Le producteur de télévision Wang Qinglei de China Central Television (中國中央電視台) a été licencié, le 27 juillet 2011, suite à son travail d’enquête sur l’accident de train qui a coûté la vie à 39 personnes. Son programme News 1+1 a été suspendu sans préavis ni explication, le 26 juillet 2011, suite à une émission critiquant un porte-parole du ministère des Transports.
Le 30 juillet 2011, soit une semaine après la catastrophe, le Département de la propagande à Beijing a publié une directive interdisant "tout rapport ou commentaire sur la responsabilité de l’entreprise en charge du système de signal dans l’accident ferroviaire". La veille, le département avait ordonné "à tous les médias, y compris les journaux, revues et sites Web de privilégier les rapports provenant des autorités sur les conséquences positives de la catastrophe ferroviaire". Quelques jours auparavant, le département de la propagande de Guandong avait demandé à six médias locaux de rappeler leurs reporters des lieux de l’accident.
Reporters sans frontières est consternée par ces directives. Le public a le droit d’être informé sur les circonstances de ce grave accident. Sans journalistes indépendants pour enquêter et diffuser des informations, il y a des fortes chances que les responsabilités ne soient jamais mises à jour. Rares sont les enquêtes « rapide(s) et transparente(s) », comme promis par le Premier ministre Wen Jiabao, sans le regard d’un contre-pouvoir comme la presse. Les médias jouent bien souvent un rôle moteur auprès de la justice dans les investigations et les restrictions imposées à son travail sont toujours le signe avant-coureur de l’étouffement d’une affaire, ou au mieux d’une justice expéditive.
Par ailleurs, Reporters sans frontières exprime son indignation suite à l’extension de peine à huit ans de prison prononcée contre Qi Chonghuai, journaliste emprisonné depuis juin 2007 pour ses enquêtes sur la corruption. Arrivé au terme de sa peine de quatre ans de privation de liberté, Qi Chonghuai a été condamné, à nouveau, le 1er août 2011, sur les mêmes chefs d’accusation qu’en 2007. Son appel contre cette dernière condamnation a été rejeté.
Si les licenciements, disparitions et arrestations arbitraires font partie des moyens fréquemment utilisés par les autorités pour verrouiller l’information, condamner deux fois la même personne pour le même délit est un inédit juridique des plus inquiétants.
Le régime de Beijing montre une très grande nervosité à l’égard des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes indépendants et des blogueurs depuis le début du Printemps arabe, dont il craint un effet de contagion. Depuis janvier 2011, onze journalistes ont été licenciés, treize arrêtés et deux journalistes ont disparu, selon un décompte effectué par Reporters sans frontières. Mais les chiffres réels pourraient être bien plus élevés. 30 journalistes sont actuellement derrière les barreaux dans le pays.
RSF