lors de l'établissement de la hiérarchie de l'Eglise en Chine, que le Vatican a fait de Shenyang un archidiocèse. En 1981, lorsque les religions ont recommencé à avoir droit de cité en Chine populaire, les autorités chinoises ont fait fusionner l'archidiocèse de Shenyang, avec les diocèses de Fushun, de Jinzhou et de Yingkou, créant ainsi le diocèse du Liaoning, dont les frontières correspondent à celle de la province éponyme.
ROME, Mardi 4 novembre 2008 (ZENIT.org)